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Les fiancés de Venise

Les fiancés de Venise

Titel: Les fiancés de Venise Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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fille s’était confiée à lui. Le secrétaire particulier l’ignorait à coup sûr. Peut-être, d’ailleurs, le plan de Tron allait-il finalement marcher…
    — Eh bien, il y a du nouveau, commença-t-il d’une voix lente. Nous avons un témoin. Quelqu’un qui a surpris l’assassin sur les lieux du crime.
    Schertzenlechner écarquilla les yeux.
    — Mais on ne voyait rien, cette nuit-là ! La Lloyd a même envisagé de repousser le départ. J’ai failli ne pas pouvoir rentrer à Trieste.
    Il avouait donc qu’il se trouvait à Venise ce soir-là !
    — Certes, convint Tron. Néanmoins, notre témoin a vu quelque chose.
    — Et quoi donc, commissaire ?
    Il toussota. Était-il troublé ou avait-il simplement avalé sa salive de travers ?
    — L’assassin, Herr Schertzenlechner.
    Tron fit une petite pause avant de poursuivre :
    — Notre témoin est en mesure de le décrire.
    À ce moment-là, il eut l’impression que le masque de son interlocuteur se fissurait. Le Croate blêmit, s’adossa brutalement à la chaise, comme sous l’effet d’un coup, et cligna des yeux. Toutefois, il se reprit très vite et parvint même à sourire pour demander :
    — Une personne que vous connaissez, commissaire ?
    Tron décida de passer à l’attaque, de jouer le tout pour le tout. Il dit :
    —  Vous , Herr Schertzenlechner. C’est vous qu’on a vu sur les lieux du crime dans la nuit de dimanche à lundi. Je vais transmettre le dossier avec la déposition du témoin à la police militaire. S’il apparaît que les circonstances de ce drame représentent un risque pour la famille de l’empereur, le juge d’instruction pourrait très bien classer l’affaire.
    Son interlocuteur comprendrait forcément un message aussi clair et univoque : nous savons que tu as liquidé Anna Slataper et soupçonnons que tu obéissais aux ordres de Maximilien. Si tu avoues, nous pouvons peut-être nous arranger.
    Schertzenlechner avait baissé la tête dès la première phrase de sorte que Tron ne voyait pas ses yeux. Néanmoins, s’il avait cru un instant auparavant que le masque du secrétaire se fendillait, il éprouvait à présent la sensation inverse. Ses traits se durcirent, puis gelèrent littéralement, comme surpris par un froid soudain. Lorsqu’il releva le visage, le suspect avait une mine aussi fermée qu’une coquille d’huître.
    — Je ne comprends pas ce que vous voulez dire, déclara-t-il sur un ton glacial.
    Tron fit une nouvelle tentative.
    — Il serait dans votre intérêt, reprit-il avec calme, que le dossier à transmettre aux autorités militaires mentionne l’aspect compromettant de cette affaire. Dans ce cas, le juge d’instruction la traiterait sans doute avec la discrétion requise et vous pourriez profiter d’une telle prudence.
    Le commissaire admirait la maîtrise de Schertzenlechner.
    — Vous savez très bien que vous ne pouvez pas me contraindre à cet entretien, lâcha celui-ci.
    — Parce que vous faites partie de l’armée ?
    Il hocha la tête avec arrogance.
    — Oui, je suis…
    Il hésita un instant.
    — … capitaine de vaisseau.
    — Je cherche seulement à vous permettre de profiter de circonstances atténuantes, mentit Tron, dans la mesure où, compte tenu des résultats de mon enquête, il ne fait aucun doute que vous passerez devant le tribunal.
    — Cela m’étonnerait, objecta le secrétaire particulier d’une voix plus ferme que jamais.
    — Et pourquoi cela ?
    — Parce qu’avant de transmettre ce dossier à quiconque, vous aurez un entretien.
    — Mais j’ai eu l’entretien que je souhaitais. Je ne vois aucune nécessité d’en obtenir un autre.
    — Vous faites erreur.
    Schertzenlechner glissa la main dans la poche intérieure de sa redingote et en sortit une enveloppe légèrement froissée sur laquelle était imprimée une petite couronne dorée.
    Tron se pencha au-dessus de sa table de travail.
    — Qu’est-ce ?
    — Une lettre à votre attention, commissaire. La véritable raison de ma venue. Un appel au secours. Lisez vous-même.
    Tron brisa le sceau et déplia la feuille de papier. Elle contenait un bref message.
    Très cher Comte ,
    J’aurais besoin de vos conseils dans une affaire délicate et souhaiterais m’assurer de votre soutien. Mon secrétaire Schertzenlechner vous communiquera l’heure et le lieu de notre rendez-vous .
    Soyez assuré de ma reconnaissance .
    Maximilien, archiduc d’Autriche .
    Il prenait donc

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