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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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Il resta quelques instants à la regarder en se disant que c’était une vraie laveur du ciel de lui envoyer une image vivante de sa mère. C’était aussi une vraie faveur du ciel de lui avoir donné une si belle mariée.
    «Bon ben, vas-tu rester là à regarder ma couette ou est-ce que tu vas venir me montrer comment on colle ça avec du savon?»
    Émilie rejoignit son père, se mouilla trois doigts, les passa sur le savon puis sur la mèche indisciplinée en lui donnant le pli souhaité. La mèche ne broncha plus.
    «Vous voyez. C’était pas plus compliqué que ça. »
    Caleb sourit enfin à son image. Célina était maintenant devant lui, ajustant les boutons de son faux col.
    «Ça va faire le tripotage! C’est fatigant à la longue. Bon, tout le monde dehors, on part. »
    Caleb, Célina et Émilie montèrent tous les trois dans une calèche. Les autres enfants s’installèrent dans une seconde voiture et prirent les devants.
    «Tu as de la chance d’avoir une belle journée de même, Émilie. Regarde-moi la Batiscan qui brille comme si elle avait mis ses beaux atours pour ton mariage.»
    Émilie regarda la rivière. Puis elle regarda sa robe. Puis elle regarda à nouveau la rivière.
    «C’est drôle, mais je viens juste de me rendre compte que ma robe est de la même couleur que la rivière. »
    Le clocher se faufilait entre les maisons. Tantôt il se découvrait. Tantôt il se cachait. Enfin, il ne put que se montrer au grand jour. En voyant arriver la voiture des enfants Bordeleau, les Pronovost et tous les invités étaient rentrés dans l’église. Émilie sentit sa gorge se nouer. Elle prit la main de sa mère. Célina la regarda et lui sourit.
    «Je me demande si nos parents étaient nerveux comme nous autres le jour de nos noces, Caleb.
    —        Je suis pas nerveux. Ça fait assez longtemps que j’essaie de me débarrasser de cette grande tannante-là.
    —        Arrête donc de la taquiner.
    —        C’est correct, moman, ça me change les idées quand je l’écoute dire des niaiseries.
    —        Des niaiseries! fit Caleb faussement offusqué. J’vas t’en dire une autre à part de ça. Je pense que je suis encore plus nerveux que quand j’ai marié ta mère.»
    Il venait d’immobiliser la calèche. Il descendit, en fîtle tour et aida Célina puis Emilie à descendre. Emilie frotta énergiquement le devant de sa jupe pour la débarrasser de tous les plis qui s’étaient formés pendant le trajet. Célina frotta l’arrière.
    «Le velours est pas trop tapé. C’est de la belle qualité. Bon, moi je rentre. J’vas te regarder marcher. Tiens tes épaules pis ta tête bien droites. Pis toi, Caleb, marche pas plus vite qu’elle. Laisse-la te donner le pas.
    —        Envoyé, envoye, presse-toi. On a juste une minute pour rentrer.
    Célina alla s’asseoir à l’avant, saluant au passage les visages qui lui étaient les plus familiers. Elle fit un petit signe de tête à Dosithée et à Félicité qui, à en juger par leurs bouches crispées, étaient aussi nerveux qu’elle et Caleb. Dosithée mâchouillait sa moustache et Félicité se mordait la lèvre inférieure. Ovila se tenait fièrement à l’avant, le dos tourné à l’autel, le curé à ses côtés. Il salua sa belle-mère en lui souriant de toutes ses dents. Célina le regarda et se demanda comment il faisait pour être aussi calme. Puis elle vit qu’une petite veine lui battait au front. Une toute petite veine bleue. Discrète. Traîtresse.
    Un murmure partit de l’arrière de l’église, bondissant comme un galet lancé sur l’eau jusqu’à l’avant. Caleb et Émilie venaient de faire leur apparition. Célina se monta sur la pointe des pieds et s’étira le cou pour bien voir. Félicité et Dosithée se sourirent. La petite veine sur le front d’Ovila accéléra son battement.
    Émilie serrait le bras de son père. Elle avait vu Ovila et Caleb sentit que son pas se faisait de plus en plus rapide. Il la retint un peu. Elle ralentit. Elle marcha pendant toute l’éternité de l’allée centrale. Elle ne reconnut personne, ne voyant que les yeux d’Ovila qui se fondaient dans les siens. Enfin, elle le rejoignit.
    Le reste de la cérémonie ne fut que brouillard jusqu’à ce que le curé lui demande si elle acceptait de prendre Charles pour époux. Elle allait dire oui, quand tout à coup elle se rendit compte que le curé avait dit Charles.
    «Charles? » avait-elle

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