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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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gardait ses tresses.
    Ovila arriva et pouffa de rire.
    «Tu as l’air d’une jeunesse, ma belle.
    —        J’espère. Je pars d’ici sans trop de rides...juste un cheveu blanc.
    —        Un cheveu blanc! Ben, ma belle, il est grand temps qu’on s’occupe de vous enlever vos problèmes. »
    Ovila s’approcha d’elle, lui enserra la taille et lui posa une bise dans le cou. Emilie laissa tomber sa tête vers l’arrière.
    «Ça sera pas l’été que je voulais, Ovila.
    —        C’est une question de semaines, Émilie. Ça sera pas plus facile pour moi. Mais en tout cas, j’vas avoir la fierté de te porter chez nous, dans notre maison, sous notre toit.
    —        Le seul toit que je veux, Ovila, c’est le creux de ton épaule.»
    Ils restèrent sans bouger pendant quelques minutes. Puis Emilie suivit Ovila à l’étage.
    «Laisses-tu ton coffre de cèdre à Saint-Tite? Je vois pas l’utilité de tout trimbaler ça à Saint-Stanislas. »
    Émilie réfléchit pendant quelques minutes. Elle en avait besoin pour le jour du mariage. Tous ses effets y étaient rangés.
    «Je l’apporte...pour le mariage et pour les jours où j’vas trop m’ennuyer de toi.
    —        Si c’est ce que tu veux, on va le monter dans la calèche.»
    Ovila voulut enchaîner, mais revint sur sa décision. Émilie sentit son hésitation.
    «Qu’est-ce que tu voulais dire?
    —        Rien.
    —        Rien?
    —        Tu rirais de moi.
    —        Dis toujours.
    —        Aurais-tu quelque chose qui, qui...que tu aurais porté pis qui sentirait un peu comme toi. Comme ça, quand moi aussi j’vas m’ennuyer, je pourrais me consoler un p’tit peu.
    —        Un mouchoir pis un peigne de cheveu, est-ce que ça ferait ton bonheur?
    —        Si tu promets de pas rire de moi, ça ferait mon bonheur.
    —        Je pourrai jamais rire de l’ennui, Ovila. L’ennui c’est quelque chose qui fait tellement mal.»
    Ovila transporta le coffre de cèdre, Emilie, le reste du bagage. Elle quitta son école sans verser de larmes. Ovila l’accompagna jusqu’à Saint-Stanislas. Ils se suivirent sur la route, roulant côte à côte quand la voie était libre.
    Ils firent une courte halte chez Lucie, comme cela devenait coutume. Lucie les accueillit à bras ouverts et s’enquit de la date du mariage. Emilie répondit qu’elle le lui dirait aussitôt que possible.
    Juste avant d’arriver à Saint-Stanislas, elle rappela à Ovila de l’aviser au moins trois semaines à l’avance afin qu’ils aient le temps requis pour la publication des bans. Ovila promit.
    Ils arrivèrent à la côte Saint-Paul à la brunante. Célina et Caleb, presque méfiants à l’endroit de leur fille, furent soulagés de voir leur «gendre». En son for intérieur, Caleb s’était avoué qu’il aurait été à peine surpris si elle lui avait annoncé une seconde rupture.
    Émilie et Ovila se quittèrent le lendemain matin, le cœur au bord des lèvres. Ovila promit à Émilie que cette fois il écrirait. Émilie lui dit qu’elle attendrait chacune de ses lettres et qu’elle répondrait le plus rapidement possible. Il promit aussi qu’il viendrait la voir à quelques reprises durant l’été. Elle lui demanda de ne pas l’en aviser afin que ce soit toujours une surprise.
    «Deux mois, Émilie, deux p’tits mois de rien du tout, pis on va être ensemble pour pas mal de temps.
    —        J’espère de pas être obligée d’attendre deux mois.
    —        Moi aussi, mais ça va dépendre de la température. »
    Et Ovila partit en lui faisant mille signes de la main. Émilie constata que c’était toujours elle qui restait. Avec Berthe, avec Antoinette et, encore une fois, avec Ovila. Berthe n’était jamais revenue. Antoinette reviendrait occasionnellement et Ovila, elle l’espérait, reviendrait pour toujours.
    Elle rentra dans la maison, sourit tristement à ses parents, s’assit à la table de la cuisine, commença à défaire ses tresses. Son regard était fixe, bien accroché derrière une calèche qui trottait quelque part entre un passé déjà flou et un avenir qui lui serra la gorge tant il lui parut lointain. L’été traînait en longueur. Les jours s’étiraient les uns après les autres comme de vieux élastiques éventés, sans ressort et sans rebondissements. Émilie avait consacré ses journées à repenser à ses six années

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