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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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métier à tisser. Les Pronovost avaient acheté le rouet et fabriqué l’ourdissoir. Caleb avait fait venir le métier de chez Leclerc, à L’Islet. Émilie et Ovila déballèrent ensuite les autres cadeaux. Lucie, imprévisible comme toujours, avait offert un fouet à Émilie.
    «Faudrait p-pas que tu comprennes mal. C’est pour ta Tite, pas p-pour ton mari.»
    D’Antoinette et Henri ils reçurent un vase au cou de cigogne.
     «Je sais combien tu aimes les fleurs, Emilie. Ça fait que j’ai pensé qu’un vrai beau pot ça te ferait plaisir.»
    Émilie continua de sourire à Antoinette tout en pensant que c’était Henri qui lui avait donné son premier vase.
    Bientôt, il ne leur resta plus à ouvrir qu’un colis, en provenance de Saint-Tite, comme en faisait foi le cachet de la poste. Émilie déchira prudemment l’emballage, le mot fragile étant inscrit à plusieurs endroits. Le colis contenait une toute petite ardoise, une craie, une petite brosse et un mot qui disait que cette ardoise se voulait un rappel de six années d’enseignement. Sur l’ardoise, expédiée par Charlotte, une seule phrase : «Merci! Et je n’ai jamais trahi notre secret!»
    Emilie et Ovila quittèrent Saint-Stanislas au milieu de l’après-midi. Suivant les recommandations d’Ovila, elle apporta sa valise — celle reçue de ses parents l’année précédente — remplie de tout le nécessaire pour une semaine. Ovila n’avait pas voulu lui dire pourquoi elle avait besoin de ces choses.
    «Tu as quand même pas envie, Ovila, de me garder dans la maison pendant une semaine sans sortir? Sans voir de monde?
    —        Prends donc patience, Émilie. Tu vas comprendre quand on va arriver à Saint-Tite.
    —        Je veux pas dire par là que j’aurais quelque chose contre...» ajouta-t-elle d’un ton espiègle.
    Ovila lui laissa tomber la main. Il glissa ses doigts le long de sa cuisse. Émilie posa sa main sur celle de son mari et soupira. Ovila la regarda de côté sans dire un mot. Lui- même avait l’air plutôt guilleret.
    Ils franchirent le pont de la rivière Des Envies. Émilie commença à s’agiter. Bientôt elle verrait sa petite école. Plus qu’une courbe. Elle la vit enfin mais ne ressentit pas cette excitation si familière quand elle la retrouvait après un long été d’éloignement. Ëlle en fut soulagée. Pas de regrets, pensa-t-elle. Pas de regrets. Elle regardait «sa» maison. Ovila l’épiait du coin de l’œil.
    «Émilie, tu as même pas regardé la nouvelle maison.
    —        Je m’excuse, Ovila, mais j’ai oublié. C’est pas fin de ma part, surtout quand on pense que c’est à cause de cette maison-là qu’on a été obligés de retarder notre mariage.
    —        J’vas t’excuser en me disant que c’est pour ça que tu voulais pas la voir. »
    Ils arrivèrent devant leur maison. Ovila demanda à Émilie de descendre. Elle prit sa valise mais Ovila interrompit son geste. «Laisse ça là, Emilie. Je veux juste que tu jettes un coup d’œil en dedans pour voir comme c’est changé. Ma mère a pas voulu mettre de rideaux ou d’affaires de même parce qu’elle disait que tu avais un goût bien à toi pis que c’était pas à elle de décider pour nous autres.
    —        Pourquoi est-ce que j’apporte pas ma valise?
    —        Prends patience, Emilie, prends patience.»
    Elle ne posa plus de questions. Ovila lui prit la main et la dirigea vers la porte, qu’il s’empressa d’ouvrir.
    «Bienvenue chez nous, madame Pronovost.»
    Il l’embrassa, la souleva de terre et la porta jusqu’à la cuisine. Emilie riait aux éclats. Il pivota sur lui-même, sans la déposer, et lui demanda si elle avait bien vu. Elle lui répondit qu’il tournait trop vite. Alors il l’assit sur une chaise sans lui donner la chance de poser un pied au sol.
    «Tu vas pas bouger d’ici pendant que moi je mets ce qui manque dans la calèche. »
    Il ouvrit la glacière et sortit quelques paquets qu’il mit dans une grande boîte déjà presque remplie. Il la ferma soigneusement, puis il alla la déposer dans la calèche. Émilie n’avait pas bronché. Elle se demandait où il voulait en venir. Ovila rentra.
    «Maintenant, si madame veut me suivre, son carosse est avancé.» Il fît une galante courbette.
    Émilie le salua très dignement de la tête, répondant à son jeu. Il referma la porte et escorta Émilie jusqu’à sa place.
    «Cesse tes mystères, Ovila..

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