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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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priant son père et tous ceux qui l’avaient quittée de souffler sur l’esprit d’Alma. Elle avança encore, refusant de se retourner et de feindre un soudain intérêt pour la maison près de la voie ferrée. Elle regarda à gauche puis à droite, sachant que dès qu’elle mettrait un pied dans la rue, elle se retrouverait sans maison. Elle embrassa le dessus de la tête de son bébé comme si elle lui demandait pardon d’avoir à traverser la rue.
    «Émilie! Émilie!»
    Elle s’arrêta, ferma les yeux, les rouvrit et regarda au ciel pour remercier son père. Elle se retourna.
    «Oui, Alma? Veux-tu que je fasse un message à quelqu’un?»
    Alma se dirigeait rapidement vers elle, la langue placée à droite dans sa bouche, gonflant sa joue comme si elle y avait oublié une des bouchées de son petit déjeuner.
    «Coudon, Émilie, où c’est que vous allez rester à Saint- Tite?
    —        Chez ma belle-mère, Alma. C’est tout arrangé. Elle nous attend impatiemment.
    —        C’est que... oh! pis non, ça tient pas debout.
    —        C’est que quoi, Alma?
    —        Ben, notre maison est vide pis j’ai pensé que vous pourriez rester là pendant quelque temps. C’est mieux qu’une maison soit habitée...
    —        Oh! je sais pas, Alma. Ma belle-mère serait déçue si on arrivait avec d’autres plans.
    —        C’est ce que je me disais aussi. » Alma pinça la bouche et fronça les sourcils. Émilie ne broncha pas. Elle attendait, espérant qu’Alma tombe dans son piège.
    «Écoute, Émilie, penses-tu que tu pourrais en discuter avec ton mari? Peut-être que vous pourriez nous rendre ce service-là? Ta belle-mère serait pas trop déçue de vous avoir pas loin, pis elle a probablement oublié ce que c’est qu’une maison pleine d’enfants. Si vous pouviez rester dans la maison jusqu’au mois de septembre, pis vous habituer, après ça, peut-être que vous voudriez rester un an? Si vous vous habituez pas, en septembre, nous autres, on va essayer de trouver un autre locataire ou bien de vendre.
    —        Tu nous demandes de changer tous nos plans, Alma.
    —        Si on vous faisait pas payer de loyer jusqu’en septembre?
    —        Voyons, Alma! Tu y penses pas!
    —        Mon mari m’a dit qu’une maison habitée, ça s’use moins vite.»
    Emilie sentit que Rolande commençait à s’agiter. Il lui fallait clore cette discussion le plus rapidement possible.
    «Émilie, faites ça pour nous autres...Tu m’as déjà rendu service une fois... tu peux peut-être me rendre service une deuxième fois...
    —        Bon! si c’est comme ça, donne-moi la clé. J’vas m’en occuper de ta maison. Compte sur moi. J’vas la nettoyer comme si c’était à moi. Pis en septembre, si tu veux la vendre, elle va être propre comme un sou neuf.»
    Alma sauta de joie, fouilla dans son sac à main, sortit la clé et la remit à Émilie en la remerciant cent fois. Elle l’assura qu’elle et son mari lui seraient éternellement reconnaissants. Elles se quittèrent, toutes les deux heureuses de l’affaire qu’elles venaient de conclure. Émilie, toutefois, n’en laissa rien paraître. Elle avait déjà d’autres préoccupations en tête.
    Elle se hâtait. Elle savait qu’un de leurs voisins faisait des déménagements. Elle frappa à sa porte et l’éveilla. Elle lui expliqua qu’une urgence et une offre d’emploi très alléchante les forçait à quitter Shawinigan le jour même. Le voisin se frotta les yeux, essayant de démêler ce qu’elle lui demandait. Il comprit qu’elle voulait qu’il soit chez elle à onze heures précises, qu’il devait monter tous ses meubles dans son camion, filer à Saint-Tite, demander la maison de madame Alma Bonenfant et les attendre. Son mari serait retardé, mais elle y serait le lendemain matin, préférant voyager de nuit avec tous ses enfants. En digne fille de son père, elle sortit trente dollars de son porte-monnaie pour appuyer sa demande, sachant que ce prix était plus qu’honorable. Le voisin empocha la moitié de l’argent et elle lui promit de lui remettre la différence à Saint-Tite. Le déménagement réglé, elle alla chez son propriétaire raconter la même histoire et lui donna l’équivalent d’un mois de loyer, afin qu’il leur pardonne ce départ imprévu.
    À neuf heures et quart, elle était de retour et demanda aux enfants s’il y avait eu des

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