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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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ce pays de maringouins! Il y pas un chat là-bas! C’est tout juste s’il y a des écoles. Pis nos enfants ont du talent, Ovila. Faut que nos enfants fassent des études pour...pour...
    —        ...pour pas devenir comme leur père?
    —        C’est pas ça que je voulais dire.
    —        Non, mais tu l’as pensé par exemple.»
    Émilie se leva, coucha Rolande sur la table, la retint d’une main pendant que de l’autre elle fouillait dans un tiroir pour prendre une couche, changea la couche souillée en ne cessant pas de parler au bébé.
    «Tu la gâtes trop, celle-là.»
    Émilie haussa les épaules, prit Rolande sous son bras et se dirigea vers le poêle. Ovila la suivait des yeux.
    «Vas-tu passer ton temps à tournailler pour pas être obligée de me répondre?»
    Emilie prit le canard et versa de l’eau dans un pot. Elle y trempa un biberon et Rolande s’agita.
    «Regarde donc par la fenêtre voir si Jeanne pis Alice sont toujours dans la cour.»
    Ovila regarda et fit signe que oui. Émilie se rassit et donna le biberon à Rolande après avoir vérifié la température du lait sur les veines de son poignet gauche.
    «Pis? Tu as rien à dire?
    —        Pas pour le moment, Ovila... Tu changeras jamais. Quand tu m’as demandée en mariage, tu avais tout organisé dans ta tête, sans même me demander mon avis. Aujourd’hui, tu fais pareil. Tu as organisé toute ma vie, sans me demander si ça me tentait.
    —        Qu’est-ce que tu penses que je fais, là?
    —        Tu me demandes pas mon avis...tu veux ma bénédiction. Me demander mon avis, Ovila, ça aurait voulu dire que tu m’aurais parlé des possibilités d’aller en Abitibi, avant d’arriver avec toute la paperasse. Tu passes ton temps à me placer devant des faits accomplis.
    —        Ben non, Émilie! Ça fait une heure que je me fends le derrière à te demander ton avis.
    —        Pourquoi Barraute, Ovila?
    —        Parce qu’à Barraute il y a de l’avenir.
    —        Si moi je disais que Barraute, j’aime pas ça, est-ce que ça changerait quelque chose?
    —        Ben..
    —        Ben... non! Parce que toi, tu rêves de Barraute. Il doit y avoir quelqu’un quelque part qui t’en a parlé. C’est pas ton genre, Ovila, de regarder bien des solutions. Tu t’enlignes toujours sur une affaire, pis il faut qu’on suive. Barraute, Ovila, ça me dit rien pantoute. Je pourrais même pas te dire où c’est...pis j’ai toujours été forte en géographie. »
    Ovila se versa un grand verre d’eau pendant qu’Emilie se levait pour coucher Rolande. Elle revint dans la cuisine.
    «Tu compliques toujours tout, Émilie. J’essaie de te dire depuis tantôt que je veux partir de Shawinigan. Pis, ma belle, tu viendras pas me dire que là-dessus, on n’est pas d’accord.
    —        C’est vrai. On pourra pas dire que je partirai d’ici la larme à l’œil.
    —        La deuxième affaire que je te dis, c’est que je veux retourner vivre à campagne. Pis ça avec, c’est ce que tu veux.
    —        Je regrette, Ovila. C’est pas de la campagne que tu parles. Tu parles du fond des bois.
    —        Exagère pas, Émilie. Trois de tes frères vivent en Abitibi pis ils t’envoient de l’argent. Si c’était si dans le fond du bois, il y aurait pas une cenne là-bas.
    —        Mes frères sont pas à Barraute!
    —        Pis? Un village ou l’autre, c’est du pareil au même.
    —        Pas pour moi pis les enfants, Ovila.
    —        J’vas leur en parler, moi, aux enfants. Peut-être qu’ils ont le sens de l’aventure comme leur père.
    —        Mêle pas les enfants à ça! Ces enfants-là t’ont presque pas vu depuis un an, ça fait que viens pas les mêler à nos histoires!»
    Pendant des semaines, Ovila discuta avec Émilie. Pendant autant de temps, elle ne voulut pas entendre parler de l’Abitibi et de Barraute. La seule toute petite chose qui l’ébranla un peu fut le fait qu’aucune de ces journées n’avait été arrosée d’alcool. A la mi-avril, elle commençait à se demander si Ovila n’avait pas raison. Peut-être leur offrait- il la possibilité d’oublier toutes leurs discordes et de recommencer à neuf.
    Les événements vinrent l’aider à démêler ses émotions. Tout commença par la visite inopinée d’inconnus. Ils arrivèrent en pleine nuit et

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