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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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peler des pommes de terre, fit un signe de main, signifiant qu’elle ne savait que faire. Dosithée regarda ensuite Ovide qui était affairé à réparer un mors de cheval, sourit d’un sourire dont il croyait être le seul à comprendre la signification et se leva.
    «Ovide, mets donc des briques à chauffer. Ta mère aimerait qu’on aille à Saint-Stanislas pour voir son cousin. »
    Félicité sourit au prétexte idiot que venait d’inventer son mari. Quant à Ovide, il continua de travailler et sans même lever les yeux, demanda pourquoi tout à coup son père voulait aller à Saint-Stanislas. Ovila, qui avait compris, offrit à son père de l’accompagner si Ovide se désistait. Dosithée lui répondit qu’il fallait être deux hommes pour faire le voyage. Ovila en fut mortifié et s’isola dans son mutisme sous l’air moqueur d’Ovide. Ce dernier lui dit d’attendre encore quelques années et d’avoir, comme lui, une belle moustache avant de prétendre être un homme.
    «Moustache miteuse, oui», bougonna Ovila.
    Dosithée décida de mettre fin à la discussion qui s’amorçait entre ses fils.
    «Grouille-toi, Ovide. Tu viens, ou j’y vas avec Edmond.»
    Ovide soupira, se leva, accepta de très mauvais gré d’accompagner son père et lui reprocha devant toute la famille de toujours être à plat ventre devant la maîtresse d’école, lui demandant même ironiquement s’il faisait tout cela pour que ses enfants aient de meilleures notes. Dosithée leva le ton.
    «Si tu as rien que des platitudes à dire, j’aime autant pas faire le voyage avec toi.»
    Ovide, sentant la menace sérieuse, enfila son manteau et partit atteler l’étalon à la petite carriole. Il pensait qu’il était préférable de ne pas prendre le traîneau, beaucoup trop lourd à diriger par temps poudreux. Ovila mit les briques à chauffer et Félicité demanda aux filles de préparer un «en cas». Il ne fallut pas plus d’une demi-heure pour que père et fils soient prêts à partir. Félicité prit son mari à part, l’instant de lui rappeler d’être prudent. Elle ne commenta pas sa décision d’aller reconduire à Saint-Stanislas la petite maîtresse d’école par un temps si agité. Dosithée devina la remarque qu’elle n’osait faire.
    «Si c’était notre Rosée qui était pognée de même, tu aimerais pas ça que quelqu’un vienne la reconduire?»
    Félicité lui sourit. Oui, elle comprenait. Sa seule crainte, celle qu’elle n’aurait jamais osé avouer, était le jasage. Les gens allaient sûrement remarquer l’empressement avec lequel les Pronovost venaient en aide à Emilie. Elle n’aimait pas ça. Elle craignait que des mauvaises langues ne commencent à raconter que Dosithée cherchait à marier son fils aîné. Parce que c’était ce qu’il essayait de faire, elle en était certaine. En cela, elle ne le désapprouvait pas. Elle aimait bien la jeune institutrice. Elle aimait son caractère agréable et joyeux. Elle aimait sa façon de faire la classe. Elle aimait ses doigts de fée qui changeaient la moindre guenille en robe d’ange. Elle aimait son allure: elle était grande, plus grande que la majorité des filles de Saint- Tite et portait fièrement sa tête encadrée de cheveux longs et épais.
    Ovila sortit de la maison en courant au moment où son père et son frère demandaient à l’étalon d’avancer. Il portait une pile de couvertures. Sa mère, dit-il, craignait que la tombée de la nuit ne rende le froid encore plus mordant. Dosithée prit les couvertures et le remercia tout en le grondant d’être sorti sans manteau. Ovila rentra à la course. Ovide, lèvre supérieure retroussée et nez plissé, regarda son père d’un air sceptique. Dosithée éclata de rire.
    «Qu’est-ce que tu voulais qu’Ovila dise? Il était quand même pas pour dire qu’il avait peur pour la santé de sa petite maîtresse d’école adorée.»
    Émilie détestait ce qu’elle vivait. Elle était assise entre le père et le fils, gênée d’être encore une fois sous l’impression désagréable qu’on lui faisait la charité, mais heureuse de se rapprocher enfin de chez elle. Le ciel s’était couvert de nuages et le vent était tombé au moment du coucher du soleil, comme il le faisait si souvent. Le temps s’était adouci au point qu’ils avaient laissé tomber une des trois couvertures qui les protégeaient. Le père et le fils parlaient entre eux de tout ce qui touchait aux contrats de coupe

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