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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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grognements qu’Emilie trouva franchement apeurants. Elle s’approcha. Certains enfants criaient, surtout les petits de première qui se réfugiaient près d’elle. Elle dut les forcer à lâcher prise. Elle s’approcha encore plus. Lazare se mit à bondir sur place, mû par une force comme elle n’en avait jamais vu. Sa bouche se contorsionna, puis Lazare commença à écumer. La bave lui coulait tout le long du menton. Rosée prit un mouchoir et essaya tant bien que mal d’essuyer la salive. Émilie eut un haut-le-cœur. Ovila ordonna aux enfants de s’éloigner, ce qu’ils firent sans se faire prier. Les petits commencèrent à pleurer. Charlotte se précipita à l’arrière de la classe, enfila son manteau en toute hâte et sortit de l’école. Un des élèves du groupe de septième année crut bon d’inviter les enfants à prier pour éloigner le diable qui venait de s’emparer de Lazare. Émilie n’intervint pas. Elle entendit vaguement des «Je vous salue, Marie» et des «Retire-toi, Satan». Elle était hypnotisée par le spectacle. Elle ne savait absolument pas quoi faire. Émile, le plus jeune des Pronovost, se mit à crier à la tête des élèves de la classe que son frère n’était pas un diable. Il les menaça du poing puis alla donner un violent coup de pied à la grosse Marie qui appelait tous les saints du ciel à son secours.
    Émilie parvint enfin à se ressaisir. Elle se retourna et vit le geste du petit Émile. Elle alla le chercher et demanda aux enfants de se taire. Son ton était à la fois nerveux et extrêmement autoritaire. Elle les pria tous de monter à l’étage. Ils obéirent. Lorsque le dernier enfant eut gravi les escaliers, elle s’en revint vers les Pronovost. A sa grande surprise, Lazare était assis. Il était livide et semblait épuisé.
     
    Emilie eut peur de l’approcher, craignant que toute la scène ne recommence. Ovila frottait le cou de son frère et Rosée lui essuyait le visage. Emilie était incapable de parler. À l’exception de Lazare, tous les enfants Pronovost la regardaient. Ils attendaient qu’elle leur dise quelque chose. Elle le sentit. Aussi, elle demanda à Ovila de monter son frère à l’étage. Dès qu’elle eut prononcé cette phrase, l’absurdité du geste lui apparut: tous les enfants étaient en haut. Elle revint au pied de l’escalier et leur demanda de descendre, sans se bousculer. Cependant Lazare, accroché au cou d’Ovila, tenta de se lever. Il y réussit et se laissa diriger vers l’escalier.
    Deux petits de première n’avaient pas eu le temps de descendre quand Lazare commença à monter. Les petits le virent, poussèrent des cris de mort et remontèrent se cacher. Emilie alla chercher les deux terrorisés. La scène était ridicule. Elle les exhortait à descendre et pour toute réponse, ils criaient à s’époumonner. Lazare pâlissait à vue d’œil. Elle empoigna les deux enfants et les descendit, un sous chaque bras. Elle réussit enfin à les déposer sur le plancher de la classe. Les Pronovost avaient recommencé leur ascension, non sans être blessés des regards dédaigneux, terrorisés et dégoûtés que leur lançaient leurs compagnons de classe. Tout en se frottant le tibia droit, la grosse Marie gardait les yeux fermés et demandait encore aux saints de venir la délivrer du mal.
    Emilie remarqua le fouillis qui régnait dans la classe. Eva et Rosée avaient commencé à remettre de l’ordre. Toutes les deux pleuraient en silence. Émilie regarda l’heure et préféra laisser partir les enfants qui le voulaient. Ils le voulurent tous, sauf les Pronovost et la petite Charlotte. Celle-ci, son manteau sur le dos, resta assise au pied de l’escalier, sans quitter l’étage des yeux. Émilie s’approcha d’elle. Charlotte lui demanda si Lazare allait mourir. Émilie répondit que non, mais elle n’en était pas tellement convaincue elle-même. Elle demanda à Charlotte pourquoi elle était restée au lieu de profiter du petit congé. Charlotte répondit qu’elle voulait voir Lazare afin de s’assurer qu’il était bien vivant. Émilie lui prit la main et monta à l’étage. Elle ne sentit aucune crainte chez l’enfant. Lazare était étendu sur le lit, toujours aussi livide. Ovila leur fit signe qu’il dormait. Émilie fit Ha! de la tête et redescendit avec Charlotte. Charlotte lui demanda si elle était bien certaine qu’il dormait. Émilie lui donna sa parole. Charlotte décida alors de

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