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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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pain, s’habilla, mit un tablier, se couvrit la tête d’un mouchoir pour éviter que la poussière ne collât à ses cheveux, regarda tout le travail qu’elle avait à faire, soupira puis se mit résolument à la tâche.
    Elle travaillait ainsi depuis cinq heures lorsqu’elle prit conscience qu’elle n’aurait pas suffisamment de provisions pour subsister pendant deux jours. Elle avait bien des confitures et des marinades mais plus un grain de farine et de sucre. Pas de quoi faire une miche de pain. Elle abandonna son travail, ôta son tablier et son mouchoir, revêtit ses vêtements les plus chauds et décida de se rendre au village acheter quelques victuailles. Quatre milles à faire dans un air glacial à brûler les poumons.
    Elle marcha d’un pas décidé. Elle avait sous-estimé le vent qui, malgré les efforts qu’elle déployait pour se protéger le cou, s’immisçait dans son collet et lui faisait descendre un torturant frisson de la nuque aux fesses. Elle vit enfin le pont mais elle ne se sentit pas l’énergie de faire un pas de plus. Prenant son courage à deux mains, elle frappa à la porte des Rouleau. Les femmes de la maison s’empressèrent de lui chauffer un bouillon à la reine. Le feu du poêle et la chaleur de l’accueil la réchauffèrent en peu de temps. Les Rouleau lui offrirent les provisions dont elle avait besoin pour lui éviter de se rendre au village et, surcroît de gentillesse, attelèrent leur cheval pour la reconduire à l’école. Elle ne sut comment les remercier pour tant d’amabilité.
    «Remerciez-nous pas. C’est nous qu’on vous remercie pour votre sainte crèche d’hier. On n’a pas le temps de chauffer les briques, mais rien que pour deux milles, une bonne fourrure, ça devrait faire.»
    Le cheval, dirigé vers le rang du haut du coteau, grimpa la colline sans trop regimber. Ils étaient presque rendus à l’école lorsque, venu de nulle part, un des chiens des Pronovost attaqua les pattes arrière de la bête et ne se gêna nullement pour prendre une bonne mordée dans un jarret. Le cheval rua pour éloigner le cabot. Dieudonné Rouleau ne parvint pas à le calmer et la bête, affolée, fit une embardée, faisant basculer la carriole dans un fossé. Emilie fut coincée sous un des patins. Elle hésita entre les rires et les pleurs mais, pensant à son père, opta pour le rire. Un fou rire comme elle n’en avait pas eu depuis des semaines.
    «Ça me console de voir que vous avez mal nulle part», lui dit monsieur Rouleau en se relevant. «J’vas aller demander du secours chez Dosithée. Prenez patience, on va vous déprendre dans une minute.»
    Couchée sur le ventre, nez bien enfoncé dans la neige, elle ne les vit pas venir. Elle riait encore de son infortune quand elle entendit monsieur Pronovost demander à Ovide d’atteler un cheval pour dégager la carriole. Il se dirigea ensuite vers elle et elle lui répéta qu’elle n’était pas blessée mais qu’elle avait hâte d’être arrachée de sa position précaire, ne fût-ce que pour essuyer l’eau glacée qui lui coulait dans le dos. En quelques minutes elle fut dégagée grâce au bel étalon qu’elle n’avait plus revu depuis ce vendredi d’octobre, lorsqu’il avait sérénadé la jument de son père.
    «C’est à vous, monsieur Pronovost, cette belle bête-
    là?
    —        Oui pis non. Disons que je l’ai acheté pour Ovide pis Edmond.
    —        Ha...en tout cas, j’ai jamais vu un bel animal de même.
    —        Qui ça? Ovide ou Edmond?»
    Prise de court, elle ne sut que répondre. Dosithée ricana intérieurement. Tout en parlant du cheval, il la conduisit à la maison. Emilie était confuse. Encore une fois, elle raconta toutes les mésaventures de sa journée. Monsieur Rouleau, lui, insista sur le fait que s’il avait su qu’elle était née sous une mauvaise étoile, il n’aurait jamais offert de la conduire. Emilie hésita avant de rire de cette boutade, incapable de discerner si monsieur Rouleau était sérieux ou non.
    Elle eut droit à un bon thé chaud. Elle les remercia et les pria tous de l’excuser car elle devait se hâter d’aller terminer le travail qui l’attendait à l’école. Le père Pronovost demanda aux élèves d’Emilie s’ils auraient objection à l’accompagner un jour de congé. Ils ne se firent pas prier et, tous ensemble, ils achevèrent le grand ménage qu’elle avait entrepris.
    La classe fut nettoyée en un temps

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