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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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tu avais oublié toutes mes bêtises. J’espérais que tu m’en voudrais pas trop. Je sais pas comment dire ça, mais j’aurais voulu, le matin de la mort de Marie- Anne, que tu restes avec moi pour me consoler.
    «Je le savais, Ovila, mais je pouvais rien faire sauf te dire de revenir. Je pouvais quand même pas perdre mon poste. »
    Ovila gratta le sol du bout de sa chaussure, donnant ensuite quelques petits coups de pied aux cailloux qu’il n’avait pu déplacer.
    «C’est parce que j’avais trop honte que je suis parti. Il est arrivé trop d’affaires en deux jours. Moi, j’ai besoin de temps pour réfléchir quand tout change.
    —        Si ça te fait rien, j’aimerais qu’on parle d’autre chose.
    —        Ça tombe bien! J’espère que tu m’as pris au sérieux quand je t’ai dit que j’étais parti pour faire de l’argent pour qu’on s’installe.
    —        Ça m’a pas semblé aussi clair que ça.
    —        Je l’ai écrit noir sur blanc!
    —        Oui, mais comme j’ai pus entendu parler de toi, j’ai pensé que c’étaient des paroles en l’air.
    —        Maudite tête de mule, Émilie! Tu es pire que moi. Ben là, tu vas m’écouter. Quand je dis que je suis revenu, c’est que je suis revenu. Cet été, j’vas aider au père. Pis le soir, j’vas finir la maison qui est en chantier depuis trop de temps. Si tout va bien, mes parents pourraient déménager l’année prochaine. Nous autres on va se marier pis rester dans la vieille maison. Edmond pis Ovide ont pas l’air intéressés de la prendre.
    —        Je comprends pour Ovide, mais Edmond...
    —        Edmond préfère rester près du père pis de la mère pis de ses ch’vaux. En tout cas, si tout va bien, on va pouvoir se marier l’été prochain. Astheure, tu vas me dire, un, si c’est clair, pis deux, ce que tu en penses.
    —        Pour être clair, c’est clair. Pour savoir ce que j’en pense, tu vas attendre un peu.
    —        Comment ça? Tu veux pus qu’on se marie?
    —        Comment ça, je veux pus! C’est la première fois que tu m’en parles.
    —        Me semblait que c’était ça qu’on avait dit qu’on ferait.
    —        Ovila Pronovost, tu vas attendre. Tu arrives comme un cheveu sur la soupe, tu me prends mouillée comme un canard, tu dis qu’on se marie l’année prochaine pis qu’on va rester dans la maison à ton père. Pis moi, là-dedans? Est-ce que ça se pourrait que j’aie mon mot à dire?
    —        Choque-toi pas, Émilie. Moi, j’ai pensé rien qu’à ça depuis que je suis parti. J’vas attendre. J’vas faire comme tu veux. »
    Émilie s’était tue. Elle attendait ce jour d’aussi loin qu’elle pouvait se souvenir. Et voilà que la peur venait de commencer à lui ronger un coin de cœur. Elle regarda Ovila, le trouva plus beau que jamais, remercia le ciel de ne plus être fiancée à Henri, aurait voulu croire tout ce qu’il venait de lui dire, mais quelque chose lui faisait peur. Et s’il décidait de repartir? Et s’il oubliait ses belles promesses? Non! Le regard qu’il lui jetait en ce moment était imprégné de tellement de confiance, de tellement d’incertitude et de naïveté qu’elle eut envie de lui crier qu’elle acceptait. Mais il l’avait blessée. Il lui avait fait passer des heures d’attente dans le doute et l’angoisse. Il n’avait jamais douté d’elle. Elle ne pouvait pas en dire autant...
    «Trouverais-tu que ça serait raisonnable que je te donne ma réponse au début de l’année scolaire? J’vas penser à tout ça pendant l’été. Pis comme ça, toi pis moi, on va avoir le temps de se fréquenter en bonne et due forme, pis de se connaître un peu mieux. »
    Ovila avait émis un sifflement de désespoir. Elle lui demandait d’attendre sa réponse pendant quatre mois. Quatre longs mois durant lesquels il ne pourrait parler de leur projet.
    «Si tu veux que j’attende jusqu’au mois de septembre, je pourrai pas commencer les travaux sans énerver tout le monde.
    —        Ovila, je veux juste avoir quatre mois pour penser! Toi, tu as pensé pendant pas mal plus de temps que ça.
    —        C’est correct. J’vas attendre. Reste juste à espérer que l’hiver sera pas trop dur pour que j’aie le temps de travailler sans trop avoir de problèmes. »
    Tout à leurs pensées, ils n’avaient plus parlé sur le

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