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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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serait le plus discrète possible et ferait en sorte qu’Emilie ne regrette jamais sa décision.
    Caleb avait tenté de parler d’Ovila à sa fille mais elle n’avait rien laissé transpirer de ce qu’il y avait à l’horizon. Il avait maugréé un peu, se sentant privé de sa confiance. Emilie n’avait pas non plus satisfait sa curiosité quant à sa rupture avec Henri.
    Malgré un été moins occupé que les précédents, elle avait été surprise de voir surgir la fin août. Ovila lui avait terriblement manqué durant ces deux mois, mais elle s’était gardée de lui écrire. Elle savourait d’avance le moment des retrouvailles. La veille de son départ, la mine renfrognée, Caleb lui avait demandé s’il pouvait lui parler. Elle avait laissé tomber ce qu’elle faisait pour le suivre à l’étable.
    «Émilie, je pense que demain, je pourrai pas aller te conduire.
    —        C’est pas grave, pâpâ, j’irai avec un de mes frères.
    —        C’est justement ça le problème. Demain, j’ai besoin des bras de tout le monde pour finir ma récolte de patates.
    —        On partira après demain si c’est plus simple.
    —        C’est que j’ai promis au voisin qu’on irait l’aider après-demain. »
    Émilie ne comprenait pas ce qui se passait. Encore un peu et elle aurait cru qu’il ne voulait pas la laisser partir. Elle regarda son père, sourcils froncés, et lui dit qu’elle se débrouillerait. Elle irait chez le marchand général pour lui demander si, à sa connaissance, quelqu’un du village devait ho rendre à Saint-Tite.
    «C’est une bonne idée ça, Émilie...sauf que tu vas être obligée d’aller à pied jusqu’au village parce que j’ai promis de prêter ma calèche à Éphrem. »
    Émilie cessa de discuter. Son père montrait une mauvaise volonté qui lui répugnait. Lasse de toute cette discussion, elle lui demanda s’il avait une solution à proposer.
    «J’en aurais peut-être une. » Il fît mine de chercher ses mots. «Tu sais que La-Tite est d’âge d’être attelée. Je me suis dit de même que, quitte à passer pour un fou, ça serait peut-être bien utile que ma fille ait sa propre calèche pis son ch’val. J’ai demandé à ta mère d’écrire au père Pronovost pour savoir s’il pouvait lui donner un peu de pacage pis la pension pendant l’hiver, pis il a répondu que ça lui ferait plaisir. »
    Émilie sauta de joie. Une cheval et une calèche à elle! Elle embrassa son père.
    «Je sais que c’est pas dans les habitudes du monde de voir une fille équipée de même, mais me semble que pour les vingt et un ans que tu vas avoir, ça serait pratique. Pis à part ça, c’est moi qui vas passer pour un vieux fou. Ça fait qu’une fois de plus ou une fois de moins, ça me dérange pas tellement.»
    Émilie avait tenu à atteler elle-même sa bête. Elle avait brossé et rebrossé sa pouliche en lui parlant doucement à l’oreille. Elle savait que la plupart des gens trouvaient qu’il était idiot de s’attacher à un animal, mais ils pouvaient bien braire. En quelques minutes, elle s’était liée à sa Tite.
    Son père lui avait acheté une calèche presque neuve, payée pour une bouchée de pain à une paroissienne que la mort de son mari avait laissée seule. La calèche était la plus belle qu’Emilie eût jamais vue. Elle aurait bien pu se contenter de la vieille calèche de son père, mais il avait insisté pour qu’elle prenne la neuve. Une superbe calèche dont le toit avançait tellement vers l’avant qu’à moins d’avoir une pluie de front, elle pourrait demeurer au sec presque en tout temps.
    Émilie avait installé son bagage sur la banquette avant, à côté d’elle, se laissant peu de place pour manœuvrer.
    «Pourquoi tu fais ça, Émilie? Tu as tout le banc d’en arrière pour te servir.
    —        Je veux juste voir si je peux m’organiser comme ça, c’est tout.
    —        Fais à ta tête, ma fille, fais à ta tête. C’est toi qui vas avoir mal partout en arrivant à Saint-Tite.
    —        C’est pas certain. En tout cas, pâpâ, si je vois que c’est trop fatigant, craignez pas, j’vas repenser à mon affaire. »
    Comme à chaque année les parents, frères et sœurs d’Émilie assistèrent à son départ.
    «Salue juste le monde que tu connais, avait dit Célina, on sait jamais qui peut se promener par les chemins.»
    Elle avait chuchoté à Caleb qu’elle

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