Les Filles De Caleb
l’étage, se chauffa de l’eau et se coula un bain. Mon Dieu, faites qu’il vienne.
Elle s’affaissa dans l’eau, ferma les yeux et tenta de se calmer avant de commencer à se savonner. Elle demeura ainsi pendant de longues minutes avant de procéder au lavage de tête qu’elle s’était promis pour le lendemain en fin de journée. Elle s’immergea la tête puis, satisfaite, décida que toute cette mousse l’avait sûrement bien lavée.
Elle enfila sa vieille robe de chambre en pensant qu’il était grand temps qu’elle en confectionne une autre et essora ses cheveux avec une bonne serviette. Elle lança la serviette sur le dossier de sa chaise, s’assit sur le bord du lit et commença à se démêler la crinière. Elle détestait cela. Ses cheveux étaient tellement longs. Elle allait passer derrière le paravent pour revêtir sa robe lorsqu’elle aperçut Ovila, debout sur la dernière marche. Saisie, elle resta au beau milieu de la pièce, bouche bée, devant lui. Ses cheveux mouillaient la robe de chambre sur ses fesses et sur ses seins. Elle oublia que l’eau rendait transparent le coton léger de sa robe.
Ovila la regarda de la tête aux pieds, sourit et s’approcha d’elle pour l’enlacer dans ses bras.
«J’ai cogné trois fois. Comme ça répondait pas pis que je savais que tu étais là parce que la porte était débarrée, je me suis permis d’entrer. Remarque que j’étais loin de penser que tu serais aussi belle en plein milieu de l’après- midi. »
Émilie n’avait pas encore réussi à se remettre de ses émotions. Il était là, devant elle, souriant, plus sûr de lui que jamais. À le voir agir, on aurait pu penser qu’il l’avait visitée la veille. Elle réussit enfin à parler.
«Cesse tes moqueries. J’ai l’air d’un chat mouillé.
— Une chatte, Émilie, une belle chatte.»
Cette remarque ne l’aida pas à dissiper le malaise qui la gagnait.
«Depuis quand est-ce que tu es arrivé? demanda-t-elle innocemment.
— Depuis à peu près une heure.
— Ta famille a dû être surprise vrai...
— Oui, très.
Émilie regarda autour d’elle, se cherchant une contenance. Elle demanda à Ovila de se tourner, le temps qu’elle passe derrière le paravent pour enfiler sa robe. Ovila la pria de n’en rien faire, qu’elle était bien à son goût comme elle était. Elle éclata d’un rire niais, essayant de lui faire croire qu’elle avait pris cette remarque comme une boutade et passa quand même derrière le paravent afin d’être plus à l’aise pour se tenir la poitrine à deux mains. Ovila s’assit sur le lit et la regarda. Toute la tête d’Émilie dépassait.
«J’ai dit de te retourner, Ovila Pronovost.
— Ça fait tellement longtemps que je t’ai vue que j’ai pas envie de perdre une minute de plus.
En un temps record, Émilie enfila ses sous-vêtements, son cache-corset, ses jupons et sa robe.
«As-tu pensé à moi pendant que j’étais parti, Émilie?
— Pas souvent, Ovila. On peut pas dire que tu m’as aidée à le faire. Pourquoi est-ce que tu m’as écrit rien qu’une lettre?
— Parce que j’haïs ça, écrire.
— Pis moi, tu sauras que j’haïs attendre un fantôme.
— Tu devais avoir confiance. J’avais dit que je travaillais pour gagner l’argent pour nous installer.
— C’est facile à dire ça, Ovila Pronovost. As-tu vraiment l’impression que j’ai passé tout ce temps-là à me morfondre?
— Moi je me suis morfondu, dit-il amèrement.
Émilie n’y tint plus. Elle sortit de derrière le paravent et se précipita vers lui. Ils basculèrent tous les deux sur le lit.
«Mon grand fou! Faut pas avoir de cœur pour faire ça à une fille.
— Non, mais j’ai le cœur de faire ça.»
Il l’embrassa tendrement. Elle s’abandonna aux limites de la correctitude. La fougue d’Ovila augmenta.
«Ovila...on devrait aller marcher. J’aimerais mieux que les gens nous voient dehors.
— Dans deux minutes. Promis... dit-il en mordant goulûment dans une de ses joues.
Ils sortirent une demi-heure plus tard. Émilie avait consacré beaucoup de ses énergies à freiner cette femme qui lui criait de la laisser sortir. Ils prirent le chemin de la montée des Pointes.
«J’ai beaucoup pensé à toi. J’ai passé des nuits blanches à me demander si
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