Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
Vom Netzwerk:
Guillaume de Beauchamp. Un féroce boutis de lances et d’épées commençait.
    Tristan se trouva comme avalé par la cohue sans que sa lance lui fût utile. Il la planta toutefois dans la cuisse d’un archer occupé à tirer une sagette de son carquois et la lui laissa «  en gage de mon amitié pour Shirton » qui se trouvait certainement quelque part auprès de Calveley, invisible. Il entrevit la bannière de Jean de Grailly et regretta qu’on l’eût laissé sortir de sa prison courtoise. Tout se mêlait : les hennissements des chevaux atteints ou tout simplement effrayés, les hurlements et mouvements des hommes qui parfois prenaient une ruade, les entrechocs d’épées, les ruptures de hampes. Il vit le roi Henri bien affermi sur sa selle abrocher sa mule, et, tel un picador aux arènes, percer un homme au sol, peut-être déjà mort, puis entrer dans la mêlée où le captal de Buch se démenait. L’usurpateur occit un archer, en renversa un autre. Sa lance se brisa. Il tira son alfange et frappa, frappa en criant :
    –  España !
    Puis, passant entre Tristan et Guesclin occupés à férir des hommes :
    –  Mauvaises gens ! Mal fait qui vous épargne ! J’emploierai bien ma mort puisque je suis par-deçà !
    –  Il est fol ! hurla Audrehem.
    –  Or, il périra, dit Guesclin. Secourons-le !
    Toutes les batailles s’entremêlaient, du moins c’était ce qu’il semblait. Celle du prince de Galles, invisible, celle de Calveley, de Pèdre ; celle de Martin de la Kare 308 et du roi de Majorque. Tristan sentait son écu secoué par des coups de guisarme ou d’épée. Des cris : « Guyenne au puissant prince ! » – « Guesclin ! » Le Bègue de Villaines : «  Or, avant, com… pagnons ! » D’autres encore, des chevaliers de France : «  Au brut ! Au brut ! » et des Bretons : «  Malou ! Malou ! » Tous ces baveurs (505) répandaient leur souffle. Nul besoin de crier, pourtant : croix rouge contre écharpe.
    « Bon sang ! Charles V lui-même a engagé Henri à ne pas combattre Édouard en bataille rangée. Et Guesclin, Audrehem… Nous n’avançons plus. Qui n’avance plus recule… » Des cris encore : «  Hijo de puta ! » Dénia. Dénia que don Henri, lors de son exil, avait nommé son frère d’armes. Companero de armas ! Dénia qui semblait se battre bien.
    Une épée. Au bout, dessus les quillons, un gantelet de mailles ; un bras, une épaule… Un bassinet quasiment rond. Croix rouge sur la cotte de tiretaine. Chevalier. Qui ? À quoi bon le savoir. « Mon écu m’a protégé… J’aurai de la besogne ! » Sauter pour éviter un coup, et tirer Teresa du fourreau malgré la gêne du bouclier.
    Tristan avait bien en main la prise de son arme. Ne plus rien savoir d’autre que la présence de l’Anglais. Il sentait les batailles essayer de se rompre réciproquement. Aucune n’y parvenait. Holà ! Ce bruit ? Ces cris de haine et de gaieté ? Que se passait-il ? Événement d’importance. Les coups s’en alentissaient… Ce bourdonnement de sabots… Mais… Impossible ! Pourtant… Toute une partie de la cavalerie, à l’arrière, à senestre…
    Jean et Thomas Trivet, Nicolas Bond, Baudoin de Franville, les sénéchaux de Saintonge, d’Agénois, de Bordeaux, La Rochelle. Poitou, Angoulemois, du Rouergue, Limousin, Bigorre, Louis de Meleval, Raymond de Mareuil, etc.
    Toute une partie !… Non, tout de même… Eh bien, si !… Hélas ! Maintenant, il comprenait. Et ce qui donnait plus d’ardeur et de plaisir à son adversaire était une énormité, une trahison : don Tello s’escampait ! Il eût dû affronter Pèdre, Armagnac et leurs piétons, or, il tournait bride ! Il fuyait avec sa cavalerie ! Trois mille hommes à cheval en moins ! Horribleté ! Trahison… Ah ! Il était vaillant le donneur de leçons… Et Sanche ? Où était-il, celui-là ?
    L’épée anglaise, mouvante et tueuse. Elle avait déjà meurtri des hommes : la lame en était rouge jusqu’à la garde. Cri du roi, tout proche, et qui flairait la déroute. Adressés à son frère. Si forts que les combattants devaient l’entendre :
    –  Beaux seigneurs !… Tello !… Que faites-vous ? Pourquoi me voulez-vous ainsi guerpir et trahir, vous qui m’avez fait roi et mis la couronne au chef et l’héritage de Castille en la main ?
    Cliquetis des armes, crépitements des hampes qui se rompent, lugubres tintements des armures entrechoquées ou

Weitere Kostenlose Bücher