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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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personne. Tournant les talons, elle mit un point d’honneur à déserter la galerie et, presque de force, entraîna le roi vers son souper. Le souverain trouva tout de même le temps de féliciter le maître, et le plus chaleureusement possible.
    — J’ai enlevé à l’Italie, conclut-il, l’artiste le plus grand et le plus universel qui ait jamais été !
    Cellini s’inclina, mais il paraissait amer. Tant d’efforts pour ce résultat saumâtre... Aimée de Lafayette s’approcha de lui et, gloussant à son habitude, complimenta l’artiste à sa manière.
    — Laissez-le donc tout nu, dit-elle. Il est bien mieux ainsi.

    François avait réuni, dans un cabinet d’angle, sa sœur Marguerite et son beau-frère, le roi de Navarre, sa nièce Jeanne et le cardinal de Tournon. La petite infante, ragaillardie sans doute par la présence de ses parents, paraissait avoir repris des forces ; poudrée, parée, elle faisait plutôt bonne figure.
    — Ma chère petite, déclara le roi, je vous ai tous fait venir pour vous annoncer une grande nouvelle.
    Marguerite et Henri échangèrent un regard tendu. François poursuivit.
    — Vous êtes presque une dame, à présent, et il faudrait songer à vous marier.
    — Vous connaissez, sire, dit le roi de Navarre, la position de sa mère et la mienne quant aux alliances qui...
    — Soyez tranquille, mon cher frère 1 . Le cardinal et moi-même avons beaucoup réfléchi à ce qu’il convenait de faire, et nous avons adopté la solution qui, de loin, se révélera la meilleure.
    — Allons-nous asseoir la paix avec l’Empire ? hasarda la reine de Navarre. Dans ce cas, je ne regretterai pas de voir s’éloigner ma fille.
    — Les intérêts de mon État... commença Henri.
    — Je sais, je sais. Rassurez-vous : je suis la question navarraise avec un soin personnel. N’y va-t-il pas de l’avenir de ma chère Marguerite ? Cependant nous devons tout considérer...
    Le roi donna la parole au cardinal de Tournon qui, onctueux, ébaucha plusieurs révérences avant de se lancer dans l’exposé de la situation.
    — Il apparaît bien clairement, dit-il, que monsieur de Montmorency s’est laissé abuser : l’empereur Charles n’a pas la moindre intention de nous donner satisfaction sur aucun des points que vous connaissez. Pis : son récent passage parmi nous, n’en déplaise au connétable, l’a davantage braqué contre la France que bien disposé.
    — S’achemine-t-on vers une nouvelle guerre ?
    — Point encore, madame. Cependant, c’est une issue qu’il pourrait paraître imprudent d’écarter... Aussi bien, nous aurons besoin, dans le prochain conflit, de l’entier soutien des princes d’Allemagne...
    Pour Henri d’Albret, dès cet instant, tout fut dit. Il avait assisté, l’été passé, à l’alliance contractée avec le duc de Clèves, puissant héritier de la riche province de Gueldre. L’accord avait vu le jour à Anet, chez Diane de Poitiers qui avait, de son côté, marié sa fille aînée avec un La Marck, cousin de Clèves.
    — Ne me dites pas... commença-t-il.
    — Ma chère nièce, coupa François en affectant d’ignorer son beau-frère, nous allons faire de vous une princesse puissante et riche. Nous entendons, si vos parents le veulent bien, donner votre main à monseigneur le duc de Clèves.
    La petite demeura silencieuse. Ses yeux fixés sur ceux du roi, elle n’osait manifester d’autre émotion qu’une gratitude de circonstance. Dès qu’elle put, toutefois, elle détourna le regard vers sa mère qui, d’un sourire certes crispé, la rassura plus ou moins. Son père paraissait déçu, mais – diplomatie, faiblesse ou fausse habileté – il finit par la prier de débiter le compliment qu’on lui avait appris. Alors Jeanne, rassemblant ses souvenirs, prononça des paroles qui, en son cœur, n’avaient aucun écho.
    — Sire, récita-t-elle, je remercie Votre Majesté de toutes les bontés qu’elle a pour nous, et tâcherai de me montrer digne, par ma conduite dans le mariage, de l’honneur qu’elle fait à mes parents et de la confiance qu’elle place en moi.
    — À la bonne heure ! dit François sans cacher son soulagement.
    Mais il comprit, au visage tendu de sa sœur, que l’affaire était loin d’être réglée.

    Le 8 février, une commission spéciale avait lourdement condamné Philippe Chabot de Brion. Pour trafic d’influence et prévarications diverses, parmi lesquelles ses manigances portugaises avaient

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