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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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de Montmorency s’acharne-t-il ainsi contre nous ?
    — Parce qu’il y est poussé par la vieille sénéchale, pardi ! Voilà pourquoi...
    Le singe avait entrepris de se parer lui-même d’un bout du collier, qu’il enroulait soigneusement autour de son buste. Anne le laissa faire, moins par négligence qu’en vertu d’une indulgence envers la coquetterie...
    — Vous verrez que ce fieffé coquin – il est mon ennemi autant que le vôtre – finira par chuter tout seul. Il a fait croire au roi que l’empereur lui donnerait Milan, alors qu’il savait pertinemment qu’il n’en serait rien. Montmorency est devenu l’agent stipendié de l’Empire au sein du Conseil, ma chère. Et cela, Sa Majesté ne saurait le tolérer longtemps.
    La visiteuse observait la duchesse avec les sentiments imprécis d’une femme trop secouée par l’urgence pour se permettre de tabler sur l’avenir. Anne poursuivait.
    — Vous voulez que je vous dise où finira ce bandit ?
    Françoise acquiesça.
    — Au bout d’une corde !
    En prononçant ces mots, Anne de Pisseleu avait frappé de toutes ses forces sur une petite table. Le singe, effrayé, voulut se sauver. Mais le collier dont il s’était paré le retint. Alors le petit animal tira sur le fil et le cassa : les perles, tombant en pluie, allèrent rouler partout dans la pièce.
    — Mon Dieu ! lâcha Françoise de Brion.
    Les deux jeunes femmes s’agenouillèrent pour récupérer les joyaux qui s’étaient glissés dans les coins, sous les meubles et même entre certaines lames du vieux parquet. L’amirale en réunit toute une poignée qu’elle tendit avec précaution à la duchesse. Alors celle-ci eut l’élégance de repousser sa main.
    — Gardez-les, dit-elle. Elles vous seront plus utiles qu’à moi...

    Un tronc entier, couché sur un lit de braises incandescentes, flambait dans la cheminée. Les vitraux verdâtres, cloisonnés de plomb, filtraient un jour de mars avare en lumière 20 . Assis sur une caquetoire 8 , non loin du feu échauffant son visage, le roi de France jetait dans l’âtre, d’un geste désabusé, toutes sortes de papiers qu’il extirpait d’un maroquin.
    Sa sœur, la reine Marguerite, se tenait debout, immobile, à droite du haut manteau qu’ornait un paysage peint en grisaille. Le connétable lui faisait pendant, toujours massif et figé comme une statue. Leur silence n’était rompu que par le crépitement des flammes s’attaquant aux feuillets.
    — À la fin, dit le roi, il faut bien que ce recueil soit quelque part ! N’avez-vous aucune idée, mon cousin, de ce qu’il a pu devenir ?
    — Sire, soupira le connétable, je ne suis pas certain d’avoir bien compris de quel recueil il est question...
    La sœur du roi éclaira sa lanterne.
    — Il s’agit, maréchal, d’un recueil de poèmes manuscrits que m’adressait la marquise de Pescaire 21 avec qui je suis en relation de courrier.
    — Des poèmes manuscrits, dites-vous... La marquise de Pescaire... Je crois que j’ai vu passer cela, en effet.
    Marguerite étouffait de rage.
    — Mais par quel prodige ce pli s’est-il retrouvé entre vos mains ?
    — Il faudra, madame, qu’on me l’ait adressé par erreur.
    La souveraine hoqueta. Elle ne comprenait que trop la raison d’un tel détournement : Vittoria Colonna, marquise de Pescaire, était connue depuis longtemps pour entretenir des amitiés luthériennes... Le connétable, averti par ses agents d’une correspondance de cette hérétique avec la reine de Navarre, avait cherché là de quoi démontrer au roi les penchants peu orthodoxes de sa vieille adversaire. Il s’était donc procuré le recueil, espérant y trouver de quoi tenir la trop libre Marguerite.
    — Si vous l’avez feuilleté, vous avez pu vous rendre compte qu’il ne contenait rien que de très innocent.
    — Oh, madame, si c’est l’ouvrage auquel je pense, je me suis bien gardé de le parcourir.
    — Menteur !
    — Marguerite !
    Le roi François détestait que sa sœur perdît contenance. Il était bien placé pour connaître son caractère entier, et savait qu’une fois lancée, elle devenait difficile à contenir.
    — Marguerite, calmez-vous, de grâce.
    La reine, furieuse, alla s’asseoir près de la fenêtre. Le connétable, quant à lui, demeurait comme un écolier pris en faute. Le roi jeta toute une liasse de papiers dans le feu.
    — Il m’est pénible, mon cousin, que vous traitiez avec tant de légèreté un courrier

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