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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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sa faute et que, sans son intuition, à lui, elle aurait pu, en ce moment même, parler de Gautier au passé... Mais il ne dit rien de tout cela. Il se contenta d’un nouveau sourire qui, intérieurement, le couvrit de honte. La belle dame continuait.
    — Vous qui, en revanche, êtes bien sensé, bien posé, il faut que vous expliquiez à cet imbécile que je n’ai, de près ou de loin, rien à voir avec cette affaire de Saint-Dizier. Du reste, si je n’étais fort endurcie par des années d’existence à la Cour, j’aurais pu me froisser qu’il ait seulement eu l’idée de m’en accuser. Vous me suivez ?
    — Oui...
    — Fort bien, mon ami. Je compte sur vous pour répéter cela, bien proprement, à votre frère. Vous le ferez, n’est-ce pas ?
    — Je le ferai.
    Alors la duchesse d’Étampes s’empara d’une lettre qui, depuis le début, se trouvait devant elle en évidence.
    — Par ailleurs, dit-elle en s’efforçant de cacher sa jubilation, soyez assez aimable pour remettre ce pli à Mme de Poitiers. En mains propres, c’est important.

    Diane de Poitiers s’apprêtait, lorsque Simon la surprit dans son antichambre, à descendre à la pouponnière pour y superviser le bain quotidien du petit prince François. Elle assurait au profit de la dauphine, ce discret office qu’elle avait si longtemps rempli, jadis, auprès de la reine Claude ; ce qui signifie qu’après avoir langé le père, elle pouponnait le fils.
    Simon la salua poliment et lui remit sans un mot le pli confié par la duchesse.
    — Eh bien, Coisay, lui dit-elle en commençant à lire, presque aimable, l’on me dit qu’à présent, vous êtes attaché à monsieur le dauphin...
    — Je dois cette grâce à monsieur de Brissac, madame, et...
    Il n’alla pas plus loin ; après une sorte de petit hoquet, elle bouchonna la missive pourtant marquée du sceau royal et, foudroyant le messager du regard, la lui jeta au visage.
    — Disparaissez ! siffla-t-elle, soudain glaçante.
    Simon mit un instant à réagir, puis il détala comme un lapin.
    Il ne tarderait pas à savoir que la fameuse lettre, de la main même de Sa Majesté, enjoignait à la grande sénéchale, en termes courtois mais fermes, de quitter la Cour sur-le-champ et de n’y plus paraître jusqu’à nouvel ordre.
    1 - Le suicide, même manqué, était alors un crime très sévèrement puni.
    2 - Les Furies, chargées d’exécuter les sentences infernales.

Chapitre X
    François le balafré
    (Eté et Automne 1545)

Environs de Boulogne-sur-Mer.
    Q uand la guerre se calmait sur un front, c’était pour mieux reprendre sur un autre... Depuis un an, la place-clé de Boulogne était aux mains des Anglais, plus que jamais alliés de l’empereur. Le roi de France avait chargé le maréchal du Biez de la reconquérir. Seulement ce vaillant soldat n’avait pas, loin s’en faut, le génie stratégique d’un Montmorency ; et le siège qu’il avait mis devant la bonne ville commençait à s’éterniser.
    Le 15 août, le moral déjà vacillant des Français avait subi une atteinte imprévue : on apprenait en effet que les deux cents vaisseaux de l’amiral d’Annebault, après des tentatives sans lendemain de débarquement à Douvres et dans l’île de Wight, venaient de faire repli sur Le Havre. C’en était donc fini du beau rêve d’une invasion d’Albion, cinq cents ans après Guillaume.

    Simon de Coisay, recommandé par le duc de Brissac, subissait en Boulonnais son baptême du feu. Jusqu’ici, en dépit d’une carrière de messager déjà longue, il n’avait jamais approché des champs de bataille. Celui-ci n’était pas le pire ; et les engagements sporadiques opposant la noblesse de France aux arquebusiers anglais relevaient ici, le plus souvent, de l’escarmouche. Nul, cependant, n’était à l’abri d’une balle perdue. Surtout, rien n’interdisait à l’accrochage habituel de dégénérer en combat sévère.
    C’est ce qui arriva ce jour-là.
    Sous un ciel gris de plomb seulement déchiré, par endroits, de trouées d’un blanc aveuglant, les régiments d’Aumale et de Brissac avaient tenté le coup de feu sur un poste avancé de Gallois mal embouchés. Le jeune duc avait donné l’ordre à Simon de ne pas le perdre de vue, afin de maintenir, le cas échéant, la liaison avec le camp royal. C’est au passage d’un marais que la situation, de difficile déjà, devint très dangereuse. Un détachement de cavaliers anglais surprit les

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