Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
fois aux tenailles, entraînant de pénibles à-coups, de lâcher un cri.
    — Ah ! Mon Dieu ! souffla-t-il alors.
    Ce fut sa seule faiblesse.

    À la fin, Ambroise Paré nettoya la plaie, en retira les esquilles osseuses et ce qu’il s’y trouvait de chair déchiquetée. Puis il la referma de son mieux et appliqua, de part et d’autre, les pansements gras. Le patient avait fini par s’évanouir, mais il revint assez vite à lui. L’opium aidant, il s’assoupit, au soulagement de tous. Le dauphin vint féliciter le petit homme alors qu’il se lavait les mains jusqu’aux coudes.
    — Comment vous dire toute mon admiration ?
    — Réservez-la au blessé, monseigneur ; il s’est montré brave entre les braves... Car pour moi, je crains fort de n’avoir pas fait de miracle.
    — Vous craignez encore qu’il ne meure ?
    Ambroise Paré dodelina du chef.
    — Je l’ai soigné, dit-il. Maintenant, c’est à Dieu de le guérir.

À l’ambulance de Boulogne.
    — É chec au roi !
    Fier de son coup et pas mécontent non plus de cette phrase, le duc d’Orléans fixa son grand frère dans les yeux. Depuis quelque temps, leur entente s’était réchauffée, et de parties d’échecs en chevauchées, ils multipliaient ces moments qui, dans la vie militaire, sont propres à ranimer la fibre fraternelle.
    — Tu es le plus fort, concéda Henri sans manières. Les échecs me dépassent un peu...
    — Mon dauphin aurait-il les idées ailleurs ? demanda Charles avec cet air canaille qui était devenu, chez lui, comme une seconde nature.
    — Où par exemple ?
    — Oh, sûrement pas dans les jupons de madame Catherine !
    Orléans s’esclaffa, au point que les jeunes nobles veillant le comte d’Aumale durent le rappeler à l’ordre. Henri haussa les épaules.
    — Qu’est-ce que tu sais, maraud, de ma femme et de mes sentiments ?
    Le dauphin n’avait pas apprécié la boutade et, se levant tout raide, signe d’énervement chez lui, il ne demanda pas sa revanche. Il s’approcha du blessé, que le rire du jeune prince avait tiré de sa torpeur.
    — Eh bien ? Cela va-t-il mieux ?
    — Cela ira, Henri, je vous jure que s’il fait moins chaud, cela finira par aller.
    Après des temps plus qu’incertains, il semblait en effet que François d’Aumale était sauvé. Comme si la Providence avait voulu payer Paré de son audace folle, on le vit se remettre à manger, à parler, à rire même – modérément, certes, et non sans de rares mais fulgurantes douleurs. Sous les pansements, la plaie terrible cicatrisait ; mais elle était toujours affreuse à voir. Qu’en resterait-il, avec le temps ? Une belle balafre de gloire ou bien une trogne à dissimuler ?
    — Mon frère vient de perdre aux échecs, déclara, sans tact, Charles d’Orléans.
    — Vous êtes un incurable fanfaron, estima Henri.
    Et il quitta la tente. Orléans le suivit au-dehors, et lui posant les deux mains à plat sur les épaules, se lança dans ces effusions qui lui étaient naturelles.
    — Je vous aime bien, Henri, dit-il. Même, je vous aime beaucoup.
    — Mais moi aussi, je vous aime.
    — En protestant contre la paix de Crépy-en-Laonnois qui m’est personnellement favorable !
    Un tel aplomb suffoquait le dauphin.
    — Mes protestations visaient seulement ceux qui ont mal servi la France. Voyez-vous, Charles, si vous possédiez un jour la Bourgogne et que je vienne à ceindre la couronne, nous nous retrouverions ennemis, tôt ou tard. Et je ne veux point de mon frère pour ennemi.
    — Moi non plus, protesta Orléans.
    Et de manière inattendue, il vint se placer devant le dauphin pour lui tendre la main – geste assez peu élégant chez un prince.
    — Que veux-tu donc, marchand de chevaux ?
    — Je veux vous donner mon amitié.
    — Tu as la mienne, dit son frère en lui serrant la main tout de même.
    Charles rayonnait.
    — Un jour, dit-il, nous gouvernerons ensemble. Bien paisiblement.

Environs de Boulogne.
    E ntre deux escarmouches, la guerre de position menée par le maréchal du Biez devant Boulogne offrait de grands loisirs aux assiégeants. Aussi le jeune prince Charles, dont le sang bouillant s’accommodait mal de l’attente et de l’oisiveté des camps, avait-il institué des chevauchées quotidiennes avec quelques amis, dont Enghien et Nevers.
    Par une matinée radieuse du début de septembre, les jeunes gens galopaient ainsi, riant et criant dans le soleil, sous un ciel vaste et bleu semé de nuages

Weitere Kostenlose Bücher