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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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Français sur leur flanc droit, et la mêlée qui s’ensuivit fut affreuse. Sous les coups de masse et de hache, le sang jaillit, des membres volèrent. Simon, pétrifié de terreur, entendait alentour le fer des lances chassant sur les boucliers.
    Soudain, avant qu’il ait eu le temps de réagir, l’écuyer picard se sentit happé en arrière et jeté à bas de son cheval. Il allait se faire piétiner, proie offerte aux jambes des chevaux mais aussi aux épées dont les coups pleuvaient de partout, quand la poigne phénoménale d’un compagnon de Brissac le hissa vers sa propre selle et, l’extirpant des montures enchevêtrées, l’éjecta loin de la mêlée sanglante.
    — Votre nom ! s’enquit Simon dans un débordement de gratitude. Votre nom, monseigneur !
    — Bentivoglio ! hurla le jeune chevalier en remontant à l’assaut.
    Simon n’aurait pas été plus ébahi si l’archange Michel en personne avait fondu des nues pour lui sauver la vie. Son cœur s’enflait dans sa poitrine, à lui faire mal ; il n’aurait su dire ce qui le bouleversait le plus, de la peur qu’il avait ressentie ou de l’extase d’être sauvé.
    Des hurlements rapprochés tirèrent l’écuyer de sa stupeur. Brissac lui-même, passant au galop, paraissait effrayé. Simon se retourna pour découvrir, à cent pas seulement, ce qui justifiait tant d’alarmes.
    Il vit alors François d’Aumale, fils du duc de Guise, le visage ruisselant de sang, dévalant le talus à la tête d’un petit groupe monté. Le blessé se laissa tomber de son destrier, dans les bras qui se tendaient pour le soutenir. Il gémissait, aspergeant ses compagnons de flots de sang. Alors qu’on l’emportait vers la vaste tente verte qui, plus loin dans ce secteur, accueillait l’ambulance, Simon se détourna pour ne plus voir cette face percée de part en part, et qui persistait à vivre et à se plaindre.

À l’ambulance de Boulogne.
    U n petit homme brun, déjà dégarni, la barbiche en pointe sur un visage parcheminé avant l’âge, entra sous la tente verte. Il paraissait soucieux mais n’était qu’infiniment concentré. Le sieur Paré, chirurgien barbier de trente-cinq ans, avait longtemps affûté son art à l’Hôtel-Dieu de Paris, avant de vouloir l’appliquer sur les champs de bataille ; il avait suivi, pour cela, le connétable jusqu’en Piémont. En 1542, devant Perpignan, il avait eu l’idée, pour extraire de l’épaule du courageux Brissac une balle introuvable, de faire reprendre au blessé sa position exacte au moment de l’impact – avec succès. Quelques autres prodiges lui avaient valu la réputation la plus louangeuse. Aussi le roi n’avait-il cru pouvoir mieux faire, en apprenant la blessure inouïe du comte d’Aumale, que de lui dépêcher ce praticien de génie.

    — Il faudrait, dit le petit homme en approchant du mourant, que je puisse examiner la plaie...
    — Ce n’est pas belle chose à voir, souffla Saint-André que plusieurs heures n’avaient pu accoutumer au terrible spectacle.
    — Qu’en pensent mes confrères ?
    Les chevaliers présents échangèrent des regards éplorés. Et c’est le dauphin qui, dérogeant à ses habitudes, prit le chirurgien à l’écart pour lui répondre à mi-voix.
    — Les autres, concéda-t-il, tiennent monsieur d’Aumale pour perdu. L’un d’eux nous a même expliqué qu’il eût mieux valu, pour lui, « avoir été tué tout raide ! »
    — Ce n’est peut-être pas faux...
    Saint-André avait mal entendu. Il demanda si le blessé souffrait, avec l’espoir très incertain d’une réponse rassurante.
    — Vous n’avez pas idée, articula Paré sur un ton monocorde.
    Autour du jeune blessé n’étaient demeurés que des compagnons d’armes, la gravité de son état ayant fait fuir les valets aussi vite que les praticiens. Ambroise Paré demanda s’il était possible de rasseoir le malheureux, afin de dégager toute la plaie. Avec d’infinies précautions, les Fils de France eux-mêmes procédèrent, en soulevant l’oreiller plein de sang, à cette opération délicate. François d’Aumale qui, tétanisé, n’avait jusque-là fait entendre aucune plainte, se mit à gémir affreusement.
    — Pardonnez, s’excusa le malheureux, pardonnez ma surprise !
    Le chirurgien interrompit la manœuvre d’un geste.
    — Il me faut de la lumière. Peut-on me relever cette toile ? demanda-t-il en désignant un pan de la tente.
    On se précipita pour le

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