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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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voix, presque jusqu’à crier.
    — Ôtez-vous de là !
    Mais la duchesse d’Étampes ne bougea pas. Elle demeurait parfaitement immobile, et ne quitta la pièce qu’après que le dauphin eut passé dans la chambre du mourant.

    — Embrassez-moi, Henri, souffla le roi dans un râle.
    Le fils baisa le front du père. François trouva la force, encore, de soulever le bras droit et, couvant des yeux son successeur, le bénit avec une sorte de joie détachée.
    — La bénédiction de Dieu te soit accordée, mon petit.
    Un léger soupir, puis le roi se laissa partir. Il entrait dans une agonie qui durerait vingt heures, les phases d’inconscience alternant avec des moments de lucidité pendant lesquels il dirait des passages des saintes Écritures.

    Le jeudi 31 mars 1547, environ deux heures après midi, François I er s’éteignit en prononçant le nom de Jésus.
    Le dauphin Henri était encore agenouillé au pied du lit, quand l’installation, dans la chambre funèbre, de douze grands cierges de cire blanche, le tira de ses pensées amères. Il se releva, douloureusement, et jeta un regard brouillé alentour. Comme un seul homme, tous les sujets présents s’abîmèrent alors dans une profonde révérence.
    Il était devenu le roi Henri, deuxième du nom.

Couvent de Tusson.
    À Tusson, la mort du roi, discrètement révélée, sema la consternation dans la communauté. Comment apprendre à la reine Marguerite une nouvelle qu’elle redoutait plus que tout, au point de ne plus supporter la vue d’un messager quelconque ou même le bruit d’une porte qui s’ouvrait ? La prieure, affolée à l’idée d’une mission si pénible, décida que l’on procéderait par étapes, afin de préparer l’illustre pensionnaire à l’inévitable.
    — Ne trouvez-vous pas étrange que je n’aie plus de nouvelles de la Cour ? demandait de temps à autre la souveraine.
    On se contentait, pour toute réponse, de lui sourire avec bonté – quand certaines ne détournaient pas simplement le regard.
    — Peut-être les nouvelles sont-elles trop mauvaises pour qu’on ose vous les transmettre...
    — Ce serait ridicule, et bien peu dans l’esprit de mon neveu !
    De fait, la situation devenait aussi ridicule qu’intenable pour la communauté qui, s’enfonçant dans le mensonge, se mit à vivre à son tour sur des charbons ardents.
    Un matin qu’elle marchait dans le cloître, en compagnie d’un petit groupe de religieuses, Marguerite avisa une vieille nonne un peu simple d’esprit qui, appuyée à une colonne, pleurait à chaudes larmes.
    — Eh bien, lui demanda-t-elle avec compassion, peut-on savoir ce qui vous afflige ainsi ?
    — Hélas, madame...
    Un vent de panique agita le petit groupe.
    — Hélas, répéta la vieille nonne. C’est votre infortune que je déplore.
    La reine de Navarre se raidit, mais elle demeura silencieuse. Toutes les religieuses avaient les yeux rivés au sol.
    — C’est donc cela, conclut finalement Marguerite d’une voix métallique. Vous me cachiez la mort du roi !
    Une novice osa lever un œil effrayé. La souveraine s’était détachée du groupe.
    — Vous me cachiez la mort de mon frère ! Mais l’esprit de Dieu vient de me la révéler par la bouche de cette folle.
    La reine fit volte-face et se précipita chez elle. Une des religieuses voulut essayer de la suivre.
    — Non ! cria-t-elle avec dureté. Laissez-moi !
    Sur quoi elle s’enferma dans sa cellule, pour n’en plus sortir de la semaine.

Saint-Germain-en-Laye, appartement du roi.
    L a première décision du nouveau souverain avait été d’envoyer deux courriers, l’un vers Anet chez la grande sénéchale, l’autre vers Chantilly chez le connétable de France. Les deux « grands amis » étaient priés de le rejoindre à Saint-Germain, pour prendre les dispositions qui, d’entrée de jeu, s’imposaient.
    Diane de Poitiers – elle s’était constamment tenue prête – arriva la première. Son éternelle tenue de deuil paraissait plus appropriée que de coutume, et elle y ajouta une mine grave et comme attendrie, fort éloignée du sentiment de pleine jubilation qui l’animait au fond.
    — Sa Majesté vous recevra dans un instant, l’informa l’huissier d’un air de déférence plus marqué, lui sembla-t-il, qu’auparavant.
    « Sa Majesté... » Diane exultait d’entendre cela. Depuis quelques heures, elle ne pouvait s’ôter de l’esprit le souvenir pourtant lointain de ce mage qui, jadis

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