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Les Fils de France

Les Fils de France

Titel: Les Fils de France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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que jamais. Ces six années d’exil – ou tout au moins de réserve – l’avaient assombri ; et son regard, quoique toujours aussi pénétrant, éclairait désormais le visage d’un homme vieilli.
    — Ah, dit le roi, je ne puis attendre.
    Et il courut à la rencontre de celui qu’il nommait son « Père »... Sans quitter la fenêtre, Diane de Poitiers soupira. Elle songeait à ce jeune maréchal que son défunt mari, Louis de Brézé, recevait jadis à Rouen pour lui prodiguer ses conseils... « Il ira très loin », disait-il. Si seulement il avait pu voir, réunies à Saint-Germain, les trois têtes du nouveau règne !
    Montmorency fut ému de voir le roi venir à sa rencontre. Il lui fit sa première révérence, mais Henri – chose inhabituelle chez lui – le prit bonnement dans ses bras et le serra contre lui. Diane tendait l’oreille, mais elle ne put distinguer leurs propos. Soudain le roi désigna la fenêtre et le connétable, apercevant la grande amie, lui envoya une sorte de baiser.
    — L’avons-nous attendu, ce moment ! cria-t-il.
    — Mais nous n’espérions pas la mort du feu roi pour autant, rectifia-t-elle inutilement.
    — Certes.
    Ce que Diane n’aurait pu imaginer, c’est qu’Henri et son conseiller favori allaient s’enfermer deux heures durant dans une pièce, sans la convier aucunement, ni même se soucier d’elle !

Château de Saint-Germain.
    V oyant se prolonger l’entretien du roi et de son cher connétable, la sénéchale avait été sur le point de quitter Saint-Germain ; mais c’eût été la pire des erreurs.
    Elle préféra prendre patience, et se mit à rôder dans les couloirs. Diane rongeait son frein. Quoique tenue à distance, elle pouvait deviner de quoi parlaient ses amis : deux lots de hauts personnages devaient être constitués. Le premier – où figureraient notamment Annebault, Tournon, mais aussi les reines Éléonore et Marguerite ! – se verrait remercié, pour ne pas dire éloigné. Le second allait entrer en fonction ; l’on y trouvait les noms d’Aumale, de Saint-André, d’Humières, entre autres, ainsi que celui de La Marck, le gendre de Diane... C’est en tout cas ce qu’elle espérait.
    — Vous n’êtes donc pas avec le roi ? s’étonna Charles de Guise, archevêque de Reims, en la trouvant dans un couloir, seule et désemparée.
    — J’ai passé avec le roi toute la matinée, assura-t-elle.
    Le jeune prélat n’insista pas, mais il perçut la colère rentrée de la grande sénéchale lorsque celle-ci lui décocha un trait pour le moins gratuit.
    — Dommage pour vous que le roi ait promis à son père, sur son lit de mort, de fermer l’accès du Conseil aux princes lorrains...
    Charles sourit aux anges. Car c’est justement là qu’il voulait en venir.
    — Je ne suis pas prince lorrain, mais prince de l’Église, d’abord, et de France, ensuite. Mon frère aussi est prince de France... En somme, l’interdiction ne vaut que pour mon père... Tout au moins, si vous êtes d’accord avec nos vues...
    Diane lui rendit son beau sourire.
    — Quelque chose me dit, gloussa-t-elle, que nous sommes faits pour nous entendre.

Saint-Cloud, Paris.
    E n attendant les funérailles 29 , le corps du roi François avait été transféré à Saint-Cloud, dans une autre belle demeure du cardinal du Bellay, évêque de Paris. Le long cercueil, de plomb doublé de chêne, couvert d’un poêle de velours, reposait sur des tréteaux dans une chambre funéraire drapée de noir, chichement illuminée de quelques cierges. Des moines y récitaient en boucle les prières pour les défunts.
    Mais à quelques pas de là, se perpétuait un étrange cérémonial. Conformément à la coutume, un artiste habile 30 avait moulé le visage du feu roi, puis réalisé son effigie en cire avant de l’installer sur un mannequin articulé de bois et d’osier. Ce monarque formel 3 , paré d’une chemise de satin rouge, d’une tunique bleu de France et revêtu du grand manteau violet semé de lys et doublé d’hermine, ce double inanimé chaussé de bottines de fil d’or aux semelles cramoisies, avait été allongé sur un lit de parade en drap d’or ; et c’est lui qui désormais recevait l’hommage des grands officiers.
    Se déroulaient autour de lui, indéfectiblement, le lever et le coucher du roi, mais également son dîner et son souper publics ; ainsi les panetiers, les échansons, les écuyers tranchants s’acharnaient-ils,

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