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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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pomme à demi rongée par les souris.
    — Mais… ! s’exclama-t-elle. Où sont passées nos réserves ?
    Denny était furieux. Il se passa une main rageuse sur la bouche avant de répondre :
    — Un fils de… un fils maudit de Bélial a déchiré l’arrière de la tente et nous les a prises.
    La fureur qui l’envahit était presque bienvenue.
    — Quoi ? Le… le…
    Denny inspira profondément, cherchant à reprendre son sang-froid.
    — Certes mais, le pauvre… Il devait avoir faim.
    — Il n’avait qu’à demander ! rétorqua-t-elle. C’est un voleur, tout simplement !
    Elle tapa du pied, fulminante. Puis déclara :
    — Je vais aller quémander de quoi manger. Surveille le café.
    — Ce n’est pas la peine d’y aller pour moi, protesta-t-il sans conviction.
    Elle savait qu’il n’avait rien mangé depuis le matin et le lui dit en le fixant droit dans les yeux.
    — Mais les loups… commença-t-il.
    — J’emporte une torche, l’interrompit-elle. Et je plains le loup qui viendra se mettre en travers de mon chemin dans mon humeur actuelle !
    Elle attrapa son sac de cueillette et sortit avant qu’il ne puisse lui demander à qui elle comptait s’adresser.
     
    Il y avait une douzaine de tentes proches où elle aurait pu se rendre. Depuis les mésaventures de déserteur de Denny, plus personne ne considérait les Hunter avec perplexité et suspicion, et elle entretenait des rapports cordiaux avec plusieurs épouses de miliciens campant non loin.
    Elle aurait pu se dire qu’elle répugnait à déranger ces braves femmes à une heure si tardive. Ou qu’elle voulait connaître les dernières nouvelles de la reddition – l’Ami Jamie suivait de près les négociations et lui dirait tout ce qu’il pouvait. Ouencore qu’elle souhaitait consulter Claire Fraser au sujet d’une verrue qui poussait sur son gros orteil.
    Mais c’était une femme intègre et elle ne se raconta pas d’histoires. Elle marchait vers le campement des Fraser comme attirée par un aimant et cet aimant s’appelait Ian Murray. Elle en était pleinement consciente et, tout en se disant qu’elle était folle, elle n’y pouvait rien, pas plus qu’elle ne pouvait changer la couleur de ses yeux.
    Ce qu’elle comptait faire, dire ou même penser quand elle le verrait dépassait son imagination mais elle avançait néanmoins d’un pas aussi déterminé que si elle se rendait au marché, la lumière de sa torche illuminant le sentier boueux devant elle, son ombre la suivant, immense et étrange sur la toile pâle des tentes devant lesquelles elle passait.

27
    Le cracheur
    J’étais en train d’entretenir le feu quand j’entendis des pas lents. Je me retournai et vis une forme massive entre moi et la lune. Elle semblait fondre sur moi. Je voulus m’enfuir mais mes jambes refusaient d’obéir. Comme dans les pires cauchemars, je tentai de crier mais ma voix resta prisonnière de ma gorge. Il n’en sortit qu’un mince filet étranglé.
    La forme monstrueuse, bossue et sans tête, s’arrêta devant moi avec un grognement. Puis il y eut un mouvement brusque et le bruit sourd d’un objet s’écrasant sur le sol à mes pieds, faisant remonter un courant d’air froid sous mes jupes.
    — Je t’ai apporté un cadeau, Sassenach .
    Jamie m’adressa un sourire radieux et essuya son front trempé de sueur.
    — Un… cadeau ? répétai-je d’une voix faible.
    Je baissai les yeux vers l’énorme tas de… de quoi ? Puis je sentis l’odeur.
    — Une peau de bison ! m’exclamai-je. Oh, Jamie ! Une vraie peau de bison ?
    On ne pouvait en douter. La peau ne venait pas d’être tannée, Dieu merci, mais l’odeur de son premier propriétaire était toujours perceptible, même avec ce froid. Je tombai à genoux et la caressai. Elle était convenablement traitée, souple et relativement propre. Je passai mes doigts dans la laine rêche sans rencontrer de terre, de bourre, de fragments de bouse ou autres détritus qui accompagnaient généralement un bisonvivant. Elle était immense. Et chaude. Merveilleusement chaude.
    J’enfonçai les mains dans ses profondeurs qui retenaient encore un peu de la chaleur de Jamie.
    — Tu l’as gagnée au jeu ?
    — Oui, répondit-il fièrement. A l’un des officiers britanniques.
    — Tu joues avec les Britanniques ?
    Je lançai un regard inquiet dans la direction du camp ennemi même s’il était hors de vue.
    — Uniquement avec le capitaine Mansel. Il est arrivé avec la

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