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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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désormais.
    — Il les a surpris ?
    — Oui. J’étais avec lui et, au détour d’un buisson, nous sommes tombés sur eux. Il était clair que ce n’était pas Ian qui avait pris les devants mais il n’opposait pas beaucoup de résistance non plus.
    Le colonel Miller s’était figé un instant puis avait fondu sur eux. Il avait agrippé son épouse par le bras et, après avoirmarmonné à Jamie : « Bonsoir, monsieur », l’avait traînée vers leur campement tandis que la jeune femme poussait des cris d’orfraie.
    — Bigre ! Quand est-ce arrivé ?
    Jamie lança un regard vers la lune.
    — Il y a environ cinq ou six heures.
    — Et il est déjà tombé amoureux de quelqu’un d’autre ?
    Il me sourit.
    — Tu n’as jamais entendu parler du coup de foudre, Sassenach  ? Il ne m’a fallu qu’un seul regard pour être à tes pieds.
    — Hmm, fis-je, flattée.
     
    Je hissai péniblement la lourde peau de bison sur le tas de branches de sapin qui constituait notre sommier, étalai dessus deux couvertures et repliai le tout comme un chausson, créant une grande poche imperméable et douillette. Puis, grelottante, je me glissai dedans.
    J’avais laissé le rabat de la tente ouvert et observais Jamie buvant et discutant avec deux miliciens venus partager quelques ragots.
    Tandis que mes pieds dégelaient pour la première fois en un mois, je sombrai dans une béatitude infinie. Comme la plupart des gens contraints de vivre en plein air à l’automne, je dormais habituellement emmitouflée dans tous les vêtements que je possédais. Les femmes qui suivaient l’armée ôtaient quelquefois leur corset. Quand il ne pleuvait pas, on en voyait le matin suspendus à des branches pour les aérer, tels d’immenses oiseaux malodorants prêts à prendre leur envol. Mais la plupart se contentaient d’en dénouer les lacets avant de se coucher. S’ils étaient assez confortables quand on était debout, ils laissaient beaucoup à désirer comme pyjamas.
    Ce soir-là, dans la perspective de mon nouveau cocon, j’avais non seulement retiré mon corset, roulé sous ma tête en guise d’oreiller, mais également ma jupe, mon chemisier, ma veste et mon fichu, me glissant dans le lit en chemise et bas. Je me sentais délicieusement dévergondée.
    Je m’étirai voluptueusement puis passai mes mains sur tout mon corps avant de les poser sous mes seins, imaginant le plan d’action proposé par Jamie.
    La chaleur de la peau de bison me plongeait dans une agréable torpeur. Après tout, je n’avais pas besoin de lutter contre le sommeil. Vu son humeur, Jamie n’hésiterait pas à me réveiller sans égard chevaleresque pour mon repos.
    Tout en décrivant de petits cercles autour de mon mamelon du bout d’un doigt, je m’interrogeais : Etait-ce l’acquisition de son trophée qui l’avait inspiré ? Ou la frustration sexuelle l’avait-elle convaincu de miser sur la peau de bison ? Depuis qu’il s’était blessé à la main, cela faisait… combien de jours ? J’étais en train de faire le calcul quand j’entendis une nouvelle voix près du feu.
    Ian. Ce n’était pas que je n’étais pas contente de le voir mais… Au moins il n’avait pas débarqué au beau milieu de nos ébats.
    Il était assis sur une pierre, la tête baissée. Il sortit un objet de son sporran et le retourna entre ses doigts tout en parlant. Il paraissait inquiet mais rayonnait étrangement.
    Voilà qui était bien singulier. J’avais déjà vu cette expression. Un sorte d’intense concentration sur quelque chose de merveilleux, un secret qu’il était le seul à détenir.
    Une fille, me dis-je, à la fois amusée et émue. Il avait regardé de cette même manière Mary, la jeune prostituée qui l’avait dépucelé. Et Emily ?
    Dans ce dernier cas, la joie qu’elle lui avait procurée avait sans doute été mitigée par le fait que, pour être avec elle, il allait devoir se séparer de tous ceux qu’il aimait.
    Le jour des adieux, Jamie avait déposé son plaid sur l’épaule de son neveu et lui avait dit «  Cruimnich  », « Souviens-toi ». J’avais cru que mon cœur allait se fendre en deux.
    Il portait toujours le même plaid effiloché agrafé à sa tunique en daim.
    — Rachel Hunter  ?
    Jamie avait parlé suffisamment fort pour que je l’entende. Je me redressai, interloquée.
    — Rachel Hunter  ? répétai-je. Tu es amoureux de Rachel ?
    Ian se tourna vers moi, surpris de me voir surgir de la tente.
    —

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