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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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nuages, sentant la brume froide s’enrouler autour de vous, vous envelopper dans sa paix. Ou les soirs d’été, quand la surface scintillait sous l’effet de centaines de petits cercles concentriques tandis que les alevins remontaient en surface, leur rythme interrompu de temps à autre par le bond inattendu d’un saumon.
    La route se rapprocha de l’eau et il vit les pierres où il avait appris à Joan et Marsali à pêcher à la main, tous trois si concentrés qu’ils en oubliaient les moucherons. Ils rentraient au crépuscule couverts de piqûres et de coups de soleil, les fillettes sautillant, s’accrochant à lui et riant aux éclats. Il sourit puis fit tourner son cheval vers la maison sur la colline.
    Elle était défraîchie mais pas délabrée. Il remarqua avec mauvaise grâce que des réparations avaient été effectuées. Un mulet de selle paissait dans l’enclos derrière la bâtisse, vieux mais apparemment en bonne santé. Tant mieux, Laoghaire nedépensait pas l’argent qu’il lui donnait en fanfreluches ou en calèches.
    Il posa la main sur la barrière et sentit une décharge le parcourir. La sensation du bois sous sa paume était terriblement familière. Il l’avait soulevée d’instinct à l’endroit où elle raclait toujours le sentier. Il se souvint tout à coup de sa dernière entrevue avec Ned Gowan, l’avocat de Laoghaire, quand, exaspéré, il lui avait demandé : « Mais que veut cette maudite bonne femme, à la fin ? » Ned avait répondu sur un ton enjoué : « Votre tête, plantée sur sa barrière. »
    Il referma cette dernière un peu plus brutalement que nécessaire et contempla la maison.
    Un mouvement attira son attention. Un gamin, assis sur un banc au-dehors, l’observait, un harnais abîmé entre les mains.
    Il n’avait pas été gâté par la nature. Il était maigre, avec un visage étroit de furet. Il louchait et sa bouche béante sous le coup de la stupeur ne lui donnait pas l’air très futé. Jamie le salua aimablement et lui demanda si sa maîtresse se trouvait chez elle.
    Vu de près, le gamin avait en fait une trentaine d’années. Il tourna légèrement la tête de côté pour le dévisager de son bon œil.
    — Vous êtes qui, vous ? demanda-t-il sans aménité.
    Considérant qu’après tout il s’agissait d’une visite protocolaire, Jamie répondit :
    — Fraser de Broch Tuarach. Je suis venu voir Mme…
    Il hésita, ne sachant pas comment désigner Laoghaire. D’après sa sœur, elle se faisait toujours appeler Fraser malgré le scandale. Il avait estimé ne pas pouvoir s’y opposer dans la mesure où il était fautif et se trouvait en Amérique mais il aurait préféré s’arracher la langue plutôt que de l’appeler Mme Fraser, fût-ce devant son domestique.
    — Allez chercher votre maîtresse, je vous prie.
    — Qu’est-ce que vous lui voulez ?
    Il ne s’était pas attendu à rencontrer une obstruction et faillit perdre son calme. Il se contint néanmoins. Cet homme avait dû entendre parler de lui et, après tout, il était normal qu’il protège son employeur, même si ses manières étaient frustes.
    — Je souhaite m’entretenir avec elle, si vous n’y voyez pas d’inconvénients. Pensez-vous pouvoir vous remuer les fesses pour aller la prévenir ?
    L’homme grogna dans sa barbe et posa son harnais. Quand il se leva, Jamie remarqua avec consternation qu’il avait la colonne vertébrale toute tordue et une jambe plus courte que l’autre. S’excuser n’aurait fait qu’empirer les choses et il se contenta de s’effacer pour le laisser passer. Il le regarda clopiner vers la maison. Cela ressemblait bien à Laoghaire d’employer un infirme rien que pour lui faire honte.
    Il regretta aussitôt cette pensée, irrité par sa propre réaction. Comment se faisait-il qu’une malheureuse femme sans défense telle que Laoghaire parvienne à faire ressortir ses traits de caractère les plus noirs et mesquins ? Jenny avait cette capacité elle aussi, se rappela-t-il. Sa sœur savait le mettre en colère et lui faire prononcer des paroles regrettables, soufflant sur les flammes jusqu’à ce qu’il rugisse ; mais elle savait également éteindre le feu avec un mot juste, comme si elle lui avait lancé un seau d’eau froide à la figure.
    «  Va la voir !  » avait dit Jenny.
    — Eh bien, me voilà, maugréa-t-il.
    — C’est ce que je constate, dit une voix glaciale derrière lui. Qu’est-ce que tu fais ici ?
    Il

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