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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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fit volte-face et découvrit Laoghaire qui le toisait depuis le pas de sa porte, un balai à la main.
    Il ôta son chapeau et s’inclina.
    — Bien le bonjour chez toi. J’espère que tu te portes bien.
    Apparemment, c’était le cas. Sous son fichu blanc amidonné, son teint était rose et son regard clair.
    — J’ai appris que tu étais de retour. Que fais-tu ici ?
    — Je suis venu prendre de tes nouvelles.
    Elle haussa des sourcils surpris.
    — Je me débrouille. Que veux-tu ?
    Il avait répété mentalement une centaine de fois ce qu’il était venu dire et pourtant il aurait dû savoir qu’il perdait son temps. Certaines choses pouvaient être planifiées mais pas quand il y avait une femme en jeu.
    — Je suis venu te demander pardon. Je l’ai déjà fait une fois et tu m’as tiré dessus. Es-tu prête à m’écouter, cette fois ?
    Elle se détendit quelque peu et baissa les yeux vers son balai, se demandant peut-être s’il constituait une arme appropriée, puis haussa les épaules.
    — Comme tu voudras. Tu veux entrer ?
    Elle fit un signe de tête vers le couloir mais il n’avait aucune envie de se retrouver dans la maison avec le souvenir de ses larmes et de ses silences.
    — Il fait beau. Si nous marchions un peu dans le jardin ?
    Elle hésita quelques instants puis acquiesça et se dirigea vers le sentier menant au jardin sans l’attendre. Il remarqua qu’elle tenait toujours fermement son balai et ne sut pas s’il devait en rire ou s’en offenser.
    Ils traversèrent la basse-cour sans échanger une parole et franchirent la barrière donnant sur le jardin. C’était un jardin potager utilitaire mais il se terminait par un charmant verger. Les plants de petits pois et d’oignons étaient en fleurs. Elle avait toujours aimé les fleurs, se souvint-il avec un serrement de cœur.
    Elle avait balancé son balai par-dessus son épaule comme un fusil et marchait à ses côtés d’un pas nonchalant. Comprenant qu’elle ne lui tendrait pas la perche, il s’éclaircit la gorge.
    — J’ai dit que j’étais venu présenter mes excuses.
    — Oui, je t’ai entendu.
    Elle s’arrêta et poussa du pied une tige de pomme de terre.
    Il essaya de se remémorer le discours qu’il avait minutieusement préparé.
    — Il s’agit de… de notre mariage. J’ai eu tort. Mon cœur était froid. Je n’avais pas le droit de t’offrir quelque chose qui était mort.
    Elle ne releva pas les yeux mais ses narines se dilatèrent. Elle examinait la plante comme si elle soupçonnait la présence de parasites.
    — Je le savais déjà, dit-elle enfin. J’espérais… j’espérais pouvoir t’aider. Tout le monde voyait bien que tu avais besoin d’une femme. Mais pas de moi, je suppose.
    Piqué au vif, il répliqua sans réfléchir :
    — Je croyais que c’était toi qui avais besoin de moi .
    Elle releva enfin vers lui des yeux brillants. Fichtre, elle allait se mettre à pleurer, il l’aurait parié ! En fait, il n’en fut rien.
    — J’avais des enfants à nourrir.
    Sa voix dure et glaciale l’atteignit comme une gifle.
    Au moins, elle était honnête.
    — C’est vrai, convint-il. Mais elles sont grandes à présent.
    Sans compter qu’il avait fourni une dot pour Marsali et Joan, même s’il eût été étonné qu’elle l’en remercie.
    — Ah, je vois où tu veux en venir ! Tu es venu pour m’entortiller et essayer de ne plus me verser mon dû !
    — Mais non, ce n’est pas ce que j’ai dit !
    Elle ne l’écouta pas et lui fit face avec une soudaine hargne.
    — Parce que, ne te berce pas d’illusions, tu ne t’en tireras pas comme ça ! Tu m’as humiliée devant toute la paroisse, tu m’as bernée pour m’attirer dans une union immorale et tu m’as trahie, à ricaner dans mon dos avec ta putain sassenach  !
    — Mais je ne…
    — Et voilà que monsieur revient d’Amérique, attifé comme un milord. (Elle fit une moue de dédain en regardant sa meilleure chemise à jabot. Dire qu’il l’avait mise pour lui montrer du respect, ce sot !) Tu étales ta richesse et tu joues les grands seigneurs avec ta vieille gourgandine qui se pavane à ton bras avec ses soieries et ses satins ! Eh bien, laisse-moi te dire une chose…
    Elle fit basculer son balai et le planta violemment dans le sol.
    — … tu me connais très mal si tu t’imagines que tu vas m’impressionner, que je vais ramper dans un trou comme un chien en train de crever et disparaître à jamais ! Tu te

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