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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mère mais a-t-il besoin de m’en parler ?
    — Euh… non, répondit Jamie légèrement étourdi.
    Le sifflement du vent contre le rocher lui pénétrait dans les oreilles, lui donnant l’impression d’être de retour dans sa grotte, rongé par la solitude, avec nul autre interlocuteur que le bruit du vent pendant des semaines. Il s’efforça de se concentrer sur le visage de Joan. Celle-ci était en train d’expliquer :
    — Elle en a envie aussi, je crois. Elle ne m’en parle pas, Dieu merci. Mais elle est très attachée à lui ; elle lui donne toujours les meilleurs morceaux aux repas.
    Il écarta une mèche de cheveux qui lui entrait dans la bouche puis demanda :
    — Dans ce cas… pourquoi ne se marient-ils pas ?
    — A cause de toi, répondit Claire. Et je suppose que c’est là que j’interviens ?
    — A cause de…
    — … de l’accord que tu as conclu avec Laoghaire quand je suis revenue.
    L’attention de Claire était concentrée sur Joan mais elle se rapprocha de Jamie et effleura sa main sans le regarder. Elle poursuivit :
    — Tu t’es engagé à subvenir à ses besoins et à fournir des dots à Marsali et Joan mais vous êtes convenus que ce soutien cesserait si elle se remariait. C’est bien là le problème, n’est-ce pas ?
    Joan approuva.
    — Joey et elle pourraient se débrouiller. Il fait ce qu’il peut mais… tu l’as vu. Si tu arrêtais d’envoyer de l’argent, elle serait probablement contrainte de vendre Balriggan et cela lui briserait le cœur.
    Elle baissa pudiquement les yeux pour la première fois.
    Il ressentit un étrange malaise, étrange car ce n’était pas le sien, mais il le reconnaissait. Cela s’était passé au cours des premières semaines de leur mariage alors qu’il retournait la terre pour agrandir le potager. Laoghaire lui avait apporté un broc de bière fraîche et s’était tenue à ses côtés pendant qu’ilse désaltérait. Puis elle l’avait remercié. Il s’en était étonné et, en riant, lui avait demandé pourquoi.
    « Parce que tu prends soin de ma terre mais n’essaies pas de te l’approprier. »
    A la suite de quoi elle avait repris le broc et était rentrée dans la maison.
    Une autre fois, alors qu’ils étaient au lit (il eut honte d’y penser avec Claire à ses côtés), il lui avait demandé pour quelle raison elle tenait tant à Balriggan. C’était une maison de famille mais elle n’avait rien de remarquable. Elle avait remonté la couverture jusque sous son menton et répondu :
    « C’est le premier endroit où je me sens en sécurité. »
    Quand il avait voulu en savoir plus, elle s’était retournée et avait fait semblant de s’endormir.
    Joan était en train de dire à Claire :
    — Elle préférerait perdre Joey plutôt que Balriggan. Mais elle ne veut pas se séparer de lui non plus. Vous comprenez le problème ?
    — Oui.
    Claire compatissait mais n’en adressa pas moins à Jamie un regard lui indiquant clairement que c’était son problème. Comme s’il ne le savait pas déjà !
    — Je… trouverai une solution.
    Il n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle serait mais comment refuser ? En outre, si son propre sentiment de culpabilité ne l’achevait pas, Dieu le foudroierait sûrement pour avoir entravé la vocation de Joan.
    — Oh, père, merci !
    Le visage de Joan s’éclaira d’un sourire radieux et elle se jeta dans ses bras. Il eut à peine le temps de lever les siens pour la recevoir. C’était une jeune femme très solide. Il la serra contre lui, l’étreignant comme il avait voulu le faire plus tôt et sentit son malaise s’atténuer tandis que cette étrange fille se nichait douillettement dans un petit espace vide dans son cœur dont il avait ignoré l’existence jusqu’alors.
    Claire les regardait en souriant. Le vent soufflait toujours et c’était peut-être une particule de poussière qui la faisait larmoyer.
    Quand Joan le libéra et s’écarta, il déclara sur un ton sévère :
    — J’y mets toutefois une condition.
    — Tout ce que tu voudras !
    — Tu prieras pour moi, quand tu seras nonne ?
    — Tous les jours. Et deux fois le dimanche.
     
    Le soleil commençait à descendre vers l’horizon mais il restait un peu de temps avant le dîner. J’aurais dû aller proposer mon aide en cuisine. Avec tant de gens allant et venant, la préparation des repas était longue et laborieuse et Lallybroch n’avait plus les moyens de s’offrir une

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