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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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doigt, voilà qui était injuste. Ian sourit et s’adossa au rocher.
    — Depuis quand la vie est-elle juste ?
    Ils restèrent assis en silence un long moment, absorbés par le spectacle du vent jouant dans les pins sur la colline opposée. Puis Jamie ouvrit son sporran et en sortit un petit paquet blanc. Il était un peu sale mais minutieusement enveloppé.
    Ian regarda le petit objet dans sa paume.
    — Qu’est-ce que c’est que ça ?
    — Mon doigt, répondit Jamie. Je… euh… je me demandais si ça t’ennuierait qu’il soit enterré avec toi.
    Ian le dévisagea un moment, interloqué, puis ses épaules commencèrent à tressauter.
    — Mon Dieu, non ! Ne ris pas ! s’alarma Jamie. Je ne voulais pas te faire rire ! Jenny me tuera si tu craches un poumon et passes l’arme à gauche ici au milieu de nulle part !
    Ian se mit à tousser, sa quinte entrecoupée de gloussements incontrôlables. Il pleurait de rire. Il pressa ses deux poings contre son torse pour s’aider à respirer. Quand, enfin, la crise fut passée, il se redressa lentement, soufflant comme un bœuf. Il renifla puis cracha une glaire écarlate sur les cailloux.
    — Je préférerais mille fois mourir en riant ici avec toi que dans mon lit entouré de six prêtres récitant des prières, mais je n’aurai probablement pas cette chance.
    Il tendit la main.
    — J’accepte. Donne.
    Jamie déposa le petit cylindre enveloppé de tissu blanc dans sa paume et Ian le laissa tomber dans son propre sporran .
    — Je te le garderai à l’abri jusqu’à ce que tu me rejoignes.
     
    Il descendit entre les arbres et marcha jusqu’à la lisière de la lande qui s’étendait sous la grotte. Il faisait un froid mordant qu’accentuait la brise. La lumière changeait sur le paysage avec la rapidité d’un battement d’ailes tandis que les nuages, longs et épars, filaient dans le ciel. Il avait repéré un sentier de cerf dans la bruyère au cours de la matinée mais il avait disparu sous un éboulis. A présent, il revenait vers la maison. Il se trouvait derrière la colline au sommet de laquelle se dressait le broch, ses versants couverts d’un petit bois de hêtres et de pins. Il n’avait pas vu un chevreuil ni même un lapin de la journée. Avec une telle maisonnée, un peu de gibier aurait été bienvenu mais, en réalité, il avait surtout eu envie de sortir à l’air libre ; peu importait qu’il rentre bredouille.
    Il ne pouvait être avec Ian sans avoir envie de le fixer des yeux, de le graver dans sa mémoire, d’imprimer tout ce qui faisait son beau-frère dans son esprit comme tous les moments importants de sa vie, afin de pouvoir les revivre à loisir. D’un autre côté, il ne voulait pas se souvenir de Ian tel qu’il était à présent. Mieux valait conserver de lui ce qu’il avait déjà : la lueur d’un feu jouant sur un côté de son visage, riant aux éclats tandis qu’il le battait dans une partie de bras de fer, sa propreforce les surprenant tous les deux ; ses longues mains noueuses tenant un couteau à dépecer, l’odeur chaude et métallique du sang sur ses doigts ; ses cheveux châtains ébouriffés par le vent venant du loch ; son dos étroit et musclé penché en avant tandis qu’il soulevait un de ses enfants ou petits-enfants et le faisait sauter en l’air.
    Ils avaient bien fait de venir, pensa-t-il. Et ils avaient bien fait d’amener le garçon à temps pour qu’il puisse parler à son père d’homme à homme, apaiser son esprit et lui faire ses adieux dignement. Mais vivre dans cette maison avec cet homme qu’il aimait comme un frère et le voir mourir à petit feu était insoutenable.
    Avec autant de femmes sous un même toit, les chamailleries étaient inévitables. Avec autant de femmes Fraser, c’était comme de se promener dans une poudrière en tenant une chandelle allumée. Chacun faisait de son mieux et mettait de l’eau dans son vin… mais cela ne faisait qu’empirer les choses quand une étincelle mettait enfin le feu aux poudres.
    Il eut une pensée compatissante pour Claire. Après l’incident dans le poulailler avec Jenny, elle s’était retranchée dans le bureau de Ian. (Il l’avait invitée à s’en servir, ce qui devait agacer Jenny plus que tout.) Elle y passait ses journées à écrire, rédigeant le livre qu’Andy Bell lui avait mis en tête. Elle avait une grande capacité de concentration et pouvait rester cloîtrée dans son esprit durant des heures, mais il

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