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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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bien failli lui coûter la vie. Quant à elle, elle avait frôlé la mort, avait été violée, avait tué un homme. Il ne lui avait jamais parlé de ce dernier point. Il lui faudrait bien y venir pourtant ; il voyait parfois le poids de cette culpabilité dans ses yeux. Il la reconnaissait parce qu’il la partageait.
    Et cependant… Aurait-il choisi de ne pas savoir ce qu’il savait maintenant ? De n’avoir jamais vécu dans le passé, de ne pas avoir rencontré Jamie Fraser ni connu cet aspect de Claire qui n’existait que lorsqu’elle était avec lui ?
    Après tout, ce n’était pas l’arbre du bien et du mal dans le Jardin d’Eden, mais l’arbre de la connaissance du bien et du mal. La connaissance était peut-être un cadeau empoisonné mais c’était un cadeau quand même et peu de gens l’auraient rendu de leur plein gré. Ce qui était aussi bien puisqu’on ne pouvait pas le rendre. C’était l’argument auquel il avait eu recours dans leur discussion :
    « On ne sait pas ce qui pourrait advenir mais on ne peut être sûrs qu’il ne se passera rien de mal. Voire de très mal. A quoi cela lui servirait-il de savoir que sa mère était une folle, une sorcière, ou les deux ? En tout cas, une triple meurtrière. Quant à son père, outre le fait d’être infidèle, il a tenté de commettre un assassinat au moins une fois. Ça m’a déjà suffisamment troublé quand ta mère m’a appris que Geillis Duncan était mon ancêtre éloignée. Et avant que tu ne me le demandes, oui, j’aurais pu vivre sans le savoir. »
    Elle s’était mordu la lèvre et avait acquiescé à contrecœur avant d’avouer :
    « C’est que… je pense à Willie. Pas à William Buccleigh mais à William, mon frère (elle semblait toujours un peu gênée quand elle prononçait ce mot). J’aurais tellement aimé qu’il sache . Mais papa et lord John étaient formellement contre. Ils avaient peut-être raison. Il a sa vie, et c’est plutôt une bonne vie. D’après eux, lui dire la vérité la ferait voler en éclats.
    — Ils ont raison ! S’il l’apprenait, il serait contraint de vivre un mensonge qui le rongerait en permanence ou d’admettre ouvertement qu’il est le bâtard d’un criminel écossais. Ce qui, dans la culture du XVIII e  siècle, est tout bonnement i-na-ccep-table.
    — Ils ne lui enlèveraient pas son titre, s’était-elle défendue. Papa a dit que, selon la loi anglaise, un enfant né d’une femme mariée est considéré comme l’enfant légitime de son mari, que ce dernier soit le père biologique ou pas.
    — Imagine-toi vivre avec un titre en sachant que tu n’y as pas droit, que le sang qui coule dans tes veines n’est pas aussi bleu que tu le croyais. Avoir des gens autour de toi qui te font des courbettes et te donnent du « milord ceci, milord cela » en sachant comment ils te traiteraient s’ils étaient au courant. Dans un cas comme dans l’autre, cela détruirait sa vie aussi sûrement que si tu l’asseyais sur un baril de poudre et allumais la mèche. L’explosion ne se produirait peut-être pas tout de suite mais la conflagration aurait lieu tôt ou tard.
    — Mmph… »
    Ce n’était pas un assentiment. Même s’ils étaient passés à autre chose, il savait que cette discussion n’était pas terminée.
    Il avait pratiquement vérifié toutes les portes du rez-de-chaussée et termina par son bureau.
    Il alluma la lumière et entra dans la pièce. Il était complètement réveillé, les nerfs à vif. Pourquoi ? La maison essayait-elle de lui dire quelque chose ? Il ricana dans sa barbe. Il était difficile de ne pas s’imaginer des choses en pleine nuit dans une vieille bicoque. Pourtant, il se sentait toujours très à son aise dans son bureau. Qu’est-ce qui clochait ?
    Il contempla sa table de travail, le profond rebord de la fenêtre avec le bouquet de chrysanthèmes jaunes de Bree, les étagères…
    Il se figea, le cœur dans les talons. Le serpent avait disparu. Ah non ! Il était toujours là mais pas à la bonne place. Il ne se trouvait pas devant le coffret contenant les lettres de Claire et de Jamie mais deux étagères plus bas.
    Il le prit, caressa machinalement du pouce le bois de rose poli par les ans. Annie MacDonald l’avait-elle changé de place ? Non. Elle dépoussiérait et balayait le bureau mais nedéplaçait jamais rien. Il l’avait vue un jour soulever une paire de sabots en caoutchouc crottés de boue et abandonnés dans

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