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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Ouououi… fit-elle en se blottissant contre lui. Y avait de grosses pierres. Très grosses . Et elles me criaient dessus.
    Il sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine. Seigneur, peut-être se souvenait-elle de son passage à travers les pierres.
    — Ce n’est rien.
    Il lui tapota le dos, essayant d’apaiser par la même occasion l’angoisse sourde dans sa poitrine. Dans son souvenir, il voyait vraiment les pierres ; il les sentait et les entendait. Se tournant légèrement, il aperçut le visage blême de Buccleigh et comprit qu’il avait reconnu lui aussi l’accent de la vérité dans la voix de Mandy.
    — Que s’est-il passé ensuite, a leannan  ? Tu t’es approchée des grosses pierres ?
    — Pas moi, Jem ! Le monsieur l’a pris et les pierres l’ont mangé  !
    Elle s’effondra à nouveau en larmes.
    — Le monsieur ?
    Roger se tourna encore un peu afin que Buccleigh entre dans le champ de vision de la petite.
    — Tu veux parler de ce monsieur, ma chérie ? D’oncle Buck ?
    — Non, nonnononononon, un autre !
    Elle se redressa, le fixant de ses grands yeux remplis de larmes, le visage tout froissé par l’effort de se faire comprendre.
    — Le tonton de Bobby !
    Il entendit Brianna revenir. Ses pas dans l’escalier étaient rapides mais irréguliers, comme si elle titubait et se cognait contre les murs. Quand elle apparut sur le palier et qu’il vit ses traits livides et ses yeux exorbités, il sentit tous les poils de son corps se hérisser.
    — Il a disparu, haleta-t-elle. Martina dit qu’il n’est pas avec Bobby et qu’il n’a jamais été prévu qu’il dorme chez eux. Je lui ai demandé de sortir regarder dans la rue. Rob habite trois portes plus loin. Elle dit que sa camionnette n’est plus là.
     
    En dépit du froid, les mains de Roger glissaient sur le volant. Il sortit de la nationale en prenant son virage sur les chapeaux de roues. La voiture pencha dangereusement au point que William Buccleigh donna de la tête contre la vitre.
    — Pardon, dit Roger automatiquement.
    Buccleigh se frotta la tempe en grommelant :
    — Ralentis un peu, tu vas nous envoyer dans le fossé et on sera bien avancés !
    Roger s’efforça de lever le pied. Le pâle quartier de lune n’éclairait guère et il faisait un noir d’encre. Les phares de la petite Morris perçaient à peine les ténèbres et leurs faisceaux se balançaient d’un côté et de l’autre tandis que la voiture rebondissait sur la route en terre cahoteuse qui menait à Craigh na Dun.
    Buccleigh abaissa sa vitre et sortit la tête à l’extérieur, essayant vainement de voir un peu plus loin que ce que lui permettait le pare-brise couvert de boue.
    — Mais pourquoi ce trusdair a-t-il enlevé ton fils ? Et pourquoi, par la barbe de saint George, l’amènerait-il ici  ?
    Roger répondit sans desserrer les dents :
    — Je n’en sais foutre rien ! Il croit peut-être qu’il a besoin de sang pour ouvrir la porte des pierres. Bon sang ! Qu’est-ce qui m’a pris d’écrire ça ?
    Il frappa son volant de frustration. Buccleigh tiqua, puis le regarda fixement.
    — Alors c’est ça ? C’est comme ça que vous faites, avec du sang ?
    — Mais non, bordel ! C’est la période de l’année, et les pierres précieuses. Enfin, c’est ce que nous croyons.
    — Pourtant, tu as écrit « sang », avec un point d’interrogation.
    — C’est vrai mais… Comment ça ? Toi aussi, tu as lu mon cahier, espèce de fumier ?
    Les traits de Buccleigh se durcirent mais il conserva son calme.
    — Surveille ton langage, fiston. Bien sûr que je l’ai lu, comme tout ce sur quoi j’ai pu mettre la main dans ton bureau. Tu en aurais fait autant à ma place.
    Roger s’efforça de refouler la panique qui menaçait de le submerger.
    — Oui, peut-être. Et si c’était toi qui avais pris Jem, je t’étriperais mais je pourrais comprendre pourquoi. Mais ce connard  ! Qu’est-ce qu’il a bien pu se mettre en tête, nom de Dieu ?
    — Calme-toi. Ce n’est pas en perdant les pédales qu’on aidera le petit. Ce Cameron… il est comme nous ?
    — Je ne sais pas. Je n’en sais rien !
    — Mais il y en a d’autres, n’est-ce pas ? Ce n’est pas que dans notre famille ?
    — Je ne sais pas. Oui, je crois, mais je n’en suis pas sûr.
    Tout en essayant de réfléchir, Roger négociait les nombreux virages de la route envahie par les ajoncs. Il voulait prier mais son cerveau terrifié ne parvenait

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