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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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Hunnicutt ?
    — Oui, je crois bien.
    Le sourcier se pencha sur le jeune homme et posa délicatement un long index sur son abdomen.
    — J’en ai trouvé une, au moins. Pour l’autre, je ne suis pas encore sûr.
    — Je vous l’avais dit, Mercy, ça ne sert à rien.
    Henry avait toujours les yeux fermés. Il leva une main vers Mme Woodcock qui la prit avec un naturel qui fit tiquer Grey.
    — Même si Hunnicutt était sûr de lui, je ne veux pas d’une autre opération. Je préfère mourir.
    En dépit de sa faiblesse, il parlait avec une conviction sans faille. Grey reconnut là l’opiniâtreté familiale.
    Le joli visage de Mme Woodcock était soucieux. Elle sentit le regard de Grey sur elle et lui fit face. Il ne changea pas d’expression et elle releva le menton, soutenant son regard avec, dans le sien, une lueur féroce. Elle ne lâcha pas la main de Henry.
    Ah ! Je vois, pensa-t-il. C’est comme ça, hein ?
    Il toussota et Henry rouvrit les yeux.
    — Quoi qu’il en soit, mon petit Henry, tu m’obligerais en évitant de mourir avant que j’aie amené ta sœur pour qu’elle te fasse ses adieux.

8
    Quelques réserves
    1 er  juillet 1777
    Les Indiens l’inquiétaient. Le général Burgoyne les trouvait merveilleux mais Burgoyne était un dramaturge.
    Il rédigeait lentement la lettre qu’il écrivait à son père, cherchant à donner forme sur le papier à ses réserves :
     
    … Ce n’est pas que je le prenne pour un fantaisiste ni que je le soupçonne de ne pas comprendre la nature des Indiens avec lesquels il traite. Il la comprend parfaitement. Cependant, je me souviens d’une discussion avec M. Garrick à Londres. Il parlait du dramaturge comme d’un dieu qui dirige les actions de ses personnages, exerçant sur eux un contrôle absolu. M. Cowley n’était pas de cet avis, arguant qu’il était illusoire de présumer que le créateur pouvait contrôler ses créations et que de tenter de le faire sans connaître leur vraie nature était voué à l’échec.
     
    Il s’interrompit et mordilla le bout de sa plume. Il sentait qu’il approchait du cœur du problème sans toutefois l’avoir touché.
     
    Je crois que le général Burgoyne ne mesure pas vraiment l’indépendance d’esprit et le véritable objectif des…
     
    Non, ce n’était pas ça. Il barra sa ligne et replongea sa plume dans l’encrier. Il retourna sa phrase dans sa tête, la rejeta, enformula une autre qui ne lui convint pas davantage, puis abandonna toute tentative d’éloquence pour simplement décharger son esprit. Il était tard ; il avait parcouru une trentaine de kilomètres à pied et était fatigué.
     
    Il croit pouvoir se servir des Indiens comme d’un outil et je pense qu’il se trompe.
     
    Il contempla sa phrase un moment. Elle lui parut un peu abrupte mais il ne trouvait rien de mieux et le temps pressait : sa chandelle était presque consumée. En se disant qu’après tout son père connaissait les Indiens – et probablement le général Burgoyne – bien mieux que lui, il signa rapidement, sabla, sécha, cacheta sa lettre puis s’effondra sur son lit et sombra dans un sommeil sans rêves.
    Toutefois, son malaise concernant les Indiens continua à le hanter. Il n’avait rien contre eux, loin de là. Il appréciait leur compagnie, ils chassaient parfois ensemble et passaient des soirées agréables à boire de la bière et à échanger des histoires autour d’un feu.
    Un soir qu’ils rentraient d’un dîner particulièrement arrosé donné par le général pour les officiers de son état-major, il déclara à Balcarres :
    — Le problème, c’est qu’ils ne lisent pas la Bible.
    — Qui ça ? Attends un peu !
    Le major Alexander Lindsay, sixième comte de Balcarres, tendit une main devant lui pour éviter un arbre puis, y prenant appui pour conserver son équilibre, déboutonna maladroitement sa braguette.
    — Les Indiens.
    Il faisait sombre mais William vit Sandy fermer lentement un œil afin de concentrer l’autre sur lui. La présence de dames au dîner l’avait rendu fort joyeux et les convives s’étaient un peu laissés aller.
    Balcarres acheva d’uriner puis poussa un long soupir de soulagement.
    — Non, c’est exact, répondit-il.
    Il semblait disposé à en rester là mais William, dont les pensées étaient un peu plus confuses qu’à l’accoutumée,estima qu’il s’était mal exprimé. Oscillant légèrement, il reprit :
    — Je veux dire… Tu sais, le

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