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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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semble, il me trouvera.
    — Épargnez la Clisson si vous la retrouvez.
    Elle avouait ainsi que c’était elle avec laquelle elle avait partagé sa litière.
    — Je n’ai jamais eu l’intention de l’occire… Je ne suis ni pour l’un ni pour l’autre, en Bretagne… Ensuite, votre quatrième volonté ?
    Isabelle ne s’était toujours pas retournée.
    — Je vous la ferai connaître en son temps.
    C’était déconcertant. Saladin mit fin à l’embarras d’Ogier en lui grattant le genou. Il avait faim et soif. La jouvencelle ouvrit :
    — Voilà vos compagnons.
    Vêtus de sec, eux aussi, Thierry et Raymond passaient –, ce dernier portant une torche. Tout en les rejoignant, suivi d’Isabelle et du chien, Ogier leur narra sa mésaventure.
    — Qui croyez-vous que c’est ? demanda Champartel avant de s’engager dans l’escalier.
    — M’est avis, chuchota Raymond, que nous aurions dû poursuivre notre chemin. Je me sens mal, céans, et veillerai au grain.
    Lui sachant bon gré de cette méfiance, Ogier remarqua l’absence d’Adelis.
    — Votre sœur est lasse, messire. Elle demande une soupe. Je vais la lui faire porter.
    Ogier accrocha le regard d’Isabelle. Il n’exprimait plus rien – pas même un soupçon de bienveillance.
    « Elle s’appelle comment, déjà ? » Il avait oublié son nom mais il le lui demanderait. Quant à porter ses couleurs, il n’en avait plus envie, sans d’ailleurs savoir pourquoi… Et ses quatre volontés !… Quelle était la quatrième ?… Il fallait que cette fille fût folle, en vérité, pour lui proposer d’occire Blainville et Leignes !
    Voyant une cuisse fuselée tendre le pan de la pelisse, il se reprocha d’avoir manqué d’audace : elle lui avait parlé sans ambages ; il eût dû agir de même. Il aurait pu trousser ce vêtement…
    Isabelle s’immobilisa sur le premier degré de l’escalier :
    — À quoi pensez-vous, messire Fenouillet ?
    Elle avait retenu son nom, elle !
    — À moult choses agréables… Peut-être à celles auxquelles vous pensez aussi.
    Enlever, même rudement, ces étoffes intimes eût peut-être été moins malaisé que de lui arracher ses secrets.

III
    La table était dressée près de la cheminée. En son milieu, deux candélabres éclairaient une vaisselle d’argent. Il y avait profusion de pâtés, volailles et miches rebondies autour de quatre gros pichets de vin.
    — Allons, point de façons : asseyez-vous et mangez. Nous ne serons plus dérangés.
    Le baron de Morthemer s’agitait entre les accoudoirs de son siège ; sa voix exprimait l’énergie, la vivacité. Ogier songea que, contrairement aux apparences, rien d’irrémédiable et de désespérant ne menaçait la santé de cet homme.
    Isabelle renvoya les servantes. Elle régnait en l’absence de sa tante et semblait heureuse qu’il en fût ainsi. Étrange chose : lorsqu’il l’avait vue attachée à son arbre et subissant la haine des Bretons, Ogier s’était senti prêt à l’admirer. Vierge insoumise, incroyablement hardie, elle avait de quoi lui plaire. Et maintenant ? Il la trouvait semblable à tant d’autres. Pareille de visage, de corps, mais nullement d’esprit.
    — Outre que j’ai mangé, dit Guy de Morthemer, pardonnez-moi de demeurer près du feu : il me guérit. Je me remets mal d’une chute dont mon cheval n’est en rien fautif. Il a rué parce qu’il y avait un bout de clou sous ma selle… Qui l’a planté ? Je ne sais… On m’en veut et on ne tenait pas à ma présence aux joutes… Mais pourquoi ?… Ah ! là, là. J’aurais pu me rompre le cou… Le mire que j’ai mandé, Benoît Sirvin, de Chauvigny, m’a dit que je serai guéri dans deux semaines… Je ne verrai pas mes amis !… Je connais tous ceux qui viennent, là-bas…
    Le baron fit un geste, sans doute en direction de Chauvigny.
    — Cette chute a ranimé une vieille blessure. Au plus fort du siège d’Hennebont, voici quatre ans, un carreau m’a touché un os, entre les reins… Par saint Michel, quelle affreuse guerre, en Bretagne !… Vous n’y combattiez pas, Fenouillet ?
    — Non, messire.
    Tout en mâchant une tranche de pain enduite d’un pâté de lièvre, Ogier ne cessait d’observer cet homme amoindri et fier, dans la lueur cuivrée des flammes.
    — Jean de Montfort est mort, à ce que l’on raconte. Ce qu’il y a de vrai, c’est que son trépas n’a servi à rien… et que sa femme s’est révélée

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