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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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pichet d’étain sur la longue table de cuisine :
    — C’est du clairet de par chez nous que je vous offre.
    Buvotant le vin sans déplaisir, bien qu’il fût lourd et râpeux, Ogier entendit le soufflet de la maréchalerie, puis les ahans du fèvre mettant vigoureusement un fer en forme.
    — Je suis bien aise, dit-il, de ne plus chevaucher.
    Ses compagnons l’approuvèrent. En feignant d’ignorer une chienne grise, pataude, aux mamelles gonflées, Saladin se coucha auprès d’Adelis, toujours occupée de Titus. Ogier la soulagea du faucon qu’il jucha sur la corniche d’un vaisselier. Après avoir noué la longe du rapace à l’une des colonnes du meuble, il déchaperonna l’oiseau dont l’œil humide l’examina sans bienveillance.
    — Dame Perrine, donnez-lui un peu de viande crue… en vous méfiant de son bec !
    Ce conseil exprimé, il allait se rendre à la forge lorsque la commère parut inquiète :
    — Votre faucon pleure et jette aussi de l’eau par ses narilles.
    Ogier s’approcha du rapace. Effectivement, il larmoyait.
    — Il a pris froid, et je suis sûre que ses yeux, au soir, il les protège de son aile. Il semble ainsi qu’il dorme alors qu’il n’en est rien…
    — C’est vrai, dit Adelis.
    Son anxiété toucha Ogier.
    — Il est enrhumé du cerveau, continua dame Eyze, mais j’ai vu le mal à temps… Je vais mettre dans sa viande une poudre qui le guérira.
    Elle disparut. Ogier considéra ses compères :
    — En vérité, nous avons bien fait de nous arrêter.
    Il s’intéressait moins à Titus qu’à Marchegai et Saladin, et c’était la première fois qu’il le voyait malade. Brusquement, il s’apercevait qu’il aimait son faucon.
    — Veillez bien sur lui, Adelis.
    Cette recommandation eût été superflue si elle n’avait signifié qu’il lui accordait toute sa confiance.
    Il allait s’asseoir auprès de la jeune femme quand Saladin se leva. En grognant, le chien poussa la porte entrebâillée, puis traversa la cour. Il s’immobilisa sur la bordure herbue du chemin et parut humer l’air en provenance de la cité.
    — Que lui arrive-t-il ?… Et quel est ce bruit lointain ?
    — Les sabots d’un cheval, dit Matthieu Eyze, sur le seuil de la forge. Et il va, il va !
    — Quelque messager, sans doute.
    Le crépitement s’amplifiait. La queue de Saladin s’agita lorsqu’un cheval blanc apparut à sa vue. L’animal exténué galopa encore quelques toises avant de prendre le pas pour aller s’immobiliser devant le chien qui tourna autour de lui en aboyant et sautant de joie.
    — Roxelane ! dit Ogier en s’élançant. Holà ! venez, les gars, c’est Roxelane.
    La jument hennit. Dans l’écurie, Marchegai lui répondit. Ogier entendit son destrier ruer, gratter le sol impatiemment. « Il va casser du bois ! » songea-t-il. Il vit Hervé, inquiet, courir vers le bâtiment.
    — Non, garçon, n’entre pas… Cela lui passera.
    Raymond, Bressolles et Thierry le rejoignirent. Briatexte, de loin, s’écria :
    — Tudieu !… Cette pauvre bête est hors d’haleine.
    — C’est à croire, dit Matthieu Eyze, qu’elle a couru toute la nuit ! Quelques lieues de plus et elle mourait.
    Ogier n’était pas de ceux qui découvraient des signes favorables ou néfastes dans certains faits. La vue d’un chat endormi ne signifiait point pour lui « une menace de trahison » et l’apparition d’un cheval blanc « une bonne nouvelle en chemin  ». Soudain tourné vers le forgeron, et pour se sentir rassuré, il exprima son angoisse :
    — Roxelane appartient à ma cousine. Pourquoi et comment, surtout, a-t-elle pu nous rejoindre ?
    — Les bêtes, dit Bressolles, savent des choses que nous avons oubliées.
    Après avoir passé sa paume sur la robe frissonnante et couverte d’écume de la jument, Ogier se plaça devant elle :
    — Eh bien, princesse, que t’est-il advenu ?
    Roxelane encensa tout en le considérant de ses grands yeux d’ambre humide. Ses naseaux de velours frémissaient ; sa bouche s’entrouvrait sur une langue pendante, chargée de spume. Le mors l’avait blessée – il le lui enleva ainsi que les rênes et la sous-gorge. La selle penchait. La respiration de la jument s’exaspéra en une sorte d’enrouement plaintif.
    — D’où viens-tu, ma belle ? demanda Thierry en lui caressant l’encolure. Ah ! là là, messire, il est arrivé malheur à Jean et à votre cousine.
    — Ils ont dû nous suivre

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