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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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contraignait toujours à reculer. Il se sentait passif, délesté de toute malveillance : il devait en savoir davantage sur les agissements de ces hommes ; ensuite, il aviserait à ce qu’il devait faire.
    — Votre lame, messire.
    Il saisit Confiance, coincée sous l’aisselle de l’écuyer, dégaina et laissa le fourreau choir au sol. Bressolles promptement le ramassa.
    — Aussi vrai que je m’appelle Argouges, cette jument appartient à Tancrède de Rechignac.
    — Qu’est-elle devenue ?… C’est la cousine de messire.
    Thierry était aussi hargneux et assoiffé de vérité que si Tancrède avait appartenu à sa famille.
    Les trois hommes d’armes mirent pied à terre. Le plus jeune s’occupa des chevaux ; les autres rejoignirent leur compagnon que l’écuyer menaçait toujours.
    — Arrière, les gars ! Arrière, cria-t-il, ou j’en jure Dieu, malgré ses mailles, j’outreperce votre compère. Vous allez voir, vous tous, si Champartel est un ribaut !
    En le traitant ainsi, le sergent l’avait offensé. Son visage mal rasé, pâle et suant, d’ordinaire paisible, exprimait un courroux extrême, et peut-être pire : un violent désir d’homicide.
    « Non, pas de sang, se dit Ogier. Pour ma part, j’en suis repu. »
    Cependant, cette scène, et ce qu’elle présageait, semblait convenir à Briatexte : il venait d’ébaucher un geste vers son épée.
    — Laissez votre Gloriande où elle est, Enguerrand ! Je sais qui sont ces hommes et je connais ces armes.
    Et, désignant les écussons flétris sur les tabards :
    —  D’argent à une bande de sinople chargée de cinq croisettes d’or  : vous êtes des soudoyers [36] de Thibaut d’Augignac !
    Il considérait le sergent qui, reculant sous la pression du picot de lance, craignait d’être éventré s’il s’immobilisait. C’était un quadragénaire aux cheveux ternes, cendrés, dépassant en touffes incultes de sa coiffe de guerre. De part et d’autre du nasal, ses yeux clairs, bridés, lançaient des lueurs arrogantes.
    — Êtes-vous Ogier d’Argouges, messire ?
    — Ne te l’ai-je pas dit une fois de trop ?
    Sans plus se soucier d’être navré, le sergent cala ses poings sur ses hanches :
    — Votre cousine est auprès de Renaud d’Augignac et de son père.
    — Auprès ?… Tu veux dire : au pouvoir.
    Le sergent haussa les épaules ; il n’avait cure de ces subtilités :
    — Je suis fort aise de vous voir !… Nous vous suivions depuis votre passage à Châlus, mais de trop loin. La nuit vous a aidés : nous avons perdu vos traces… Je désespérais de vous retrouver ce matin quand nous avons rencontré un gars qui venait de vous quitter.
    — Norbert ! dit Raymond. Où est-il ?
    — En Paradis, sans doute, ricana le sergent. Il était courroucé contre vous, mais au lieu de se revancher en se contenant de nous dire où vous étiez, il a voulu… négocier. Plutôt qu’une poignée d’or en sa bourse, l’un de nous lui a fourni une bonne mesure d’acier dans l’escarcelle.
    Ogier n’éprouva rien ; il détestait Norbert.
    — Ainsi, vous nous suiviez !… Mais ma cousine ?… Vas-tu parler, fesse-pinte ? Je ne vois pas ton nez sous ton nasal, mais je suis certain qu’il est vermeil !… Allons, parle !… Où, quand et comment l’avez-vous attrapée ?
    Le sergent tenta de repousser la lance ; Champartel l’appesantit davantage.
    — Ôte ça, Thierry.
    À regret, l’écuyer leva l’arme ; soulagé, le sergent croisa les bras :
    — Votre cousine, messire, vous suivait, elle aussi, à distance… avec un jeune gars.
    — Jean ! s’écria Raymond. Où est-il ?
    — Continue, l’homme, demanda Ogier. Raymond, cesse de l’interrompre.
    Il lui coûtait de feindre la sérénité. Le sergent eut un bref sourire :
    — Elle portait si bien l’armure de fer que nous les avons pris pour deux hommes : un chevalier, elle , et son écuyer. Nous les avons arrêtés à la nuit tombante pour exiger d’eux le péage, puisqu’ils traversaient nos terres.
    — Ne sais-tu pas, face de cancre, que les chevaliers peuvent aller et venir sur les chemins péageux sans bourse délier ?
    — Faut dire, messire, qu’on avait reçu des injonctions sévères et qu’on s’y est conformés… Faut dire aussi que la méprise était justifiée, car votre cousine a dégainé et s’est battue baudement [37] . Et ce n’est pas elle qui a faibli, mais son compagnon… C’est après

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