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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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suffit…
    — Qu’attendez-vous de moi ? Que j’aille seul ou presque délivrer ma cousine ? Et si je m’en allais ? Si je l’abandonnais ?
    — Messire Renaud est sûr du contraire… Il dit que si vous ne faites rien en sa faveur, il fera tout en sa défaveur.
    — C’est-à-dire ?
    — Messire ! ricana l’Entaillé. Vous connaissez les usages. Tout d’abord, il la… connaîtra. Ensuite, il la livrera aux soudoyers – dont nous sommes –, lesquels, si elle vit encore, l’offriront à la meute.
    — Ordures !
    L’Entaillé plongea sa main sous son tabard, d’où il tira un parchemin.
    — Ceci, dit-il, c’était pour le cas où nous vous aurions rencontré comme nous venons de le faire… À toi de lire, Hélie, car moi, je ne sais pas…
    Le sergent se saisit de la feuille épaisse, tachée de sueur, et la déplia. D’une voix lente, incertaine, il lut la provocation que le père de Renaud avait dû dicter à son chapelain, et nommément adressée à Ogier d’Argouges :
    —  Pour les grands biens, honneur et… vaillance que je sais être en votre… noble personne, et pour qu’aucun… sévice… ne puisse être fait à votre très belle et… très noble cousine…
    —  Abrège ces formalités oiseuses, coquin ! s’exclama Briatexte. Viens-en au fait !
    S’inclinant, le sergent lut immédiatement les chapitres des combats proposés par Renaud : lance, hache, épée, fléau et masse d’armes. Tout y figurait ! Le vainqueur conserverait Tancrède.
    La décision d’Ogier fut prise incontinent :
    — J’accepte.
    Les quatre hommes sourirent, soulagés. Quelle ire et quelles punitions s’ils étaient revenus déconfits à Augignac.
    — Je serai demain, au matin, sous vos murs, vêtu et houssé dessus mon armure et tout paré de mes pleines armes afin que ce présomptueux reçoive le châtiment qu’il mérite… Dites-lui que je tiens à voir ma cousine avant que nous nous affrontions, et qu’elle monte Broiefort, le cheval de mon oncle… Car lorsque Renaud sera mort, nous ne nous attarderons pas à prier pour son âme… Dites aussi à Thibaut d’Augignac que cette riote [41] ne peut avoir lieu qu’au-delà de l’enceinte… et qu’il fasse préparer un cercueil pour son gars… Car aussi vrai que je me nomme Argouges, je le saignerai avant que de l’énaser [42]  ! Et si j’en ai loisir, je l’essorillerai !
    Les hommes acquiescèrent et montèrent en selle. Ils partirent sans proférer un mot. Matthieu Eyze revint auprès d’Ogier :
    — Perrine et moi allons prier pour vous, messire. Je m’occuperai de cette Roxelane sitôt qu’elle sera moins chaude… Nous savons par ouï-dire qui sont les Augignac. Entre eux et les truands, aucune différence : ils tuent, emprisonnent et sans doute empoisonnent, rançonnent et violent… Prenez garde !
    — Que ferez-vous de votre cousine ?
    La question venait de Bressolles, que Tancrède avait toujours ébahi par ses propos et ses façons garçonnières.
    — Pour son bonheur, il lui faut aller de l’avant… Elle voulait gagner la Bretagne…
    — La Bretagne ! s’exclama Briatexte.
    Il n’ajouta rien et rengaina son épée. Ogier poursuivit :
    — Une fois libre – car je pourfendrai Renaud –, elle décidera de son destin.
    Il fit quelques pas. Il avait besoin de silence et de solitude. Il flottait dans un rêve fluide et glacé comme cette pluie longtemps subie. Il s’aperçut qu’il tremblait. Avaient-ils bien fait de s’arrêter ? Si Raymond n’avait pas cru que Marcepin perdait un fer, ils auraient parcouru deux bonnes lieues encore avant de prendre du repos. Roxelane ne les aurait jamais rejoints. Il n’eût rien su de Tancrède et de Jean…
    Il s’appuya sur l’épaule de Champartel :
    — Voilà que ma cousine me contrarie une fois de plus… Ah ! j’ai hâte de revoir mes parents et Gratot… Seul avec toi, nous serions peut-être au-delà de Poitiers… Et il va falloir revenir en arrière à cause de cette goguelue !
    Matthieu Eyze s’éloignait ; il l’interpella :
    — J’ai faim… Une fois que j’aurai mangé, je me coucherai… J’essaierai de dormir jusqu’à la prochaine aube… Bressolles, vous resterez céans avec Adelis, Saladin et Titus. Les autres me compagneront.
    — Messire, veillez bien sur vous, dit Adelis.
    Dans l’ombre de l’auvent qui surmontait l’entrée de la forge, elle lui offrait un visage blafard. Il se souvint de sa beauté belle

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