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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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disposer.
    Était-ce vrai ou faux ? Godefroy d’Argouges tendit un gobelet d’eau fraîche au blessé. Il but avidement, puis reprit :
    — À mon retour, contrairement à mes souhaits, j’appris que les états étaient partagés, mais j’eus pour moi sept prélats et grands seigneurs : ceux du Léon, de Pont-l’Abbé, de Kerlouan, et si certains hésitèrent à me rendre hommage, c’est qu’ils étaient liés par serment à Jeanne de Penthièvre… Les bourgeois, les hurons m’appartenaient de cœur.
    — Vous aviez espéré un succès plus complet !
    Montfort lança sur Ogier un regard irrité :
    — C’est vrai. Et puisqu’il le fallait, je levai une armée avec le trésor de mon frère et m’en allai conquérir Châteauceaux, Brest, Rennes, Hennebont, la Roche-Périou, Auray, Goy-la-Forêt, près de Landerneau, puis Carhaix où l’évêque Alain le Gai me reconnut pour duc de Bretagne !
    — Et pendant ce temps, dit Ogier, Philippe VI fourbissait des armes contre vous !
    — La Bretagne, disait-il à ses proches – dont Blainville – était un trop riche joyau pour qu’il me la laissât. C’est pourquoi, par prudence, je passai en Angleterre afin de savoir si je pourrais compter sur l’appui d’Édouard III.
    — C’était une trahison !
    — Une nécessité… Touchant terre à Cherstey, j’ai chevauché jusqu’à Windesore et là, en présence de Robert d’Artois…
    — Un traître !
    Montfort pinça les lèvres, puis sèchement :
    — Tu veux dire, Ogier, une autre victime de Philippe VI. Il est devenu ce que tu lui reproches parce qu’il était épris de justice et que le roi de France est inique et mauvais… Regarde ton père, qui vient de me conter son histoire, et ose dire que je mens !
    Ogier se garda d’insister ; Montfort continua, écrasant la sueur dont son front se couvrait :
    — Ma visite réjouit Édouard. Il me dit que sa guerre contre son cousin allait s’en trouver embellie… Je retournai à Nantes où ma femme et mon fils m’attendaient… Tiens, Ogier, reverse-moi de cette eau dans ce gobelet… J’ai soif…
    Montfort recommençait à s’épuiser, mais il eût été vain de lui enjoindre de s’apaiser : il revivait sa vie.
    — Philippe VI me somma de comparaître devant lui. Je partis peu de jours après avoir reçu dignement ses envoyés. J’avais autour de moi quatre cents seigneurs et écuyers, plus encore de serviteurs… Nous descendîmes dans les hôtels de la rue de la Harpe, et le lendemain de notre arrivée, montant mon grand coursier, je me rendis au Louvre où Philippe m’attendait entouré des pairs du royaume et des barons. Il y avait même Charles de Blois !… Je fis la révérence au roi qui me dit qu’il se merveillait de ce que j’avais osé entreprendre en Bretagne. Puis, cessant de sourire sous son grand nez mou, il me dit qu’il était offensé que j’eusse demandé l’aide du roi d’Angleterre, son ennemi juré, et lui eusse fait hommage des terres de Bretagne… J’ai protesté qu’il n’en était rien et que je n’avais fait que me précautionner contre l’adversité… Quant aux places dont je m’étais emparé, je les considérais comme miennes car, sauf avis contraire, je ne connaissais de plus proche héritier de mon frère que moi-même.
    — Et qu’a dit le roi ? demanda Ogier.
    — Que les pairs de France décideraient dans les quinze jours et qu’il m’enjoignait de ne point sortir de Paris avant que le jugement fut rendu.
    — Alors ?
    — Je suis rentré à mon hôtel pour dîner. J’allais me mettre à table quand un homme, Blainville, demanda à me parler… Il m’avertit que le roi avait formé le dessein de me faire arrêter sans délai, et que les dispositions des pairs étaient favorables à mon adversaire… Ma sûreté exigeait que, malgré la promesse faite au roi, je sortisse de Paris au plus tôt.
    — Blainville ! s’exclama Godefroy d’Argouges. Cela dut bien vous ébahir !
    — D’autant plus que je savais quelle place il occupait auprès de Philippe et de la Boiteuse… Je lui demandai pourquoi il se rangeait à mes côtés. Il me répondit que tout ce qui pouvait desservir les Valois lui plaisait, et qu’un jour, il m’en dirait davantage. En fait, s’il est vrai qu’il exècre Philippe et son frère Alençon, il ne m’a jamais dit pourquoi… Je conviens que ce jour, il me sauva… Reconnaissant, je lui remis un anneau de grand prix qu’il

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