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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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France ne s’était exprimé.
    – Gues-Gues-Guesclin a raison, approuva le Bègue de Villaines. Le le-le Mauvais restera… en… en… Navarre.
    L’Aragonais tapota l’encolure de son cheval houssé de velours pourpre. Son regard tomba sur Alcazar et s’illumina pour s’assombrir lorsqu’il remonta vers les visages de Guesclin, Bourbon, Villaines. Sa face aux pommettes saillantes, aux grands yeux noirs allongés, s’imprégna d’une gravité concentrée :
    – C’est notre souhait, messires. Nous savons que le roi Pèdre, qui craint votre venue, a sommé le Mauvais de se mettre en campagne. Nous savons que le petit roi a usé de remises et subterfuges pour différer sa participation à la guerre. Notre suzerain bien-aimé, feignant d’ignorer le dernier traité du Navarrais, lui a fait dire qu’il était temps d’exécuter celui qu’il avait conclu avec le Saint-Père, le roi de France et le prince Enrique. Cela, j’en suis sûr, l’a jeté dans une terrible perplexité : s’il tient le marché conclu avec Pèdre, il verra don Enrique, le roi d’Aragon et vous-mêmes, messires, prêts à fondre sur lui. S’il exécute le premier traité, il prévoit que don Pedro ne fera qu’une bouchée de la Navarre et que son pays sera exposé à la fureur d’un fol sans pouvoir espérer le moindre secours… ni du roi de France qu’il n’a cessé d’offenser ni du roi d’Aragon qu’il a trahi ni même du prince de Galles qui n’a pour lui ni estime ni amitié… et qui est accointé au roi de Castille… Mais quittons ces lieux, messires…
    On avança. La curiosité avait rapproché Tristan de Bourbon et, de Guesclin. Il demeura dans leur suite tandis que les chevaux allaient au pas. Le comte de Dénia reprit d’une voix teintée d’un accent voisin de celui des gens de la Langue d’Oc :
    – Navarre a le génie de la cordelle 270 . Pour se tirer d’affaire, son dernier expédient a été de s’ouvrir à don Henri… ou Enrique… Il lui a avoué sa perfidie – ce traité conclu avec le Castillan au préjudice de celui qui subsistait avec le Pape et nos rois. Plutôt que de négocier, don Enrique a exigé sa neutralité… Voilà, messires, où nous en sommes… et j’ajoute, afin que vous sachiez tout, que le roi Charles a demandé que l’ains-né fils de notre roi épouse dona Maria, l’infante de Navarre sans dot puisque Pierre IV lui a garanti ses états contre une attaque de la France. Il a également demandé à notre suzerain qu’en signe de bonne volonté, il lui baille quarante mille florins d’or contre quelques châteaux sans importance.
    – Pire qu’un Juif ! enragea Guesclin.
    Dénia émit un rire dont Tristan se demanda si la raison concernait les Juifs ou le Breton.
    – Quelques jours de silence et les prétentions de messire Charles ont fondu : vingt mille florins… qui n’ont pas été versés.
    – Et le mariage ?
    –  Notre sire Pierre IV y a consenti sans pourtant s’engager parfaitement.
    On avança en silence. Il semblait qu’on en eût assez dit. Tristan se laissa dépasser. Son beau-père le rejoignit, suivi de Paindorge, des soudoyers et des sommiers.
    – Eh bien ? demanda Ogier d’Argouges.
    – Nous sommes acceptés mais ce Dénia se défie de nous.
    – J’en ferais autant à sa place.
    – Que pensez-vous de ces Aragonais ?
    – Ils sont aussi bien armés que nous le sommes. Ce sont des…
    Une voix s’éleva, derrière eux.
    – Des ricos hombres , des riches hommes…
    C’était Naudon de Bagerant. Il ajouta :
    – La piétaille aragonaise pourra se montrer ébahie par vos armures. Pas les nobles. Ils ont des batteurs de plates aussi habiles que ceux de France, d’Italie, d’Angleterre. Certains Espagnols ont adopté la façon de se vêtir des Mores et leur manière de guerroyer. Vous verrez des géniteurs 271 par milliers. Des archers aussi bons que les Gallois. Des arbalétriers ou ballesteros qui sont meilleurs que les Génois. De plus, les gens d’armes ne se haient 272 jamais pour combattre : ils escarmouchent, lancent des épieux et des alénas au galop puis tournent bride sans se soucier de conserver leur rang… La seule arme défensive de la piétaille est une targe ronde : un cètre de cuir comme on en voit en Bretagne. Les plus riches sont couverts de mailles ou d’un hoqueton de toile cloutée. À pied ou à cheval, ils vont vélocement. Et ils aiment le sang comme ils aiment le vin !
    On atteignit

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