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Les fontaines de sang

Les fontaines de sang

Titel: Les fontaines de sang Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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depuis Briviesca, était demeuré à l’arrière-garde, et commençait à se manifester.
    – À quoi bon, dit don Tello. N’est-ce pas, Enrique ?
    –  Tu dis vrai. Nous avons dépassé Quintanapalla nous allons entrer à Gamonal… Sans doute est-ce là qu’ils ont choisi de nous rejoindre.
    On repartit et contourna le village. Une lieue, peut-être moins, après qu’on l’eut quitté, les mandataires des Burgosiens apparurent, précédés de leur Clergé portant croix et gonfanons et chantant des psaumes.
    – Ils ont dû, dit Tristan, quitter la cité à l’aube. Ils chantent Te deum laudamus… L’évêque les conduit. Ils sont une trentaine.
    Il y avait, entourant les gens d’Église richement vêtus, huit sergents portant chacun une courte lance en haut de laquelle, juste sous la douille du picot de fer, on avait attaché une clé. Elles remuaient et brillaient « comme celles du Paradis », commenta frère Béranger qui jubilait d’une autre façon qu’à Briviesca.
    –  Il y a huit portes à Burgos, dit don Tello. L’évêque a dû demander une contribution urgente aux Juifs pour nous la dispenser afin de nous émouvoir !
    Soudain, le Trastamare leva les bras au ciel.
    – Seigneur Dieu, s’écria-t-il, veuillez garder de toute affliction ceux qui me font, ce jour d’hui, si bonne compagnie. Donnez longue vie et santé à Bertrand ! Donnez joie et honneur aux chevaliers qui sont venus à mon aide !
    Menant son cheval jusqu’à Guesclin, il lui saisit la main :
    – Ah ! Bertrand, que Jésus te bénisse ! En ce beau jour par toi ma chair est exaltée !
    Le Breton sourit avec une humilité si fausse que le comte de la Marche ne put s’empêcher de rire.
    – Sire Enrique, dit Guesclin, je ne vous faudrai pas tant que vous n’aurez toute l’Espagne en votre pouvoir. Jamais le faux mécréant qui fit mourir notre dame Blanche, de si noble lignée, n’en tiendra rien !
    – Bien dit, fit Bourbon.
    Mais il était gêné ou furieux que le Breton eût évoqué sa cousine. N’était-ce point à lui d’y faire référence ?
    – Quittons nos selles, tous, commanda le Trastamare. Il nous faut aller à pied au-devant de la Sainte Croix.
    – Et au-devant de ton royaume, dit don Tello, radieux.
    À quelque cent pas de l’évêque, le bâtard de Castille abandonna son cheval et piéta seul vers cette croix qu’il avait pourtant souillée.
    On attendit. On murmura quand le prélat donna sa bénédiction au roi sans couronne, agenouillé, et dont les éperons devaient percer les fesses.
    – Sire, Burgos tout entière vous fera bon accueil.
    Paindorge se pencha :
    – Ce mitré parle en français pour être compris de Guesclin que toute la cité doit redouter… Sa renommée l’a devancé.
    En se relevant promptement, comme furieux de s’être humilié, fût-ce aux pieds d’un intercesseur de Dieu, le Trastamare s’exprima en espagnol, très hautement afin que tous les délégués de Burgos l’entendissent. Tristan se pencha vers Serrano :
    – Que dit-il ?
    – Que Pèdre est un couard… Ah ! il parle plus bas et je ne sais plus rien.
    Dénia s’approcha et au trouvère, saisissant la phrase commencée :
    – … porque le parescia que este hombre que era â el particular enemigo havia sido quitado del Cielo y de la fortuna â su triunfo, y â su gloria esperanda ; porque siendo y a antes’desafiado, deseava estremanente verse con el en pelea particular por dar fin a su querella por su gran honra 379 .
    –  Il dit, messires, qu’il aurait voulu terminer en champ clos sa querelle avec son frère.
    Dénia s’éloigna ; Serrano, que cette présence avait gêné, se permit un commentaire à voix basse :
    – Jamais don Enrique n’affrontera don Pèdre.
    – Pourquoi ? demanda Lebaudy.
    – Parce qu’il y perdrait la vie.
    *
    On repartit lentement derrière les délégataires dont on voyait osciller les lances aux picots étincelants sous lesquels remuaient les huit clés de Burgos. Quelques crosses d’or ou de cuivre se mêlaient à ce déploiement d’armes et de bannières, et c’était, semblait-il, avec une gaieté, une impatience et une rigueur sans cesse affermies que les sabots ferrés tambourinaient le sol.
    Paindorge qui s’était volontairement laissé glisser vers l’arrière afin de connaître çà et là les avis et les intentions des capitaines et des chefs de routes, ramena trois hommes – deux à cheval, l’autre sur mulet – dont

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