Les fontaines de sang
Bagerant, le bourc de Breteuil, bien qu’Édouard III eût signifié à tous ses capitaines son refus de les voir se joindre aux Français. Cependant, comme Richard Tanton, ils passèrent outre 423 .
Or, sitôt dans le Midi, ces bandes se dissocièrent. D’autres, qui avaient déjà franchi la frontière, revinrent en France. Et il convient de préciser que ni le Trastamare ni le roi d’Aragon ne tenaient plus à leur concours ! Mais Guesclin et quelques autres étaient affriandés par cette guerre d’Espagne. L’assouvissement de leur haine contre les Juifs et les Maures faisait d’eux des fauves qui ne demandaient qu’à se répandre sur l’Hispanie.
L’Archiprêtre, occupé dans de petites guerres en Bourgogne, Bresse, Franche-Comté, Savoie, voyait son autorité de plus en plus battue en brèche par ses plus fidèles compagnons. Il tomba sous les coups de ces protestataires le 25 mai 1366 à Glaizé, prés de Villefranche, entre Lyon et Mâcon. Selon Froissart, il s’était attiré leur haine en voulant leur faire quitter la France. Alors qu’il expirait, son cousin, le petit Darbi, assiégeait avec succès le château où s’était retirée sa femme, Jeanne de Châteauvillain, dame du Thil et de Saint-Georges.
Une légende – mais en est-ce une ? -veut qu’Armand de Cervole ait été égorgé par un certain Bernard Donat auquel, en 1358, à Beaucaire, il avait ravi la maîtresse, une jeune juive… pour la faire brûler vive, comme sorcière.
Annexe V
Arnoul d’Audrehem (1302 ? -1370)
Dans les premières pages de l’hagiographie qu’il consacra, en 1883, à Arnoul d’Audrehem, Auguste Molinier emploie, pour définir son héros, une expression des plus juste : « un soldat de fortune ». Et d’ajouter, sans crainte de nuire, d’emblée, à l’homme qu’il a l’intention de glorifier : « Au XIV siècle, la haute aristocratie militaire est en décadence. La guerre devient un métier qui permet aux nobles de petite extraction de se faire un nom et de parvenir aux honneurs. » Puis d’esquisser ce qu’il espère démontrer dans les pages suivantes : parti d’assez bas, Audrehem atteignit les plus hautes charges et il eut l’honneur de compter Bertrand Guesclin sous ses ordres. Comme si le Breton avait été un homme estimable et surtout obéissant !
En fin de préambule Auguste Molinier ajoute : « Audrehem sut se conserver un grand renom d’honnêteté et donna des preuves d’attachement à la cause royale. » Or, c’est la démonstration inverse que l’auteur donne involontairement au lecteur tout au long de son étude. Honnête, Arnoul ? Non. Cœur vaillant ? Non… Et d’ailleurs avait-il du cœur ? Il fut retors, hypocrite, matois, peu courageux, bassement cruel et parjure. Un être abject comme Guesclin. Mais au moins, lui resta dans l’ombre après sa mort ; l’autre est à Saint-Denis. Son gisant fut épargné par la sentine révolutionnaire. Ce res pect est significatif : fussent-ils morts, la truanderie sait révérer ses modèles.
Arnoul naquit à Audrehem, village du Pas-de-Calais situé près de la rivière de Hem, à 4 lieues de Saint-Omer. Son père, Baudouin, était chevalier en 1306. Le 2 juillet de cette année-là, il reconnut, à Esquerdes (arrondissement de Saint-Omer, can ton de Lumbres) avoir reçu des gages pour une chevauchée à Saint-Omer. En février 1327, il donna quittance pour une rente féodale assise sur le château de Tournehem. Ses armes étaient : bordé et bandé de six pièces. Arnoul portait : bandé d’argent et d’azur de six pièces à la bordure de gueules, d’après le héraut Gueldre.
On ne sait trop quand il vit le jour. Sans doute vers 1300. Dans sa Chronique des rois de Castille, Ayala dit que lorsqu’il fut fait prisonnier à Najera, Audrehem avait soixante ans et plus. Froissart affirme que lorsqu’il se démit de sa charge de maréchal, en 1368, il était avancé en âge mais s’armait volontiers. À sa mort, en 1370, il n’avait guère plus de 64 ou 65 ans. On ne sait rien de sa jeunesse.
Arnoul épousa Jeanne, fille de Garnier de Hamelincourt, veuve de Jean de Walincourt 424 (ou Wallincourt, Wailancourt) dont on ne put jamais recomposer les armes. Elles se lisaient : bande de… et de six pièces… à la bordure… Ces deux familles, l’une de l’Artois, l’autre du Hainaut, étaient fort anciennes : Adam de Hamelincourt est cité comme témoin dans une charte de
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