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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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d’or, une autre de
vos réussites, souvenez-vous, aux dépens du prince Volterra. Vous agirez bien
entendu avec le secret concours du baron de Galand et l’aide de vos Foulards
Rouges qui n’attendent que vous et meurent d’impatience de marcher sus à la
Fronde.
    Le comte réfléchit, visiblement contrarié. Le
cardinal prit les devants :
    — À quoi pensez-vous ?
    — Après trois années, je crains que notre
repère de la rue du Bout de Monde ne soit découvert.
    Le cardinal sourit.
    — La remarque est intelligente, Nissac, je
n’en attendais pas moins d’un homme tel que vous. Oui, vous avez raison, la rue
du Bout du Monde, il n’y faut point compter, les Frondeurs ont fini par deviner
sa destination. Il en est hélas de même pour la maison de la rue Sainte-Marie
Égiptienne où mes agents, un couple de fidèles, ont été capturés, pendus, et
leurs corps livrés aux chiens. Mais voyez-vous, bien des choses ont changé. Ainsi,
l’homme que vous m’aviez recommandé avec empressement, Jérôme de Galand aujourd’hui
baron et chef de toutes nos polices, s’est distingué comme un organisateur
exceptionnel et je vous conterai plus tard ses prouesses inouïes.
    — J’étais persuadé qu’il ne vous pouvait
décevoir.
    — Si vous saviez, Nissac, combien cet homme
est un remarquable policier ! En outre, il vous estime et vous admire. Aussi
lui ai-je exposé notre problème et, sachant votre sécurité en jeu, il trouva
rapidement bonne et habile résolution.
    Le cardinal réfléchit un instant et le comte
remarqua que ses mains tremblaient. Mazarin jouait sa vie, et ne l’ignorait pas.
Comme il ne pouvait méconnaître le sort de Concini, maréchal d’Ancre et favori
de Marie de Médicis : assassiné, le corps du bel Italien fut livré à la
populace avinée qui le dépeça, fit griller ses fesses et les dévora lors d’une
grande fête barbare, trente-cinq ans plus tôt.
    Le cardinal reprit :
    — Connaissez-vous, à peu de distance de l’hôtel
de Soubise, le très bel hôtel de Carnavalet ?
    — Je le connais pour être passé devant
sans toutefois m’y arrêter.
    — Bien, très bien. Ces grands hôtels du
Marais et de l’île de la Cité occupent bonne situation centrale en la ville et
la Fronde n’y cherche point querelle aux propriétaires. L’hôtel appartient aux
d’Argouges, des spéculateurs dont Florent, qui fut le trésorier de Marie de
Médicis. Mais nouvel acquéreur est apparu, Claude Boyslesve, qui s’enrichit
dans les fournitures aux armées. Depuis quelques jours, j’ai privilégié sa
position et il rentre l’or à plein bras… L’homme sait vivre et, non sans quelque
élégance en la manière, très diplomate, m’a fait savoir qu’il aurait grand
honneur à m’obliger. J’exposai, toujours par émissaire interposé, que je
désirais qu’il conclût d’urgence avec les d’Argouges mais que la vente fût
effectuée au nom d’un tiers qui me sert, étant convenu que plus tard, les
choses reprendraient ordre véritable et forme régulière. Tout cela étant l’idée
de Jérôme de Galand. Comprenez-vous, cher comte ?
    Nissac hocha la tête.
    — Les d’Argouges vendent à Claude
Boylesve en utilisant le nom d’un mandataire à votre service. Je crois
comprendre que cet homme vous est loyal, et qu’il ouvrira son bel hôtel à mes
Foulards Rouges. Cependant, les gens de la Fronde ne sont point idiots et
viendront certainement fourrer leur groin en notre habile affaire.
    Le cardinal, en grand amusement, se tapa sur
les cuisses comme un enfant préparant un bon tour. Il questionna :
    — Sauf… si ?
    Ce fut Mathilde, jusqu’ici volontairement
silencieuse, qui intervint :
    — Sauf si la Fronde n’a rien à y faire.
    — Mais pourquoi en serait-il ainsi ?
insista Mazarin.
    La jeune femme, têtue, répondit en s’efforçant
de ne point regarder les lèvres rouge géranium du cardinal qui lui donnaient
forte envie de rire :
    — Sauf si votre mandataire est lui-même
Frondeur !
    Le cardinal leva les bras au ciel.
    — Merveilleuse Mathilde !… Mais oui,
cet homme fut Frondeur, et bien connu comme tel. Mais à la mort de son père qui
était, lui, fidèle sujet du roi, il effectua grand revirement, prenant
conscience de sa folie et vint me voir sans façon pour mettre son épée au
service de notre cause. Une fois encore, sur les conseils de Galand, je
demandai à ce Frondeur de ne point révéler ses dispositions nouvelles car

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