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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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telle que je l’énonce : Longjumeau au sud, Lagny
à l’est, Gonesse au nord et l’abbaye de Port-Royal des Champs à l’ouest. Envoyez
les courriers nécessaires. En outre, ce procès-verbal sera dressé en la bonne
forme et en quatre exemplaires que vous présenterez à ma signature avant qu’il
ne soit cinq heures de relevé. Messieurs, à plus tard !
    Galand quitta la pièce d’un pas rapide. Officiers
et secrétaires se regardèrent un instant en silence, puis l’un des officiers, le
lieutenant Ferrière, déclara à mi-voix :
    — Le baron est furieux !
    Un officier plus jeune regarda son aîné en
fronçant les sourcils.
    — Il n’a haussé le ton à aucun instant, la
voix est restée égale. Je ne vois là nulle trace de colère.
    Ferrière sourit.
    — Précisément, c’est en ces choses que je
vois sa fureur. Tu apprendras à le connaître, il en vaut la peine !

43
    La Cour se trouvait à Blois où Mazarin cachait
sa tristesse car à Paris, les Frondeurs venaient de lui causer grand chagrin en
vendant sa bibliothèque aux enchères.
    Il reçut néanmoins avec chaleur le comte de
Nissac et la baronne de Santheuil. Tous deux remarquèrent que le Premier
ministre, en sa hâte à paraître devant eux, se trouvait fort mal poudré et qu’en
outre sa bouche d’un rouge géranium causait curieux effet.
    Après les paroles d’usage, Mazarin procéda à
un rapide tour d’horizon de la situation qu’il interrompit brusquement pour
donner libre cours à son amertume :
    — Savez-vous ce qui se dit à l’armée des
princes ?… Vous l’ignorez, bien entendu !… On y prétend avec
impudence que bien trop longtemps ce pays a été gouverné par une reine
espagnole et un Premier ministre italien !… Ils en sont là !… Ils ont
osé, moi qui ne fais que penser au royaume quand ces messieurs marchent main
dans la main avec nos pires ennemis, des étrangers, ceux-là, qui violent nos
frontières et tuent nos soldats !
    Toujours très subtil à saisir les atmosphères,
Mazarin comprit qu’il perdait son temps ; ni le comte ni la baronne n’étant
à convaincre, figurant au contraire en le carré des fidèles parmi les fidèles.
    Il changea de sujet :
    — Cher Nissac, j’ai besoin de vous
partout !… Gaston d’Orléans, qui nous a trahis tient à peu près Paris où
vous pourriez faire excellente besogne. Mais je sais de bonne source que le
prince de Condé a quitté Agen et, à marche forcée, tente de rejoindre les
armées de Nemours et Beaufort. J’ai donc besoin de votre art pour le
commandement de l’artillerie royale… Que faire ?
    Le comte de Nissac, qui commençait à bien
connaître Mazarin, décida d’attendre la réponse qui, pensait-il, ne tarderait
pas.
    En quoi il ne se trompait point car le Premier
ministre reprit bientôt :
    — Auriez-vous quelque réticence à marcher
contre le prince de Condé qui fut votre chef quand vous commandiez son
artillerie ?
    — Vous m’avez déjà posé cette question, monsieur
le cardinal, et ma réponse n’a pas varié : quand je commandais son
artillerie, je n’eus point mésintelligences avec le prince de Condé que j’estimais
mais il s’est placé hors de toute légitimité. Je n’ai donc plus d’ordres à
recevoir de lui et tournerai mes canons contre ses armées sans qu’il en coûte
ni à ma conscience, ni à mon honneur.
    Le cardinal se frotta les mains.
    — Parfait, parfait !… Nous
procéderons ainsi : jusqu’aux premiers jours d’avril, vous commanderez mon
artillerie car il n’est point douteux que l’armée royale livrera bientôt combat
aux armées des princes. Si nous perdions…
    Il se signa rapidement et reprit :
    — … La Cour serait capturée tout entière,
le roi humilié, moi massacré et je n’ose y penser. Quant à vous, mon cher
Nissac, vous seriez tué au combat ou assassiné, ce qui couperait à toute
mission ultérieure.
    Mazarin donna à son visage un masque tragique
de grand effet qui impressionna Mathilde de Santheuil mais laissa Nissac
indifférent.
    Le cardinal poursuivit :
    — Si nous les écrasons, je sais d’intuition
divine… et par mes services, que le prince de Condé gagnera Paris. Alors, vous
ferez de même.
    — Et quelle sera ma mission, monsieur le
cardinal ?
    — Mais elle ne varie guère, Nissac, toujours
la même : désorganisez la Fronde sur ses arrières comme vous le fîtes si
brillamment voilà trois ans et… Me trouver de l’or, beaucoup

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