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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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table. Pendant
ce temps, Jérôme de Galand suivait la scène tout en réfléchissant, le menton au
creux de la paume.
    D’où venait le désir de l’Écorcheur ? Où
puisait-il sa source, en quel tour d’esprit dévoré par la perversion ?
    Galand savait qu’il était arrivé trop tard, la
raideur du cadavre empêchait un examen poussé mais une fois déjà, se trouvant
sur les lieux assez rapidement, n’avait-il pas remarqué traces de semence en l’organe
intime de la victime ? Sans doute l’Écorcheur violait-il les malheureuses
avant de leur ôter la peau, comme s’il les punissait du désir qu’elles avaient
suscité. Encore eût-il fallu savoir s’il s’agissait de « désir » ou d’un
« besoin », mais le calcul en les crimes et la réflexion qui
précédait leur accomplissement, en ce qu’ils traduisaient une volonté, inclinaient
à choisir le mot « désir ».
    « Intéressant ! » songea-t-il.
    Pourquoi « punir » ? Ces femmes
lui auraient-elles transmis une maladie ? Possible, mais la chose, fort
banale, n’appelle point pareil châtiment aussi loin que remontèrent sa mémoire
et les archives consultées.
    Le général de police envisagea le problème
sous un autre angle, comprenant que la question se trouvait peut-être mal posée.
    Pourquoi un très grand seigneur punit-il des
femmes en les écorchant ?
    Il soupira.
    Le désir de vengeance restait son hypothèse
favorite car chez l’Écorcheur, on notait belle constance et peut-être vocation
tardive. En outre, cet insistant désir de vengeance, sans doute combattu
pendant la période dite d’abstinence, demeurait suffisamment fort pour obliger
l’assassin à renouer avec ses crimes particulièrement odieux.
    Quelles étaient les racines du mal, racines
qui, probablement, remontaient fort loin dans le temps ?
    Un haut seigneur : de qui, de quoi, pourquoi
se venge-t-il sur des êtres qui, à ses yeux, ne semblent avoir qu’un seul
défaut, leur nature de femmes ?
    — Arrêtez ! lança Galand à ses
officiers.
    Il s’approcha, regarda fixement le cadavre. Puis,
se tournant vers un petit homme chauve qui attendait une plume à la main, Galand
ordonna :
    — Notez !… Sur la partie face du
corps, qui est la plus abîmée, on remarque un grain de beauté sur l’épaule
gauche et une cicatrice sans doute fort ancienne dans la partie supérieure du
genou droit… Retournez le corps !
    Les officiers s’exécutèrent aussitôt et le
général de police reprit de sa voix glaçante :
    — Sur la partie dos du corps, on remarque
un grain de beauté proéminent au-dessus de la hanche gauche et une tache de
naissance à mi-hauteur du dos, en situation centrale de celui-ci. À la limite
extrême de la décollation de la tête, au creux de l’épaule droite et du cou
mais sur le versant arrière de celui-ci, présence d’une excroissance, sans doute
une petite tumeur de nature bénigne et très superficielle de la peau. À la
lisière des chairs des fesses écorchées où la peau a totalement disparu, présence
d’un duvet blond légèrement plus développé qu’il n’est courant.
    Galand réfléchit un instant puis, adressant un
signe de tête à son secrétaire, il poursuivit :
    — Inscrivez en lettres majuscules : «  NOTES GÉNÉRALES  »… La
femme avait entre vingt et trente ans. La peau qui n’a point été écorchée est d’une
grande douceur, très satinée et très blanche. La femme, outre cette peau
laiteuse, devait être blonde comme l’atteste un léger duvet au bas du dos
indiqué dans la description précédente. La taille était moyenne, les épaules
assez fortes et rondes, les hanches larges et les jambes longues et fines mais
les chevilles un peu fortes ôtaient légère grâce à l’ensemble. Les pieds sont
assez étrangement petits et ne correspondent point à la taille. Mettez ce
dernier point entre des parenthèses mais soulignez-le deux fois… Messieurs, j’en
ai terminé avec le cadavre.
    Il coiffa un chapeau noir d’un geste rapide et
ajouta, regardant ses officiers un à un :
    — J’entends que toute disparition de
femmes remontant à deux jours pleins me soit signalée. Épouses, maîtresses, filles
publiques, je veux tous les noms et où elles logeaient. Vous procéderez de la
façon suivante : les disparitions de femmes blondes seront placées à part
de la liste commune. Vous mènerez votre action au-delà de Paris, étendant les
recherches à une zone définie

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