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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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satisfait. Les choses prenaient
un contour, tel un paysage émergeant du brouillard.
    S’étant jusqu’ici bien gardé d’intervenir, Galand
s’y décida enfin, usant de sa voix cassante à laquelle il donnait des
inflexions métalliques. Il se plaça devant la veuve, lui jeta un regard glacé
qui la pétrifia, puis se présenta :
    — Baron Jérôme de Galand, général de la
police royale.
    — Monseigneur !… balbutia la femme.
    — Feu votre mari, voici trois années, reçut-il
quelque visite inhabituelle ?
    — C’est-à-dire… Il y a bien eu ce cocher…
    — Un cocher. Bien, très bien. Qui d’autre ?
    — Deux cavaliers qui ne tenaient point
trop à se montrer et qui semblaient des officiers.
    — Des cavaliers au nombre de deux qui
semblaient des officiers. C’est fort bien. Vous avez excellente mémoire. Qui d’autre ?
    La femme était fascinée par Galand. Sa dureté
qui s’amadouait en la voix, ces compliments – « bien, très bien… fort bien »
– qui la flattaient venant d’un tel homme qui ne devait point en prodiguer
souvente fois, elle ne ressentait plus qu’un désir : lui donner toute
satisfaction pour que le miel coule en sa voix.
    Elle répondit :
    — Le carrosse !… Un beau carrosse à six
chevaux ! Mais il se tenait loin et je l’ai mal vu si ce n’est qu’il
devait appartenir au cardinal ou tout autre puissant seigneur.
    — Laissons cela. Avez-vous vu tout d’une
fois le cocher, les deux cavaliers qui semblaient des militaires et le carrosse ?
    — Non point, monseigneur. Le cocher est
venu seul une première fois. Une autre fois, il resta avec le carrosse et les
deux cavaliers vinrent voir mon mari. Ce jour-là, tout semblait d’une grande
urgence car mon mari est parti aussitôt avec eux.
    — Quels visages avaient ces militaires ?
    La femme réfléchit un instant :
    — Je ne saurais le dire, les ayant vus
bien peu de temps et oubliés depuis. Ces hommes étaient durs… Ils donnaient
cette impression.
    — Et le carrosse ?
    — Sombre. De la boue couvrait ses flancs.
La chose me surprit, car il ne pleuvait point de deux semaines.
    — Mais le cocher, vous l’avez bien vu, celui-là ?
    — Hélas, je ne saurais trop dire ses
traits si ce n’est leur finesse étrange pour un cocher. Ses manières m’ont
frappée qui étaient celles d’un homme d’une autre condition, et qu’on n’attend
point de celui qui dort à l’écurie avec les chevaux.
    Galand dissimula l’excitation qui le gagnait. Cette
femme était précieuse. Contrôlant parfaitement sa voix, dont il savait si bien
jouer, le chef de la police royale lui donna intonations d’une grande douceur :
    — C’est fort bien. Mais pour nous aider
plus encore, nous qui ne voulons que venger votre défunt mari, n’est-il point
détail singulier qui vous ait surpris ?
    La femme réfléchit. La sentant hésitante, Galand
prit les devants :
    — N’ayez aucune crainte, vous êtes
dorénavant sous la protection de la police royale.
    — Une chose, monseigneur, une chose en
vérité bien étrange mais je ne l’ai point vue de mes yeux.
    — De grâce, parlez, quelle que soit cette
chose !
    — Le cocher, lorsqu’il partit… Mon mari, qui
ne pouvait plus parler, le dessina sur le sable de l’allée avec une branche
cassée. Sur ce dessin, les bras étaient tout rayés. Il insista avec la branche
sur ces bras et m’encouragea du geste et du regard à parler. Lorsque, cherchant
à comprendre, je dis « cicatrices », il hocha la tête à plusieurs
reprises et me tapa sur l’épaule avec gentillesse.
    Galand contrôla parfaitement sa voix, la
faisant légèrement traînante :
    — Des cicatrices… Comme c’est intéressant…
Quel genre de cicatrices ?… Droites ?… De côté ?… Et en quel
nombre ?…
    — Monseigneur, je ne les ai point
comptées, il y en avait trop, beaucoup trop !… Que vous dire ?… Peut-être
quinze sur chacun des bras. Et droites.
    Rêveur, Galand reprit :
    — Droites… Et sur chacun des bras…
    Puis, d’un geste vif, il coiffa son chapeau
noir et regarda la femme avec une certaine bienveillance mais sa voix retrouva
sa sécheresse coutumière :
    — Bien, très bien !… La messe et les
funérailles de feu votre époux sont à la charge de la couronne. Merci et adieu !
    Il sortit sans même écouter les paroles de la
veuve, confuse devant tant d’égards.
    Une fois dehors, Ferrière sollicita son chef

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