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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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quelques éléments de réelle
valeur et se trouvait ainsi aveugle et sourd là où quelques renseignements
auraient sans doute permis de limiter l’action des « Foulards Rouges »,
voire de permettre qu’ils fussent anéantis.
    Le baron Jérôme de Galand mordit dans un
beignet et mastiqua longuement en songeant qu’à multiplier les actions, ses
amis multipliaient pareillement les risques et qu’on ne peut éternellement
défier la chance sans qu’elle vous abandonne un jour.
    Assombri, le policier reposa le beignet, jeta
une pièce sur la table et sortit, indifférent au profond silence qui, brusquement,
saluait son départ.
    Les Foulards Rouges
tentaient d’être partout où leur action pouvait nuire à la Fronde ou aider le
roi et ses fidèles.
    Un jour, le comte de Nissac provoquait en duel
un gentilhomme proche de Gaston d’Orléans et le tuait promptement : l’homme
s’occupait à mettre sur pied un service d’espionnage qui aurait pu être
dommageable à la couronne.
    Une autre fois, des bandes payées par le
prince de Condé pillaient le bureau des entrées des marchandises : une
charge de poudre fit grand carnage parmi les créatures du prince.
    Fin avril, avant le retour des Foulards Rouges,
le prévôt des marchands et les échevins convoqués au Palais du Luxembourg en
furent expulsés par les princes à l’instant où, à l’extérieur, la foule montée
par les agents de Condé réclamait leurs têtes. Jetés dehors, ils furent reçus à
coups de bâton, leurs carrosses détruits, le prévôt lynché, plusieurs échevins
blessés tandis que monsieur le prince riait à ce navrant spectacle. Dès leur
arrivée, Nissac et les siens prirent en charge les magistrats survivants et les
firent mener, par chemins compliqués mais sûrs, à la Cour.
    En ce mois de mai, la duchesse de Bouillon, sœur
du maréchal de Turenne, fut assaillie en son carrosse par la populace tandis
que, se sachant menacée, elle cherchait à fuir Paris. Un homme tenta même de l’étrangler
et la duchesse suffoquait déjà lorsqu’une lame discrète, tenue par Fervac, cisailla
la moelle épinière de l’agresseur. Mêlés aux émeutiers, vêtus en crocheteurs et
ayant ôté leurs foulards rouges, Nissac et les siens, qui savaient parler haut,
sauvèrent la sœur du maréchal de Turenne en la faisant conduire chez Gaston d’Orléans
qui, à contrecœur, ne put faire moins que la recevoir. Apprenant la chose peu
ensuite, et le beau geste de Nissac, le maréchal se retira pour cacher ses
larmes, dit-on, tant il se trouvait en grand état d’émotion et de
reconnaissance.
    Tous ces rapports, scrupuleusement envoyés à
Mazarin qui, avec la Cour, avait regagné Saint-Germain-en-Laye, faisaient le
grand bonheur du cardinal qui les lisait et relisait plusieurs fois, le soir, devant
sa cheminée.
    Ces actions multiples et rapides, et bien d’autres
encore, des Foulards Rouges, démoralisaient les gens de la Fronde qui croyaient
les hommes de Nissac des milliers, anonymes en les rues et qu’on ne voyait, par
grand paradoxe, que le visage couvert des célèbres foulards – autant dire qu’on
ne les voyait point dès encore qu’on les voyait !
    En cela qu’elles mettaient grande insécurité au
cœur même de la puissance de la Fronde, ces actions étaient fort utiles mais
Nissac attendait son heure pour frapper bientôt beaucoup plus fort.
    Et l’occasion se présenta.
    Prévenu par Henri de Plessis-Mesnil, marquis
de Dautricourt, Nissac apprit que « la Grande Mademoiselle » et trois
de ses plus belles amazones frondeuses se rendaient à Étampes, une place de
toute première importance, commandée par Tavannes. Celui-ci, galant homme, avait
prévu de ranger sa belle armée pour une revue passée par les quatre jeunes
femmes, après quoi, les soldats pourraient se disperser alentour pour boire et
s’amuser à leur convenance.
    Les choses se passèrent bien ainsi qu’il était
prévu à ceci près que l’armée royale de Turenne, avec la vitesse de l’éclair, tomba
sur l’armée dispersée de la Fronde. En fait, c’était coup adroit et exacte
répétition de l’action de Condé lors de la bataille de Bleneau mais, cette fois,
inversée aux dépens du prince.
    L’effet de surprise joua totalement et la
panique s’empara des soldats de Condé qui eurent mille morts et autant de
prisonniers, les survivants gagnant Étampes à bride abattue afin de s’enfermer
en la ville aussitôt assiégée par

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