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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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le maréchal de Turenne
cherchait à forcer la Porte Saint-Victor… Que voulez-vous, monsieur le duc, nous
autres, gens de police, n’avons guère l’occasion de réfléchir trop longuement
avant de choisir le maintien de l’ordre.
    — Soit !… Soit !… répondit le
duc de Beaufort qui ne cachait point sa grande déception.
    Galand insista :
    — Pardonnez-moi, monsieur le duc, mais je
devrais faire rapport à monsieur le duc d’Orléans, quand monsieur le prince de
Condé souhaitera sans doute m’entendre sur cette affaire…
    — Eh bien ?
    — Pourrais-je voir un de ces Foulards
Rouges ?…
    — Un…
    Le policier, voyant le grand étonnement du duc,
poursuivit :
    — Ou un de leurs morts ?…
    — Un mort ?…
    — Un de leurs blessés, alors ?… insista
Galand.
    — C’est que…
    — Un prisonnier, peut-être ?…
    Le duc sursauta, comme s’il se trouvait tout
soudainement touché par la foudre puis, furieux, il se tourna vers un de ses
officiers qui attendait depuis un certain temps déjà :
    — Où sont-ils ?… Où sont les
Foulards Rouges ?…
    — Précisément, monseigneur, je voulais
vous avertir : ils sont en train de fuir. Doit-on les poursuivre ?
    — Mais bien entendu, triple sot !
    Dans la plus grande confusion, Beaufort
parvint à réunir une cinquantaine d’hommes tandis qu’en colonne par deux, dans
un ordre parfait mais sourires goguenards aux lèvres, les archers de monsieur
de Galand prenaient la direction de la Porte Saint-Victor.
    Le policier savourait sa victoire en silence
lorsque le lieutenant Ferrière se porta à sa hauteur en riant.
    — Bel instant !… Les libellistes
vont donner grand bonheur à leurs lecteurs : « La police de Paris bat
en l’humiliant un fort parti de mousquetaires du glorieux duc de Beaufort !…
Profitant de ce combat inattendu, les Foulards Rouges s’esquivent. »
    Le baron de Galand haussa les épaules.
    — Il faut savoir saisir les petits
bonheurs que nous offre la vie.
    — Mais précisément, comment le
saviez-vous ? Comment saviez-vous pour les Foulards Rouges et surtout pour
le duc de Beaufort qui ne vous entretient certainement pas de ses projets ?
    Jérôme de Galand observa longuement le
lieutenant, sans dissimuler sa bienveillance :
    — Tout savoir, tel est mon métier, mon
bon Ferrière. Tout savoir et parfois ne point bouger… Ou intervenir en grande
urgence. Vous comprendrez cela un jour, lorsque vous me succéderez.
    Puis, pour lui-même :
    — Il faut un seul maître à la police de
Paris, ou bien c’est l’égarement. Si nous battons la Fronde, j’enverrai
semblable projet au roi.
    En soldat d’expérience,
le général-comte de Nissac avait tout envisagé, y compris une retraite
précipitée.
    Aussi, c’est sans hésitation qu’il mena sa
petite troupe vers le vaste jardin royal d’herbes médicinales fondé par Guy de
La Brosse, un quart de siècle plus tôt.
    Cependant, il fit un détour par le labyrinthe
à l’entrée duquel il abandonna une de ses torches qui grésilla sur la terre
battue.
    Puis, toujours en courant, il prit la
direction totalement opposée et fit éteindre les torches dès qu’ils eurent
atteint un bâtiment de planches en lequel ils entrèrent tous les huit, se
heurtant aux pelles et pioches des jardiniers.
    Le lune éclairait généreusement le jardin et, par
la porte du bâtiment demeurée entrouverte, Nissac put informer ses compagnons
des nouvelles et passionnantes aventures du duc de Beaufort.
    Celui-ci, découvrant la torche encore chaude, exulta :
entrés dans le célèbre labyrinthe, les Foulards Rouges n’en sortiraient que
morts ou prisonniers.
    Le duc fit donc cerner la place et venir de
gros renforts depuis la capitale en menant grande agitation afin que nul n’ignore
le triomphe qu’il pressentait.
    Pendant deux heures, le labyrinthe fut
parcouru en tous sens par les soldats de la Fronde, qui finissaient toujours
par se croiser, se hélaient de joyeuse humeur, s’apostrophaient, ou se
laissaient prendre par d’interminables crises de rire tandis qu’un dragon
mettait un tonneau en perce afin de désaltérer ses camarades qui commencèrent à
tituber en ce labyrinthe qui, de gorgée de vin en gorgée de vin, leur
paraissait un avant-goût de l’enfer. Si bien qu’entre ceux qui ne buvaient
point mais hurlaient de rire, et ceux qui honoraient Bacchus mais hurlaient de
terreur, le labyrinthe évoquait quelque institution où l’on

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