Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
Vom Netzwerk:
ribauds et poissardes, en grand nombre dans
ce quartier.
    Une histoire simple. L’Allemand ne savait pas
même qu’il s’agissait d’un Foulard Rouge mais, croisant dans la rue un officier
du roi qui se trouvait être Fervac en galante compagnie, en cette occurrence
Manon, le déserteur le suivit au « Coq Noir ». Averti, Beaufort se
douta que seul un Foulard Rouge, « officier du roi », pouvait montrer
pareille audace. Il fit donc placer l’endroit sous surveillance par prévision
astucieuse du plan de Nissac et, dès que le rassemblement des Loyalistes fut
connu, le « roi des Halles » rassembla la troupe qui se tenait en
alerte depuis plusieurs jours, soit un parti d’une centaine de soldats, mousquetaires
et dragons.
    Le duc de Beaufort ne pouvait souhaiter
meilleure conjonction ! Ainsi, dans un premier temps, recueillerait-il
grande gloire pour la mise à mort ou la capture des Foulards Rouges qui
servaient tant le prestige du roi, mais surtout du Premier ministre haï. Voilà
qui rehausserait grandement son prestige à Paris.
    Ensuite de quoi, en intervenant à dessein si
tardivement, réduisait-il à néant le fort brillant service d’espionnage du
prince de Condé… au profit du sien, autre matière à tirer gloire, renforcer sa
position et soutenir ses ambitions en le camp de la Fronde.
    Il sourit et lança sa centaine d’hommes contre
les huit Foulards Rouges qui prirent aussitôt des dispositions de défense
derrière le muret où ils ouvrirent meurtrier feu de mousquets contre les
assaillants.
    Le duc apprécia. Même en une situation
désespérée, les Foulards Rouges se battaient avec grand courage mais quoi, l’affaire
lui coûterait vingt, trente mousquetaires ?… Soit ! Mais il l’emporterait
tout de même.
    Il pensait cela avec grand bonheur lorsque…

59
    Le duc de Beaufort chancela de surprise, tant
la chose lui semblait impossible.
    On l’attaquait sur ses arrières !… Lui !…
Sous les portes de Paris où, avec les siens, il régnait en maître !
    Pris frontalement sous le tir diaboliquement
précis des mousquets des Foulards Rouges, attaqués à revers par une centaine d’hommes
fortement armés et très disciplinés, dragons et mousquetaires frondeurs
connurent un instant de flottement puis un début de panique et le duc de
Beaufort, à cheval, eut grand-peine à rassembler ses troupes. Alors, se
détachant, il se porta seul, non sans courage, au-devant de la centaine d’hommes
dont l’intervention venait de ruiner ses ambitions.
    Un homme de petite taille, tout de noir vêtu
et entouré d’un grand respect par ses troupes, lui fit face avec, sur le visage,
un insondable sourire.
    Le duc de Beaufort faillit s’en étrangler :
    — Vous ?
    — Qui d’autre pour faire régner l’ordre, par
nuit noire, en la bonne ville de Paris ? répondit Jérôme de Galand.
    Beaufort, hagard, répéta :
    — L’ordre…
    Puis, brusquement écumant de rage :
    — Ah çà, morbleu, de quel ordre
parlez-vous donc, monsieur le policier ?
    Le calme de Galand contrastait singulièrement
avec l’exaltation du duc de Beaufort et le baron, qui s’exprimait d’une voix
douce et mesurée, n’ignorait point qu’il contribuait ainsi à porter son
interlocuteur à ébullition.
    Il expliqua, en accentuant non sans malice l’air
de grande patience qu’il se donnait :
    — Monsieur le duc, lorsqu’un estaminet d’aussi
mauvaise réputation que le « Coq Noir » est en quelque sorte projeté
en les cieux, mais certainement pas en direction de Dieu le Père, que deux
partis inconnus se battent sous les murs de Paris, je ne fais que mon devoir en
réunissant deux compagnies d’archers, soit quatre-vingts hommes et leurs
officiers, afin de rétablir l’ordre. Ne l’aurais-je point fait, vous eussiez, en
d’autres circonstances, été le premier à dénoncer mon manque de vigilance et
mon peu de hâte à maintenir un ordre auquel sont très attachés messieurs les
princes.
    Le duc de Beaufort hésitait, ne sachant point
si le baron de Galand était un fourbe de grande intelligence ou un parfait
imbécile d’une totale loyauté. Quoi qu’il en fût, sa position était
inattaquable, aussi Beaufort baissa-t-il un peu le ton :
    — Mais n’avez-vous point vu les Foulards
Rouges ?
    — Des foulards rouges alors qu’il fait
nuit noire !… J’ai vu quelques dragons, et de nombreux mousquetaires. J’ai
alors songé qu’une avant-garde de l’armée de monsieur

Weitere Kostenlose Bücher