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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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qu’à tuer ou défigurer madame de Santheuil, celle-ci ne
désirait que vous rendre impossible ce dangereux combat.
    La duchesse eut un geste vif de la main et, boitillant
d’émouvante et charmante façon, fit les cent pas pour calmer son ardeur.
    — Monsieur, vous m’avez dit trois choses
et je vais vous répondre en l’ordre inverse de votre énoncé. Pour qui donc me
prenez-vous ?… J’ai réfléchi depuis tout à l’heure, je sais que madame de
Santheuil, qui tient sa science de monsieur de Nissac, aurait pu me tuer dix
fois, et qu’elle ne l’a point fait. Pour peu qu’elle le désire, je serai sa
meilleure et plus fidèle amie.
    Ayant parlé très vite, elle reprit un instant
son souffle avant de poursuivre :
    — Vous êtes des Foulards Rouges ?… Mais
comment peut-on avoir vingt ans, pardon, vingt-trois, et n’être point de leur
parti ?… Leurs actions sont toutes d’élégance et de courage, et font rêver
jusqu’à leurs ennemis qui, par ailleurs, les veulent tuer !… Je vous
entends sur monsieur le prince de Condé, pour le mieux connaître que vous-même
et le juger plus sévèrement encore que vous ne le faites. Êtes-vous satisfait ?
    Le marquis l’était au-delà de ses espérances. Enfin,
presque :
    — N’était-il pas un troisième point ?
    Ils se regardèrent et éclatèrent de ce rire
qui n’appartient qu’à la jeunesse.
    Puis, la duchesse reprit ses allées et venues.
    — Vous m’aimez donc ?… La belle
affaire : moi aussi je vous aime.
    Elle trébucha, sa jambe blessée se dérobant
sous elle. Le marquis se précipita, la prit dans ses bras et la déposa sur le
lit.
    Pendant qu’il la portait, la jeune femme avait
passé ses bras autour du cou du marquis ; lorsqu’il l’allongea, elle ne le
lâcha point :
    — Restez !
    Il lui aviva la douleur à la cuisse en lui
faisant l’amour mais lui donna tant de bonheur qu’elle ne put lui en tenir
rigueur.
    Et puis, contrairement aux autres, il resta
couché près d’elle à lui dire nombreuses choses tendres au milieu de bien des
baisers.
    Elle sut alors qu’elle ne s’était point
trompée et ne souhaita plus que partager sa vie.
    Aussi prit-elle décision qui lui coûta mais
qui paraissait la seule possible en les circonstances.
    Caressant les cheveux du marquis qui avait
posé sa tête sur la poitrine de la duchesse, celle-ci expliqua :
    — Je m’en vais partir demain loin de
Paris, en mon château de Saintonge. J’y attendrai la fin de cette guerre car, sauf
à voir les Espagnols aider monsieur le prince, l’armée du maréchal de Turenne
finira par l’emporter sur celle de la Fronde.
    — Pourquoi ne point rester ici où je
viendrai vous voir chaque jour ? Ou mieux encore, pourquoi ne point vous
joindre aux Foulards Rouges où vous serez fort bien reçue ?
    La belle duchesse réfléchit un instant, jouant
avec ce rêve, mais trop de choses l’en empêchaient :
    — Non point. Je n’ai pas envie de voir la
guerre civile à Paris, car je crois que cela finira ainsi. Je ne veux plus
rencontrer les Nemours, Beaufort et tous les autres, ces seigneurs qui furent
mes amants quand je souhaiterais tant, aujourd’hui, que ces choses n’eussent
point existé. Et je ne peux rejoindre les Foulards Rouges car en la Fronde, j’ai
placé trop de moi-même, partagé la vie des camps, dormi sur la paille, chargé à
l’épée… Vous fûtes Frondeur léger, marquis, tromper le prince de Condé ne vous
coûta point. Il n’en serait pas de même pour moi car je suis de ces natures
pour lesquelles le passé pèse bien lourd.
    — Alors je m’en viendrai vous rejoindre
sitôt la guerre finie et ne vous quitterai jamais plus.
    Elle le serra plus fort contre sa poitrine.

66
    —  Elle ne viendra
point, monsieur le baron. Elle n’a point cherché à me rencontrer et pour ma
part, malgré bien des efforts, je n’ai point découvert où se cache madame de
Montjouvent.
    — Je sais qu’elle ne viendra pas ! répondit
Jérôme de Galand en songeant : « Et pour cause ! »
    On venait de découvrir deux corps de femmes
écorchés et décapités, côte à côte, à peine ensevelis sous mince linceul de
terre. Une fois encore, les cadavres portaient des traces de soufre.
    Le policier, perplexe, les mains jointes
derrière le dos, se souleva à plusieurs reprises sur la pointe des pieds, en
des mouvements rapides et souples. Les talons touchaient le sol avec un petit
bruit irritant.
    Il jeta un

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