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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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regard las au simoniaque.
    — Très bien. Annulez… « la fête
Satanique » que je devrais donner demain. Trouvez un prétexte, le service
de monsieur le prince de Condé, ce que vous voudrez. Faites savoir que je
double la somme proposée à qui saura le mieux organiser cette fête qui aura
lieu dans trois jours, et faites-le en répandant le bruit que vous ne me voulez
point décevoir, car je suis généreux et bonne relation pour l’avenir. Ainsi, vous
n’aurez point de peine à réclamer la baronne de Montjouvent, à l’exclusion de
toute autre. M’avez-vous compris ?
    — J’ai compris, monsieur le baron.
    Galand réfléchit un instant, puis :
    — Vos deux putains se portent bien mais l’une
est grosse.
    Il regarda le simoniaque dans les yeux et l’homme
fut troublé de découvrir une réelle attention et pareillement compassion dans
le regard ordinairement si dur du chef de la police criminelle :
    — Il n’y aura jamais de fête, bien
entendu. Les deux cents livres vous sont destinées si vous acceptez de changer
de vie.
    — Deux cents livres ! répéta le
simoniaque qui, cependant, fut embarrassé.
    Il réfléchit et confessa bientôt :
    — Mais… Je ne sais rien faire !
    Jérôme de Galand eut un petit sourire.
    — Mais que croyez-vous ?… Moi aussi
je ne savais rien faire, c’est pour cela que j’ai choisi ce métier que j’ai
appris à aimer. Vous achèterez échoppe, vivrez avec vos femmes et élèverez en
bon esprit le nouveau-né qui va venir à votre amie. N’oubliez point que j’aurai
toujours surveillance de votre comportement et que vous qui fêtez Satan, vous n’avez
encore rien vu : votre diable n’est qu’une mazette face à une de mes
colères.
    L’homme se retira, troublé.
    Joseph, incrédule, recula
à l’intérieur des « Armes de Saint-Merry » en voyant arriver Nissac
et Mathilde. Il balbutia :
    — Monsieur le comte… Madame la baronne…
    Le couple répondit à son salut et Nissac
réclama une table pour trois qui fût tranquille et bien retirée des autres. Lorsque
le vin arriva, et c’était le meilleur cru, Nissac désigna la chaise vide :
    — Asseyez-vous, Joseph, je vous en prie. Joseph,
stupéfait, hésita. Le comte reprit :
    — Joignez-vous à nous et laissez faire
votre commis. Tiens, ce n’est plus l’homme de Jérôme de Galand ?
    Joseph, toujours debout, répondit :
    — Depuis que Mathilde… Pardon, madame de
Santheuil ne vient plus en sa maison, le lieutenant de police a repris son
sergent. Il manque d’archers, m’a-t-il expliqué.
    Le comte soupira :
    — Décidément, Joseph, vous ne voulez
point boire avec nous ?
    Joseph observa la belle robe de madame de
Santheuil, l’habit soigné du comte, la cape noire et le chapeau marine à plumes
blanches et rouges posés sur une chaise. Il rassembla son courage :
    — Ce n’est point ma place, monsieur le
comte, mais si vous insistez…
    Il s’assit au bord de la chaise. Tous trois se
regardèrent en silence. Mathilde se sentait heureuse de retrouver sa maison, sa
rue et Joseph, ce voisin qui l’avait toujours protégée et pour lequel elle
ressentait grande affection et sentiment étrange qu’elle ne savait définir.
    Le comte s’éclaircit la voix, puis :
    — Joseph, aussitôt la Fronde écrasée et
croyez-moi, elle le sera, j’aimerais épouser madame la baronne de Santheuil
afin qu’elle devienne comtesse de Nissac. Y consentez-vous ?
    Joseph regarda le comte avec stupéfaction, Mathilde
jeta à son amant un regard qu’elle voulait faire croire amusé mais qui ne l’était
point, grande angoisse perçant sous l’artifice.
    La voix du comte se durcit :
    — Mathilde n’est point demoiselle sortant
du couvent, étant veuve, mais votre agrément m’est nécessaire. Consentez-vous, Joseph ?
    Joseph se sentit arrivé au bout d’un très long
chemin. Horrifié, bien entendu, à l’idée de devoir expliquer comment il avait
laissé s’égarer en la grande ville inconnue petite fille qui était sienne, mais
qu’il ne pouvait plus nourrir.
    Horrifié, et heureux. Il affronterait le
regard de son enfant, sa colère, son mépris peut-être, et tout cela serait sans
doute justice, chose bonne et nécessaire.
    Et délivrance !
    Il éprouva un profond sentiment d’affection
pour l’aristocrate prestigieux, ce général couvert de gloire et cet intrépide
chef de la plus étonnante des bandes royalistes qui fut jamais. Le comte, en le
forçant,

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