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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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solutions rapides. On
empila donc les corps sous les voûtes et en les maisons voisines qui devinrent
autant de charniers.
    C’est près de ces célèbres voûtes que fut
rattrapé Dugary qui suait en abondance, tant en raison de la course que de sa
peur.
    Le comte de Nissac qui ne laissait point de
part au hasard questionna avec froideur :
    — Tu es Dugary ?
    L’homme roula des yeux fous et répondit :
    — Point du tout, monseigneur. Tel n’est
point mon nom. Je m’appelle Reinard.
    Nissac et Fervac dégagèrent leur col, de sorte
que Dugary put voir les foulards rouges noués autour de leur cou.
    — Fouillez-le ! ordonna Nissac.
    Fervac procéda sans douceur. Il extirpa des
vêtements de l’indicateur bourse bien garnie, et deux papiers qu’il tendit à
Nissac.
    Sur le premier, signé de la main de Beaufort, on
lisait un laissez-passer pour le sieur Dugary.
    Le comte le plaça sous les yeux du traître, puis
lui fourra en la bouche.
    Sur le second, un simple billet, le texte
était plus bref et l’écriture nerveuse, comme la signature : «  Ordre
de ne point laisser entrer en la ville de Paris le comte de Nissac. Signé :
Prince de Condé ».
    Le comte conserva le pli et, jetant un regard
las au charnier empilé sous les arcades, ordonna au baron :
    — Finissons-en rapidement !
    D’un geste brutal, le baron de Fervac projeta
Dugary contre les ossements. Quelques crânes chutèrent sur le sol et l’un d’eux
s’ouvrit comme un œuf.
    — Ton proche devenir ! souffla
cruellement Fervac au visage de Dugary.
    Celui-ci voulut hurler mais la peur le
paralysa et il resta ainsi, bouche ouverte, tremblant des pieds à la tête.
    Le comte ressentit grand malaise, jugeant
inutile d’ajouter cruauté à la cruauté, fût-ce en le cas d’un homme aussi
méprisable.
    Le baron de Fervac appuya son poignard contre
la poitrine de Dugary. Puis, comme il procédait toujours, peut-être par
nervosité, il eut un sourire crispé en enfonçant la lame par saccades en le
cœur du traître qui mourut avant de s’effondrer.
    Le prenant aux pieds et aux épaules, le comte
et le baron jetèrent le corps au sommet d’une pile d’ossements.

73
    La journée commença fort mal pour monsieur le
prince de Condé. Un messager, abusé par la distinction et l’apparente qualité
de celui qui le lui avait remis, apporta en effet en grande urgence un pli dont
le prince prit aussitôt connaissance et sur lequel se voyaient deux encres qui
n’avaient point même couleur et se pouvaient déchiffrer deux écritures
différentes qui se faisaient suite, la sienne et celle d’un inconnu.
    Il lut :
    « Ordre de
ne point laisser entrer en la ville de Paris le comte de Nissac. Signé : Prince
de Condé »
    « Le comte
de Nissac est entré en la ville de Paris en dépit du prince de Condé. Signé :
Général-comte de Nissac »
    Le prince froissa
rageusement le billet en maugréant :
    — Il payera de sa vie son insolence !
    Cependant, cette
journée du 1 er juillet 1652 réservait d’autres surprises au prince
de Condé, et pas toutes des meilleures.
    Divisant l’armée royale en deux parties, dont
il confia l’une au maréchal de La Ferté, Turenne attaqua l’armée de Condé, très
inférieure en nombre, par les deux rives à la fois, rendant inutile le pont de
bateaux que le prince avait fait construire à Épinay et qui lui aurait permis
de fuir Turenne si celui-ci avait attaqué depuis une seule rive, sans
tronçonner ses forces.
    Cependant, le prince de Condé réagit avec
cette rapidité qui faisait de lui un très grand chef de guerre.
    Comprenant la finalité du mouvement des
troupes de La Ferté, Condé prit Turenne de vitesse et ambitionna de se réfugier
avec son armée en la presqu’île de Charenton où les rivières de Seine et de
Marne mêlent leurs eaux.
    Dans la nuit et en secret, il fit traverser la
Seine à son infanterie, l’artillerie et la cavalerie empruntant le pont de
Saint-Cloud. En deux heures, le mouvement d’une belle audace était achevé et l’armée
du prince sur la rive droite, pressée à tout instant par Condé lui-même et ses
généraux Nemours et Tavannes.
    Alerté, le maréchal de Turenne, tout aussi
entreprenant, attaqua immédiatement, sans même attendre le retour du maréchal
de La Ferté qui commandait un gros de troupes et l’artillerie royale.
    Le choc eut lieu au nord de Paris, en le
village de La Chapelle et, aussitôt, plusieurs escadrons du prince,

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