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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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un peu de repos.
    Il hésita et reprit :
    — Vous apprendrez sans surprise que
monsieur le prince de Condé se languit de vous, vous le général qui ne perdez
jamais de batailles. Pour anéantir ses espoirs sans qu’il eût à protester
légitimement, j’ai trouvé remède efficace, car il ne peut point s’opposer à ce
qui concerne le futur roi. Mon cher Nissac, depuis à l’instant, vous êtes donc « Instructeur
général de l’artillerie » auprès du futur Louis le quatorzième.
    — Curieuse charge, remarqua Nissac qui
ajouta : je n’en avais point encore entendu parler.
    — C’est que je viens de l’inventer. Le roi,
c’est encore la dernière personne du royaume sur laquelle l’ambitieux prince de
Condé n’osera faire valoir quelque préséance. Et maintenant, cher comte, allez
vous coucher : je vous ai fait préparer et chauffer une chambre en l’aile
la plus discrète du château.

26
    Un flambeau à la main, nue sous un grand
manteau de couleur émeraude, elle avançait d’un pas rapide dans les galeries
désertes et glacées.
    Âgée de dix-huit ans et considérée comme « la
plus belle femme de la Cour », Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de
Luègue, s’était juré de conquérir le comte de Nissac après qu’elle l’eut vu, dans
les jardins du Palais-Royal, ridiculiser François de Bourbon-Vendôme, duc de
Beaufort, et ses deux compagnons.
    Son cœur battait très vite. Elle ne savait, de
l’amour, que ce qu’en disaient les romans et les femmes plus âgées qui, lorsqu’elles
en parlent, ont un regard changeant, comme fixé sur quelque souvenir lointain
et attendri.
    Elle voulait le comte de Nissac, et nul autre.
    Certes, elle eût été fière de devenir sa femme
mais il semblait que le général qui approchait la quarantaine n’envisageait
pour avenir que la solitude. En avait-elle sollicité, des témoignages ! Hélas,
tous concordaient. Entre deux campagnes militaires, le comte retournait sur ses
terres désolées et en son vieux château battu par les vents furieux et les
vagues de la Manche. Sur place, il rêvait, appuyé aux créneaux, chevauchait
sans but pendant des heures, lisait devant la cheminée monumentale ou
correspondait, le ou la destinataire de cet abondant courrier n’ayant jamais
été identifié.
    Quelle vie ennuyeuse !… Et si loin de la
Cour. Non, même pour les bras solides du général-comte de Nissac, brave parmi
les braves, elle ne saurait s’y résigner, craignant de mourir de langueur.
    Il ne souhaitait donc pas le mariage, et elle
pas davantage qui ambitionnait une vie de plaisir.
    Mais quelle vie ?
    Mariée à un vieux duc ? Ayant pour amants
les précieux de la Cour ? Certes, tous n’étaient point désagréables à
regarder, surtout les plus jeunes, mais la duchesse imaginait que l’heure de
ses prétendants ne pourrait sonner que lorsque celle du comte serait passée et
figée à tout jamais en sa mémoire.
    Après lui, quelle importance ?
    Arrivée devant la porte, elle hésita un
instant, puis la poussa vivement.
    En quelques secondes,
il ouvrit les yeux, saisit son épée qui dormait à son côté hors du fourreau, se
dressa d’un bond et cligna les paupières.
    Il demeura un instant l’épée dressée puis, curieux,
vit une fine silhouette allumer les chandelles à un flambeau qu’elle jeta peu
ensuite dans la cheminée.
    Le capuchon émeraude fut baissé et un
ravissant minois apparut.
    — Vous dormez avec vos bottes ? demanda-t-elle.
    — L’habitude des réveils précipités !
répondit-il.
    Puis ils s’observèrent. Longuement. Très
longuement.
    Elle le trouva fort beau en chemise, haut-de-chausses
et bottes de cavalerie dont le revers montait au genou. Elle admira également l’élégance
du geste lorsqu’il jeta sa fine lame sur le lit.
    De son côté, il s’émerveillait. Ces cheveux
blonds sagement nattés, ces yeux magnifiques au regard provocant qui le défiait,
un adorable petit nez, une bouche légèrement boudeuse. Au reste, c’est tout le
visage qui paraissait à la fois dédaigneux et reflétait dans le même temps, en
grand effet de contradiction, comme la jeune femme semblait disposée à s’abandonner
à la passion.
    — Vous vous étonnez, monsieur ?
    — Rien ne m’étonne plus, madame.
    — Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse
de Luègue.
    — Loup de Pomonne, comte de Nissac.
    — Je sais qui vous êtes, comte.
    — Alors peut-être savez-vous également
les

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