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Les Frères Sisters

Les Frères Sisters

Titel: Les Frères Sisters Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick deWitt
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mystérieuse association avec Hermann Kermit Warm, et à l’abandon de son poste au service du Commodore en tant qu’homme de main et confident de longue date.

 
    Â Abordé par Warm aujourd’hui à l’improviste, après l’avoir à peine vu pendant près d’une semaine. J’arpentais le hall de l’hôtel et il a surgi à mes côtés, me prenant par le coude comme un gentleman qui aide une femme à marcher sur un terrain accidenté. Le geste m’a surpris, naturellement, et j’ai reculé en sursautant. Il a alors semblé blessé, et m’a demandé, «
 
Sommes-nous fiancés ou non
 
?
 
» Il était neuf heures du matin mais il était ivre, de toute évidence. Je lui ai dit de cesser de me suivre, ce qui m’a surpris tout autant que lui, car même si j’avais eu l’impression que quelqu’un m’espionnait ces derniers temps, c’était un sentiment diffus et je ne me l’étais pas formulé de la sorte jusqu’à présent. Mais à son expression coupable, j’ai compris qu’il m’avait suivi, et j’étais heureux d’avoir été ferme avec lui. Il m’a demandé de lui prêter un dollar, et j’ai refusé. Il a alors soulevé son haut-de-forme usé et poussiéreux, et s’est acheminé vers la sortie de l’hôtel, les pouces accrochés au revers de sa veste et la tête fièrement rejetée en arrière. Il est passé sous l’auvent et a fait un pas dans la rue. Dans la douce chaleur du soleil il a étiré les bras de plaisir, comme pour s’imbiber de lumière. Des chevaux tiraient un chargement d’ordures au sommet de la colline et Warm a sauté nonchalamment à l’arrière de la charrette, avec une telle agilité que le conducteur n’a rien remarqué. Warm ne manquait pas de prestance, je ne peux le nier
 
; pourtant il avait beaucoup moins bonne allure que la première fois que je l’avais vu, non seulement à cause de l’alcool mais aussi parce qu’il ne prend guère soin de lui d’une manière générale. Il sent affreusement mauvais. Je ne serais pas surpris s’il mourait avant que ces deux gars d’Oregon City n’arrivent pour le descendre.
    Â 
    Â 
    Â L’une des journées les plus étranges que j’aie passées depuis que je suis ici. Ce matin, Warm m’attendait à nouveau dans le hall. Je l’ai remarqué avant qu’il ne me voie, et j’ai eu le temps de constater qu’il avait bien meilleure allure. Ses habits étaient propres et reprisés, et il s’était lavé. Sa barbe était peignée, son visage récuré, et il ne ressemblait plus du tout à l’homme qui m’avait accosté hier. Lorsqu’il m’a vu au pied de l’escalier il a traversé le hall avec précipitation et m’a pris la main en me présentant ses plus sincères excuses pour sa conduite de la veille. Je les ai acceptées et il en a paru sincèrement touché, ce qui m’a touché à mon tour, ou qui m’a, du moins, interloqué, car j’avais sous les yeux un homme absolument différent de celui que je connaissais si bien. À ma grande surprise, il m’a demandé s’il pouvait m’inviter à déjeuner, et même si je n’avais pas faim, je me suis laissé tenter, curieux que j’étais d’apprendre ce qui était arrivé à cet individu la veille crasseux et déchu.
    Nous sommes allés dans un restaurant de son choix, un bouge sans charme dans une cabane brinquebalante, qui s’appelait The Black Skull, où le propriétaire, un homme édenté et puant, avec un cache-œil à carreaux noir et rouge, a chaleureusement accueilli Warm. Ce douteux personnage lui a demandé comment son travail progressait et Warm s’est contenté de répondre, «
 
Brillamment.
 
» Je n’ai pas compris grand-chose à cet échange, mais le propriétaire a éclaté de rire. Il nous a installés à une table au fond de la salle, protégée des regards par un rideau, et nous a apporté deux bols d’un ragoût insipide et une miche de pain à la limite du moisi au goût aigrelet. Nous n’avons jamais eu l’addition, et quand j’ai demandé à Warm

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