Les Frères Sisters
monsieur.
â Et il nâa pas laissé de message à notre attention  ?
â Non.
â A-t-il indiqué où il allait  ?
â à la rivière illuminée, mâa-t-il dit. Avec lâhomme à la barbe rousse, ils ont ri à ce sujet. Je ne sais pas pourquoi.
â Vous dites quâils riaient ensemble  ?
â Oui, en tout cas ils ont ri au même moment. Jâimagine quâils riaient pour la même chose. Jâai cherché la rivière sur une carte mais ne lâai pas trouvée.
â Et monsieur Morris ne semblait pas être sous la contrainte, comme si son départ était forcé, par exemple  ?
â Je ne crois pas.  »
Charlie réfléchit, et déclara, «  Cette amitié me semble bien étrange.
â à moi aussi, approuva la voix. Jâavais pensé au début que monsieur Morris nâaimait pas cet homme, puis tout à coup ils sont devenus inséparables et ont passé tout leur temps ensemble, enfermés dans la chambre où vous êtes.
â Ãtes-vous bien certaine quâil nâa laissé aucune instruction pour nous  ?
â Je crois que je le saurais, répondit-elle avec hauteur.
â Il nâa donc rien laissé derrière lui  ?
â Ce nâest pas ce que jâai dit.  »
Charlie regarda froidement lâentonnoir. «  Madame, dites-moi sâil vous plaît ce quâil a laissé.  »
Jâentendais la respiration de la femme. «  Un livre, dit-elle enfin.
â Quel genre de livre  ?
â Un cahier dans lequel il écrivait.
â Quâa-t-il écrit dans ce cahier  ?
â Je ne sais pas. Et même si je le savais, je ne vous le dirais pas.
â Des écrits personnels, câest ça  ?
â Tout à fait. Naturellement, dès que jâai compris de quoi il sâagissait, je lâai refermé.
â Et quâavez-vous appris  ?
â Quâil nâa pas eu beau temps quand il a commencé son voyage pour San Francisco. Mais jâen sais déjà trop. Je respecte la vie privée de mes pensionnaires.
â Oui.
â Mes pensionnaires peuvent compter sur mon absolue discrétion.
â Je vois. Permettez-moi de vous demander où se trouve ce cahier à présent.
â Il est avec moi, dans ma chambre.
â Jâaimerais beaucoup que vous nous le montriez.  »
Elle réfléchit un instant. «  Je ne pense pas que cela soit possible.
â Je vous dis que nous sommes ses amis.
â Dans ce cas, pourquoi nâa-t-il pas laissé de message à votre attention  ?
â Peut-être quâil a laissé le cahier pour nous.
â Il lâa oublié. Je lâai trouvé sous ses draps, au pied de son lit. Non, il était pressé de partir, et il sâest dépêché de rassembler ses affaires. Il ne cessait de regarder par-dessus son épaule. Si ça se trouve, câest vous quâil souhaitait éviter.
â Vous refusez donc de me montrer le cahier, câest bien ça  ?
â Je ferai ce que je dois faire pour ne pas trahir la confiance de mes hôtes.
â Très bien, dit Charlie. Pouvez-vous nous monter à déjeuner avec de la bière  ?
â Vous restez avec nous  ?
â Pour une nuit, au moins. Cette chambre fera très bien lâaffaire.
â Mais si monsieur Morris revient  ?
â Sâil est parti avec Warm, comme vous le dites, il ne reviendra pas.
â Mais sâil revient malgré tout  ?
â Eh bien, vous ferez un joli chiffre dâaffaires en champagne, car ce seront de joyeuses retrouvailles.
â Vous voulez un déjeuner chaud ou froid  ?
â Un déjeuner chaud, avec de la bière.
â Donc, deux déjeuners complets et chauds  ?
â Avec de la bière.  »
La femme raccrocha et Charlie retourna sâallonger sur le lit. Je lui demandai ce quâil pensait de la situation, et il répondit, «  Je ne sais quâen penser. Bien sûr, il va falloir que nous jetions un Åil à ce livre.
â Je ne crois pas que la femme nous le montrera.
â On verra ça  », dit-il.
Ouvrant une fenêtre, je
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